
Bien que la fracture numérique demeure importante, la République démocratique du Congo intensifie ses efforts pour faire du numérique un véritable moteur de développement. Après la mise en place de son Plan national du numérique, l’adoption du Code du numérique et la ratification de divers instruments juridiques relatifs aux technologies, le pays entend désormais miser sur l’intelligence artificielle afin de favoriser l’inclusion et de moderniser son système éducatif.
(Cio Mag) – À Paris en France, lors de la semaine de l’apprentissage numérique 2025 organisée au siège de l’UNESCO, la ministre de l’enseignement supérieur, universitaire, recherche scientifique et Innovation, Professeure Marie-Thérèse Sombo, a clairement affiché les ambitions de la RDC de « faire du pays, d’ici 2035, un précurseur africain en matière d’intelligence artificielle ».
Lors de la session ministérielle, elle a insisté sur cette vision qui place l’IA au cœur d’une stratégie « qui mise sur la formation, l’entrepreneuriatet l’employabilité des jeunes chercheurs et ingénieurs, avec l’objectif de transformer l’éducation en véritable moteur de développement et d’innovation ».
Vaste pays situé au cœur de l’Afrique, la République démocratique du Congo doit encore parcourir un long chemin pour réduire la fracture numérique. Aujourd’hui, moins de 35 % de la population a accès à l’internet mobile, tandis que le taux de pénétration de la téléphonie mobile reste inférieur à 65 %, selon l’Agence de régulation des postes et télécommunications. Malgré ce constat, la RDC affiche, depuis 2019, une réelle volonté de rattraper son retard.
La stratégie nationale de l’IA
Plusieurs initiatives ont été lancées par les autorités congolaises afin d’accélérer l’inclusion numérique et d’ancrer le pays dans la dynamique technologique mondiale. Parmi lesquelles la stratégie nationale pour l’adoption de l’IA qui est en pleine élaboration. A en croire la ministre, la stratégie congolaise repose sur trois piliers majeurs, notamment « faire de l’IA un levier d’inclusion et de souveraineté éducative ; positionner la RDC comme leader régional dans le domaine de l’IA et des infrastructures numériques durables et développer un pôle de données éthique et d’innovation, capable d’accompagner la transformation de la société congolaise ».
Selon les sources officielles, c’est depuis 2022 que le pays élabore sa stratégie nationale pour l’adoption de l’IA. Selon une récente dépêche de l’Agence Congolaise de Presse, les experts se penchent actuellement sur les défis que représente pour la RDC l’intégration éthique de cette technologie et la nécessité d’évaluer avec précision sa position économique et industrielle.

La correction de l’examen d’état par l’IA
Loin d’être un simple discours, les ambitions mises en avant par la ministre se traduisent déjà par des actions concrètes. On se souviendra notamment que la correction de l’examen d’État a été accélérée grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle.
Cette démarche reposait sur l’emploi d’équipements de pointe, notamment des ordinateurs dotés d’un nouveau logiciel appelé « Snote Manager », qui intègre l’intelligence artificielle dans le traitement des questions et réduit significativement l’intervention humaine, limitant ainsi les risques d’erreurs liées au facteur humain. Grâce à cette innovation technologique, les résultats de cet examen, qui valide la fin des études secondaires avant l’entrée à l’université, ont été publiés en un temps record. Ce qui marque d’ailleurs une étape historique dans un pays où la publication de ces résultats prenait habituellement plusieurs mois depuis des décennies.
Une plateforme basée sur la blockchain
Une autre avancée notable dans le secteur éducatif est le lancement de la plateforme numérique « e-Diplôme », basée sur la technologie blockchain. Grâce à cet outil, les autorités congolaises entament la dématérialisation de l’émission des diplômes d’État, tout en en assurant l’authenticité et la traçabilité. Grâce « e-Diplôme », chacun pourra ainsi vérifier en temps réel la validité des titres délivrés sur le territoire national.
A lire: RDC : état des lieux de la réglementation et de la politique de cybersécurité