La 13ᵉ édition des Assises de la transformation digitale en Afrique, organisée à Abidjan en novembre 2024, reste un événement majeur. Quelques mois après cette grande rencontre technologique sur le continent, SAP, leader mondial des applications et de l’IA d’entreprise, revient sur sa participation et sa vision de l’alliance entre le Cloud et l’Intelligence Artificielle en Afrique. Elodie Franco-Ritz, directrice des affaires gouvernementales pour la France et l’Afrique francophone chez SAP, a accordé une interview à Cio-Mag. Lors de cet entretien, elle a salué l’importance stratégique de l’alliance entre le Cloud et l’IA, la qualifiant de moteur essentiel pour propulser la transformation numérique en Afrique. Ci-dessous la substance de notre échange.
Cio-Mag : Quel bilan faites-vous de votre participation à la 13ᵉ édition des Assises de la transformation digitale en Afrique, organisée à Abidjan en novembre dernier ?
Elodie Franco-Ritz : Notre participation à la 13e édition des Assises de la transformation digitale en Afrique à Abidjan s’est révélée particulièrement enrichissante. Cet événement nous a offert une plateforme unique pour échanger avec les acteurs clés de la transformation numérique sur le continent, notamment dans les pays francophones. Décideurs politiques, chefs d’entreprise et experts ont partagé leurs enjeux et feuilles de route, nous permettant de renforcer notre compréhension du marché et de démontrer comment nos solutions, basées sur le cloud et l’IA, peuvent accélérer la digitalisation des organisations africaines.
Au-delà de la simple transformation technologique, nous avons pu mettre en avant le rôle de nos solutions en tant que catalyseurs de croissance économique, de développement et de compétitivité. Notre présence à cet événement souligne notre engagement continu envers la promotion du numérique en Afrique. Nous sommes convaincus que la transformation numérique est un levier puissant pour le développement économique et social, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles opportunités et à une croissance durable, respectueuse de l’environnement.
Avec la population la plus jeune au monde, le continent regorge de futurs talents, natifs du numérique, porteurs d’innovation et prêts à relever les défis technologiques de demain.
En revenant sur les discussions autour de l’alliance Cloud et de l’IA lors de cette 13ᵉ édition des Assises, quelle est la vision de SAP sur l’avenir de l’intelligence artificielle en Afrique ?
L’avenir de l’IA en Afrique s’annonce prometteur et porteur de transformations profondes. Comme l’a indiqué M. Emmanuel Lempert, vice-président, responsable des affaires gouvernementales pour l’Afrique, le Moyen-Orient et la France de SAP, l’Afrique dispose d’un atout majeur : sa jeunesse. Avec la population la plus jeune au monde, le continent regorge de futurs talents, natifs du numérique, porteurs d’innovation et prêts à relever les défis technologiques de demain. Cette génération dynamique sera le moteur du développement de l’IA « made in Africa ». De plus, le volume de données générées en Afrique double chaque année, offrant ainsi une base solide pour le développement de nombreux cas d’usage adaptés aux besoins spécifiques du continent.
Selon SAP, l’IA pourrait avoir un impact significatif sur plusieurs secteurs clés. Par exemple, dans le domaine de l’agriculture, l’IA peut améliorer la gestion des récoltes et réduire les pertes. En Ouganda, les solutions SAP ont aidé 80 000 petits agriculteurs à augmenter leur production de 40 % et à réduire leurs pertes de 30 %. Outre l’agritech, l’IA pourra avoir un impact important dans le domaine de la santé, de l’éducation et de la fintech, avec à la clé, de nombreux emplois créés.
L’IA pourra également jouer un rôle majeur pour améliorer les interactions entre les citoyens et leurs gouvernements, ainsi que dans les organisations publiques, pour faciliter le travail des agents. Pour maximiser le potentiel de l’IA en Afrique, il sera néanmoins crucial d’investir dans les infrastructures et les centres de données, ainsi que dans la formation et la recherche. Il faudra également tenir compte des aspects environnementaux et développer une IA frugale qui puisse offrir des opportunités de transformation positive, permettant au continent de relever ses défis de manière innovante. Enfin, la coopération régionale entre les pays africains est également très importante pour harmoniser les cadres réglementaires et partager les meilleures pratiques, renforçant ainsi la capacité collective de l’Afrique.
Le Cloud offre une infrastructure flexible et évolutive
En tant qu’acteur clé dans la transformation digitale, comment SAP perçoit-il l’alliance entre le Cloud et l’IA ?
SAP perçoit l’alliance entre le Cloud et l’IA comme un catalyseur majeur de l’accélération de la transformation numérique en Afrique. Le Cloud offre une infrastructure flexible et évolutive, permettant une maîtrise des coûts et une puissance de calcul adaptée au déploiement de solutions d’IA. Cette combinaison ouvre des possibilités inédites d’automatisation et d’optimisation des processus, ce qui est particulièrement bénéfique pour les organisations publiques et privées en Afrique.
L’offre RISE with SAP, qui propose un ERP cloud piloté par l’IA, agrège les meilleures solutions pour bâtir une économie intelligente et durable. Le Cloud réduit les coûts, encourage le développement de solutions sur mesure et facilite les démarches expérimentales, permettant ainsi à des organisations de toute taille d’innover en limitant le risque financier. Sa capacité à ajuster rapidement les ressources informatiques aux besoins réels est essentielle pour répondre aux pics de demande et aux évolutions du marché.
Les administrations publiques peuvent pleinement bénéficier de cette alliance, qui facilite la collaboration entre agents et améliore la qualité des services rendus aux usagers. Les systèmes fondés sur l’IA peuvent analyser les données publiques pour détecter les fraudes et optimiser les dépenses. L’analyse des données permet d’améliorer la gestion des transports, de l’énergie et des déchets dans des villes africaines en pleine croissance.
Le défi majeur, à l’heure actuelle, réside dans la pénurie de données reflétant fidèlement les réalités africaines.
Votre collègue M. Youssef Aqallal avait participé à un panel consacré à l’IA et à la tropicalisation des cas d’usage. Pourriez-vous partager avec nous les principaux enseignements de son intervention ?
L’IA repose fondamentalement sur les données. Le défi majeur, à l’heure actuelle, réside dans la pénurie de données reflétant fidèlement les réalités africaines. Il est donc impératif d’investir massivement dans la collecte, l’organisation et l’analyse de données locales, couvrant un large spectre : langues, conditions climatiques, pratiques commerciales, comportements des consommateurs, etc.
Par ailleurs, les solutions d’IA doivent être conçues en tenant compte des contraintes infrastructurelles propres au continent africain, notamment en matière de connectivité et de capacités de calcul. Dans ce contexte, il convient de privilégier des approches telles que l’IA edge computing ou frugale, capables de fonctionner efficacement dans des environnements aux ressources limitées.
Un autre aspect crucial est le développement des compétences locales en IA. Former des talents africains dans ce domaine est essentiel pour garantir une meilleure compréhension et une adaptation plus fine des technologies aux besoins locaux. Cette approche holistique, combinant données pertinentes, technologies adaptées et expertise locale, est la clé pour développer des solutions d’IA véritablement efficaces et pertinentes pour le continent africain.
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