Digital African Tour Burkina 2019 : blockchain et innovations, le Burkina va penser sa stratégie

(Cio Mag) – Au Burkina Faso, la blockchain ne connait pas encore d’essor fulgurant. Pour anticiper et encourager des solutions innovantes de confiance, le Digital African Tour 2019 a invité les participants à penser l’enjeu de cette technologie pour le Burkina. Il existe toutefois un début d’innovations basées sur cette technologie. C’est le cas par exemple de la traçabilité des flux financiers à destination du pays, une initiative portée par la Banque de développement allemande, la KFW.

« La blockchain est-elle une réelle innovation de rupture pour les administrations ? » La question a été débattue lors de la 4è édition du Digital African Tour Burkina. « Oui », ont répondu les panélistes. Zoure Hyacinthe, président de Blockchain Burkina pense qu’elle permet d’aller plus loin. Si la technologie est naissante, il s’est réjoui du fait que des Africains ont eu la chance de travailler sur des projets blockchain à l’international.

Selon ce spécialiste, l’innovation qu’apporte la blockchain réside dans la sécurisation des données. Cette sécurité est garante de la transparence, ce dont ont besoin les administrations. Georges Lollogo, Manager CIRT/ANSSI croit pour sa part que, « la blockchain, si elle est réellement mise en œuvre, va énormément apporter en matière d’efficacité dans les administrations ». La lenteur de traitement de certains dossiers, l’authenticité des actes émis sont autant de problèmes que la blockchain va aider à résoudre au Burkina. C’est pourquoi, M. Lallogo a invité le pays à scruter le murissement de cette technologie pour l’adopter dès que des solutions éprouvées seront sur le marché.

Ne pas attendre de préalables

Il n’y a pas de préalable pour adopter la blockchain, a martelé le Manager CIRT/ANSSI. Pour lui, il faut simplement définir des standards au fur et à mesure que la technologie avance. Y contribuer et ne pas attendre, c’est ce qu’il a recommandé au cours du panel. Zoure Hyacinthe va soutenir cette thèse. « Personne n’est jamais préparé, même les pays développés se mettent au pas », a-t-il déclaré.

Plusieurs pays d’Afrique expérimentent déjà cette technologie dans plusieurs domaines. Ngueti Armand Gaëtan, président du Government Blockchain Association en a cité plusieurs comme la Tanzanie dans la lutte contre les salariés fictifs, avec une économie de 195 millions de dollars ; l’Afrique du Sud avec la réserve centrale qui expérimente une monnaie électronique ; le Rwanda pour basculer les fichiers d’Etat sur la blockchain ; la carte des jeunes au Cameroun ; le Nigeria avec un projet pilote pour optimiser les revenus de la douane !

Faire tomber les barrières

Comme toutes nouvelles technologies, la blockchain rebute plus d’un. Lors du Digital African Tour Burkina 2019, les panélistes ont recommandé un usage de la blockchain pour régler des besoins réels afin de faire voir son utilité. Pour eux, ce sera à ce prix que les innovateurs s’y intéresseront davantage et les usagers rassurés.

Le secteur de la monnaie est le secteur le plus sensible à l’utilisation de la blockchain. Si dans les transactions, la blockchain arrive à éliminer les tiers de confiance, comme l’a souligné Zouré Hyacinthe, président de blockchain Burkina, Ngueti Armand Gaëtan a appelé a pensé aux banques centrales qui se sentent menacées. De ce fait, il a insisté sur la nécessité d’amener les banques centrales à entamer en leur sein des réflexions sur les usages de cette technologie.

Quid de l’énergie et de la destruction d’emplois

L’un des arguments que l’on oppose au développement de la blockchain en Afrique, c’est la disponibilité de l’énergie. Les technologies blockchain sont réputées énergivores. Cependant, les panélistes ont appelé à choisir les technologies à algorithme de consensus les plus utiles et efficaces. En ce qui concerne la destruction des emplois, Ngueti Armand Gaëtan, président du Government Blockchain Association a rappelé que toutes les grandes innovations sont destructrices d’emplois. « Je pense que la question n’est pas au niveau de la destruction des emplois, mais de savoir à quel niveau sommes-nous préparés pour le changer et comment anticiper », a-t-il soutenu.

Si la blockchain est une technologie d’innovation, il faut nuancer, elle ne vient pas régler tous les problèmes que les autres technologies ne pouvaient pas régler. Zouré Hyacinthe, président de blockchain Burkina, a appelé à être transparent comme la blockchain elle-même lorsqu’elle est proposée pour adresser un besoin. « Il faut savoir être honnête, ne pas perdre le temps, être capable de le dire, lorsqu’un projet ne peut pas être porté par la technologie blockchain », a conclu Zouré Hyacinthe.

Souleyman Tobias, au Digital African Tour Burkina 2019

Souleyman Tobias

Journaliste multimédia. L’Opendata, la transformation digitale et la cybersécurité retiennent particulièrement mon attention. Je suis correspondant de Cio mag au Togo.

View All Posts

Pin It on Pinterest