
Gladys Salmouth, Corporate Communications Manager (à gauche) et Herve Iro Mondouho, Enterprise Account Manager West Africa chez Kaspersky, ont présenté une menace cyber de plus en plus sophistiquée, ciblée et persistante en Côte d’Ivoire.
La conférence KNext Abidjan, organisée par Kaspersky le 11 juin 2025, avait pour objectif principal de présenter l’état des menaces cyber en Côte d’Ivoire et de proposer des solutions de cybersécurité aux responsables informatiques. L’initiative visait également à sensibiliser ces responsables à l’importance du renseignement (ou Threat intelligence) en matière de cybersécurité, compte tenu de l’augmentation prévue des cyberattaques à mesure que la Côte d’Ivoire se digitalise.
(CIO Mag) – La Côte d’Ivoire fait face à une explosion des menaces cyber, exacerbée par l’essor de l’intelligence artificielle (IA). Selon les analyses de Kaspersky présentées par Gladys Salmouth, Corporate Communications Manager, 20 millions de tentatives d’attaques tous vecteurs confondus, dont 7,5 millions liées à l’usage d’Internet, ont été enregistrées en 2024. Le pays a également été confronté à 550 000 attaques exploitant des failles logicielles, 60 000 tentatives de vol d’identifiants et 120 000 backdoors implantées à distance. De plus, 10 000 attaques à visée financière ciblant les applications bancaires et les services de paiement ont été recensées.
A l’instar de nombreux pays africains, ces attaques proviennent majoritairement d’Internet (clics sur de mauvais liens, visites de sites frauduleux), mais aussi d’e-mails clients et de clés USB infectées. Cette dernière est la troisième source de menaces identifiées sur les infrastructures critiques sur le continent.
De plus en plus, ces attaques touchent des environnements qui étaient auparavant moins concernés par la cybersécurité. Il s’agit notamment des systèmes de supervision industrielle, des réseaux de gestion d’énergie et d’eau, des processus automatisés de production et des interfaces d’exploitation connectées aux systèmes IT traditionnels.
La Threat intelligence ou renseignement sur les menaces cyber
Face à l’évolution des menaces, Hervé Iro Mondouho, Enterprise Account Manager West Africa chez Kaspersky,a souligné la nécessité d’utiliser des outils dotés de moteurs d’IA pour lutter contre les attaques. Aussi propose-t-il de recourir à la Threat Intelligence : un ensemble de données qui permettent d’anticiper les attaques. Hervé Iro Mondouho explique que, comme dans une guerre, celui qui possède la bonne information gagne. Il est donc crucial de s’équiper d’outils permettant d’infiltrer et d’obtenir des informations sur les groupes d’attaquants (notamment sur le dark web), renforçant ainsi la posture de sécurité des entreprises et des Etats.
Selon lui, les outils de renseignement peuvent également croiser les données de détection avec des sources OSINT (Open Source Intelligence), une source de renseignement ouverte. Cela permet aussi de générer des rapports pour comprendre l’origine de l’attaque et mettre en place des solutions préventives pour l’avenir.
Au-delà de la Threat Intelligence, Hervé Iro Mondouho a évoqué des outils, embarqués par l’IA, pour assurer une surveillance 24h/24 et 7j/7 ; automatiser certaines réponses face aux attaques ; et fournir des verdicts et des recommandations. Ces outils de cybersécurité peuvent également offrir une visibilité complète au niveau des périphériques (endpoints) et du réseau (messagerie, Internet), avec une corrélation des données entre ces différents points. Le tout, intégrant des systèmes de protection évolués.
Engagement sur la cybersécurité
Depuis sa création en 1997, Kaspersky a identifié plus de 1,9 milliard de menaces cyber. 4,9 milliards de cyberattaques ont été détectées et bloquées à travers le monde en 2024. Cela représente environ 467 000 fichiers malveillants par jour en 2024, une augmentation notable par rapport aux 411 000 fichiers malveillants par jour en 2023, a affirmé Gladys Salmouth.

Gladys a aussi souligné une série de collaborations, notamment celle visant la protection des Jeux Olympiques de Paris. Sur le continent africain, l’éditeur de solutions de cybersécurité a signé un protocole d’accord avec AFRIPOL, permettant déjà le démantèlement de réseaux de cyberattaquants, et un partenariat avec Smart Africa pour promouvoir la formation à la cybersécurité.
Du Narrow AI au General AI, vers un scénario de type “Terminator”
Hervé Iro Mondouho a également abordé l’impact croissant de l’intelligence artificielle, dont le marché est estimé à près de 1,3 trillion d’euros d’ici 2032. Actuellement, l’utilisation de l’IA est principalement au niveau de la “Narrow AI” (IA étroite), utilisée pour la génération de textes, d’images et la reconnaissance vocale. Cependant, l’expert de Kaspersky a mis en garde contre le “General AI” (IA générale) à venir, qui pourrait s’apparenter à un scénario de type Terminator. Selon lui, le General AI impliquera des outils capables d’apprendre, de comprendre et d’appliquer l’intelligence humaine sans instructions spécifiques, ce qui peut être effrayant.
En effet, des attaquants malveillants utilisent également ces outils pour générer rapidement des scripts et créer des “deepfakes”. Ces derniers permettent d’usurper l’image et même la voix de personnalités, conduisant à de nouveaux types d’attaques sur le marché, y compris celles menées par des “brouteurs”.
Si des menaces, telles que le deepfake et le phishing automatisés, étaient inexistantes il y a quelques années, poursuit-il, aujourd’hui ces menaces rendent la cybersécurité cruciale. D’où la nécessité de construire un écosystème numérique sûr et résilient.
Contribution des autorités ivoiriennes à la cybersécurité
En Côte d’Ivoire, le gouvernement a engagé des réformes majeures. Le cadre juridique et réglementaire concernant la protection des données personnelles et la lutte contre la cybercriminalité a été renforcé. Des institutions dédiées ont été créées, comme l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’Information (ANSSI), qui intègre le CI-CERT, la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC) et d’autres organes de sécurité.
Le gouvernement ivoirien travaille également au développement des capacités nationales en cybersécurité par la formation, la certification et le recrutement d’experts, ainsi que par la promotion d’une culture de cybersécurité au sein des administrations et des entreprises. Le partenariat public-privé étant déterminant pour renforcer les synergies entre l’État et les entreprises face aux menaces dynamiques, c’est à juste titre que les autorités ivoiriennes saluent les initiatives telles que la conférence Knext Abidjan.