Focus sur les pistes visant à rétablir l’égalité entre les genres dans le domaine des TIC en Afrique

« Encourager les filles à poursuivre un avenir dans les TIC afin de réduire la fracture numérique entre les sexes. »Tel est l’enjeu de la commémoration de la journée internationale des filles dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC), ce jeudi 27 avril. Mais au fond, elle soulève également la question de l’inégalité des genres au sein de ce secteur.

(Cio Mag) – La commémoration de la journée des filles dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) remet aussi en lumière le débat sur la disparité numérique entre les sexes et le faible nombre de filles dans les sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STIM) à l’échelle mondiale et continentale. Un coup de projecteur s’impose !

Au niveau international, selon les données de l’UNESCO, seulement environ 30% de toutes les étudiantes choisissent des domaines liés aux STEM dans l’enseignement supérieur. Ce pourcentage pourrait être encore plus bas en Afrique en raison de divers facteurs socio-économiques. Selon Marie-Laure Lepass, directrice Afrique centrale de LAfricaMobile, une plateforme de communication et de marketing mobile en Afrique, et fondatrice de Femm’in Tech, une initiative de formations digitales pour les filles et les femmes, l’inégalité entre les genres dans le secteur des technologies de l’information et de la communication sur le continent représente « la partie émergée de l’iceberg ».

Des préjugés sur les filières d’études

D’après elle, la principale cause sous-jacente de cette disparité réside dans « la gentrification des filières d’études, entraînant la gentrification des métiers techniques dans l’inconscient collectif en Afrique ». Depuis plusieurs décennies, des préjugés ont tendance à percevoir les sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM) comme un domaine exclusivement masculin, une discrimination qui impacte les filles ayant un intérêt pour ce secteur. Berthine Nyunga, titulaire d’un Master en mathématiques et intelligence artificielle et enseignante à l’African Institute for Mathematical Sciences (AIMS) au Cameroun, déplore que « les mathématiques soient à tort considérées comme une science complexe réservée aux génies masculins ». Elle explique que ces stéréotypes sont « largement répandus au sein de la communauté en raison d’un manque d’information adéquate » sur les STEM.

Analphabétisme et fracture numérique des genres

En effet, l’Afrique compte plus de 1,2 milliard d’habitants, dont la moitié a moins de 30 ans. Selon la Banque mondiale, seuls « 27% des femmes entrepreneures africaines exercent une activité liée à la technologie », non pas par manque d’intérêt, mais plutôt en raison d’un manque de soutien financier. Ce faible taux de représentativité s’accompagne de l’analphabétisme et de la disparité numérique entre les genres.

En 2019, au moins 210 millions de personnes étaient analphabètes en Afrique subsaharienne, dont 41% étaient des femmes et 27% des hommes, selon l’UNESCO. En 2021, seulement 24% des femmes avaient accès à internet, comparativement à 35% des hommes en Afrique. Malgré les importantes initiatives lancées par les États et le secteur privé, les inégalités évoquées précédemment indiquent clairement que l’Afrique a encore un long chemin à parcourir pour changer la donne.

« Tout commence par l’éducation »

Comment faire face à cette réalité préoccupante ? Hasina Razafindratandra, fondatrice et présidente-directrice générale de Code H™, une entreprise canadienne de conseil et de coaching axée sur la lutte contre le gaspillage humain, est catégorique : « Tout commence par l’éducation. » L’entrepreneuse d’origine malgache justifie son approche en soulignant que le système éducatif est le « vecteur de développement le plus puissant et l’un des meilleurs moyens de promouvoir l’égalité entre les genres ».

Ainsi, Hasina estime que des « mesures correctives pour rétablir l’égalité entre les genres dans les TIC doivent être mises en place en Afrique » afin d’accroître la représentation et la participation des femmes et des jeunes filles dans les métiers du numérique. Elle met également l’accent sur « le réseautage pour augmenter la présence des femmes dans l’écosystème numérique africain », soulignant, au passage, que « celles qui ont réussi à s’imposer dans l’économie numérique ont un rôle de modèles pour aider les autres à s’y projeter et à évolue ».

Du point de vue culturel, un changement de mentalité est également nécessaire, notamment par l’encouragement des filles à poursuivre leurs études et leurs carrières dans le secteur du numérique et de la technologie. Marie-Laure Lepas explique dans cet audio que « car elles ont les compétences et sont capables d’y arriver, autant que la gent masculine ».

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Enock Bulonza

Journaliste spécialisé dans les TIC et la santé. Passionné par les technologies émergentes. En tant que correspondant de Cio-Mag dans la région des Grands lacs africains, je suis chargé de couvrir les développements technologiques et de fournir des informations précises et pertinentes sur ces sujets.

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