En Afrique, les nouvelles technologies réinventent les systèmes éducatifs

  • Par CIO MAG
  • 9 novembre 2021
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Avec 420 millions de jeunes âgés de 15 à 35 ans, l’Afrique est un continent jeune. Si cette jeunesse constitue un avantage certain sur lequel peut miser le continent africain pour sa croissance, elle constitue également un défi majeur en terme d’éducation et de formation. Pour de nombreux acteurs du secteur, les nouvelles technologies constituent une réponse adéquate à ce nouveau contexte démographique et social.

En Afrique, comme dans le reste du monde, la crise sanitaire a renforcé le recours aux nouvelles technologies dans tous les secteurs, en particulier dans le secteur éducatif, où les acteurs ont dû s’adapter aux mesures de confinement mises en place en intégrant de nouveaux outils numériques permettant un accès aux enseignements à distance. Ce fut notamment le cas au Bénin où les enseignants ont eu recours aux DVD pour assurer le soutien des élèves livrés à eux-mêmes. Une cinquantaine de modules ont été tournés, gravés et distribués gratuitement sur le territoire béninois. Par la suite, des tablettes numériques contenant le programme scolaire ont été commercialisées. Au Burkina-Faso, une plateforme pédagogique éducative a mis à disposition de nombreux contenus et supports pour les enseignants, élèves et parents. Aujourd’hui, l’enjeu est de transformer l’essai en intégrant durablement ces outils dans la pratique de l’enseignement en Afrique.

Si depuis le forum mondial de l’éducation de Dakar de 2000 des progrès considérables ont été accomplis, le continent africain a encore de nombreux à défis à relever : (i) les dernières données de l’Institut statistique de l’UNESCO estiment que 60 millions d’enfants ne sont pas scolarisés en Afrique subsaharienne, (ii) l’accès et la poursuite des études dans le cycle secondaire sont encore problématiques, (iii) la formation professionnelle est quasiment inexistante et (iv) la proportion d’enseignants bien formés est en constante chute.

Notre époque connaît un changement fondamental grâce au numérique. Dans le secteur éducatif, les bénéfices apportés par les nouvelles technologies sont nombreux. Ils contribuent notamment :

– à améliorer la qualité des enseignements en rendant le processus d’enseignement-apprentissage plus motivant ;

– à créer des communautés éducatives pour partager les enseignements qui améliorent la progression des étudiants ; et

– à diffuser des enseignements à distance de manière immédiate, efficace et rapide au plus grand nombre.

Les pays africains peuvent tirer un avantage certain de ces outils en réinventant leurs systèmes éducatifs.

En tout état de cause, ce renouvellement de l’écosystème éducatif africain ne saurait se faire sans la coopération des acteurs publics et privés qui doivent agir de concert pour apporter les réponses idoines aux différents défis auxquels fait face le continent. Ainsi, à l’occasion de sa 10ème conférence annuelle qui s’est tenue le 29 septembre dernier, l’African Business Lawyers’ Club (ABLC) a réuni autour de deux tables rondes des experts reconnus du secteur afin d’échanger sur une problématique majeure : celle du numérique comme levier pour l’éducation et la croissance en Afrique. L’objectif était double : d’une part, analyser dans quelle mesure l’intégration du numérique peut-elle permettre une amélioration des systèmes éducatifs africains, et d’autre part, examiner dans quelle mesure les nouvelles technologies peuvent-elles être vecteurs de croissance en Afrique. Les intervenants se sont accordés sur un point : les nouvelles technologies sont et doivent être un pilier de l’éducation, et par ricochet, de la croissance en Afrique. Certes, elles ne peuvent à elles-seules résoudre l’ensemble des problèmes auxquels fait face les systèmes éducatifs africains, mais elles permettent de répondre de

manière adéquate aux problématiques de diffusion à distance avec l’éloignement des populations rurales, de massification et même de qualité des enseignements.

Le numérique a fait une percée fulgurante dans le quotidien des jeunes africains avec la crise de la Covid-19. Toutefois, cet outil n’est pas la solution la plus simple à mettre en œuvre eu égard aux difficultés d’accès à la data. Par ailleurs, l’Afrique doit certes miser sur sa jeunesse mais sur une jeunesse bien formée. L’appui des pouvoirs publics est dès lors crucial. Pour l’instant, les budgets alloués à l’éducation sont bas et concentrés sur l’éducation primaire. Plus d’efforts doivent dès lors être consacrés à la qualité de l’éducation secondaire, supérieur et à la formation professionnelle.

La réinvention des systèmes éducatifs aujourd’hui à l’agonie est donc nécessaire et passera sans aucun doute par l’intégration de ces nouveaux outils numériques dans l’écosystème éducatif africain. Cependant, il est important de souligner que le numérique ne pourra être inclusif qu’à la condition qu’un accès à l’électricité et à internet soit assuré, de façon pérenne, aux populations locales.

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Signée par :

  • Stéphanie MANGUELE, Avocate au Barreau de Paris, Thiam & Associés
  • Rose NGALAKO, Avocat au Barreau de Paris, DWF (France) AARPI
  • Christian TOUH, Juriste Fiscaliste – DRFIP Ile-de-France
  • Adnane Ben Halima, Vice-Président en charge des relations publiques pour la région Méditerranée de Huawei Northern Africa

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