(CIO Mag) – Les activités de cyberespionnage massif qui ont visé le siège de l’Union Africaine entre 2012 et 2017 pouvaient être évitées. C’est en substance ce que pense Mohamet Tidiane Seck (photo). L’ancien directeur général de l’Agence de l’informatique de l’Etat du Sénégal (ADIE) estime que le bâtiment construit par la Chine devait être inspecté tout comme le matériel informatique “offert clé en main” à l’organisation communautaire. “Les gens qui s’occupent de sécurité savent bien qu’il y a un problème qui touche quasiment tous les pays en développement qui n’ont pas de moyens, qui n’ont pas encore mis en place complètement des stratégies nationales de cyber sécurité. Il faut vérifier ce qui a été installé”, conseille le directeur associé au cabinet Performance Group qui a rédigé la stratégie sénégalaise de cybersécurité. Interrogé sur RFM, il va même plus loin : “Lorsque des pays développés donnent du matériel à l’armée, à la police ou encore à la gendarmerie, ces dons-là, il faut définitivement les refuser”. Pour celui qui se dit convaincu que les pays africains doivent acheter leur propre matériel, les administrations du continent gagneraient à être extrêmement vigilantes surtout en ce qui concerne des caméras de surveillance, des ordinateurs et des serveurs.
A ce jour, l’affaire qui a été ébruitée par Le Monde Afrique n’ a pas encore été commentée par Pékin, ni par sa délégation au sein de l’Union Africaine. Tout est parti de la détermination d’un informaticien employé à la petite cellule informatique de l’UA à percer le mystère qui se jouait autour des serveurs “étrangement saturés entre minuit et 2 heures du matin”. “Les bureaux étaient vides, l’activité en sommeil, mais les transferts de données atteignaient des sommets”, a révélé Le Monde Afrique vendredi dernier. Le journal conclut que les secrets de l’organisation communautaire atterrissaient chaque nuit à 8.000 kilomètres de l’Ethiopie dans une grande mégapole qui se nomme Shanghai. Nos confrères qui citent plusieurs sources à l’UA soutiennent que les données finissaient dans des serveurs chinois dont les contenus jugés sensibles ont été bel et bien espionnés d’après les mêmes informateurs. Suite à la découverte de cette sale besogne, l’organisation communautaire a dû apporter des changements dans le système de sécurité. De nouvelles mesures prises lors du 29e sommet en juillet dernier avec des lignes téléphoniques étrangères et de nouvelles applications pour en finir avec ces micros “placés sous les bureaux et dans les murs”.