Epitech Bénin, 5 années à « casser les codes » de la pédagogie et de la formation en informatique

Célébration des cinq années d’existence d’Eptech Bénin

Vendredi 23 février 2024 à Cotonou. Retour sur cinq années de challenge quotidien pour l’équipe d’Epitech Bénin, à relever le défi de l’excellence en informatique à travers une pédagogie centrée sur l’apprenant. Cette célébration s’est transformée en une série de témoignages et de perspectives encourageantes.

(Cio Mag) – En France où elle existe depuis 25 ans, Epitech développe une pédagogie unique, sans cours magistraux et sans révisions. Les cursus des étudiants s’articulent autour des projets qui leur permettent d’apprendre en faisant, en testant et en se trompant seul ou en groupe. Cette pédagogie active et inclusive se définit par la formule « apprendre à apprendre. » Elle fait des étudiants des acteurs de leur formation et leur permet d’acquérir des soft skills, savoir-faire et savoir-être pour construire un parcours professionnel prometteur.

« En 2004, un jeune béninois se rend en France pour aller découvrir une école qui va révolutionner sa vie et sa manière d’apprendre. Une école qui transforme sa passion pour l’informatique en expertise mondialement reconnue. Une école pas comme les autres. Vous l’aurez deviné : cette école, c’est Epitech. Et ce jeune homme, c’est Ouanilo Medegan Fagla. Son rêve, ramener Epitech dans son pays natal pour que ses compatriotes puissent bénéficier de la même formation révolutionnaire qu’il a reçue lui-même à Paris », raconte Johanne Bruffaerts, directrice générale d’Epitech Bénin.

Le rêve de 2004 est devenu réalité en 2016. « J’avais eu le temps, de par mon parcours et les opportunités qui m’ont été offertes au sein de l’organisation à Epitech, de comprendre le fonctionnement et les besoins. Finalement, il s’est agi d’un alignement des étoiles : une vision gouvernementale du Bénin qui était là au bon moment quand le projet était mûr dans nos esprits », témoigne Ouanilo Medegan Fagla.

Claude Borna, directrice de l’agence de développement de Sèmè City, précise : « On voulait être sûr que le projet avait toutes les chances d’être validé par la commission indépendante. C’est vrai que le processus a été plutôt long et que Ouanilo et son équipe ont été très patients, ont suivi toutes les étapes et ont répondu de manière très satisfaisante. »

Après cette étape, « lorsqu’on nous a proposé d’ouvrir un campus d’Epitech au Bénin, on a évidemment accueilli la nouvelle avec beaucoup de plaisir d’une part parce que c’est un projet porté par un ancien de l’école mais aussi parce qu’il y avait une garantie que cette école allait pouvoir être développée dans le cadre et le modèle pédagogique qu’Epitech définit », assure Gildas Vinson, Directeur général d’Epitech France.

« Former des brillants esprits de la technologie »

A partir de ce moment, Ouanilo Medegan Fagla et ses équipes voulaient « changer le narratif sur le continent africain, à commencer par le Bénin et prouver que nous-aussi nous sommes capables de former des brillants esprits de la technologie. » La vision a reçu l’accompagnement de l’agence de développement de Sèmè City qui a incubé Epitech à ses débuts. De 21 étudiants et une équipe de 5 personnes en 2016, Epitech Bénin est passée en 5 ans à plus de 700 étudiants (dont 126 étudiantes), plus de 170 bourses octroyées. Des étudiants venant de plus de 10 différentes nationalités, avec de 95 % d’insertion professionnelle après 6 mois et de 150 partenariats avec des entreprises locales.

Des chiffres obtenus grâce au sérieux de l’école. « Si on m’avait dit que Epitech était Epitech, je n’allais pas m’inscrire », affirme Rawdath Demba Diallo, quadruple championne d’Afrique de Roller et étudiante à Epitech. Comme elle, tous les étudiants interrogés dans le cadre du mini documentaire « l’Art de Casser les Codes » projeté à l’occasion de la cérémonie de célébration des 5 ans, n’ont pas caché leur « remise en cause » à l’entame du cursus Epitech.

« Arrivé à un moment, je demandais à mes parents si je suis la Rawdath intelligente, brillante et championne d’Afrique. C’était très dur pour moi », rapporte la quadruple championne d’Afrique de Roller. Cette difficulté, la plupart des étudiants confessent l’avoir ressentie dès l’étape de la piscine où même les meilleurs au baccalauréat en arrivent à douter de leurs compétences. Mais grâce à la « planification, la volonté et le dépassement de soi », Rawdath a pu « trouver du temps pour ses études et ses entraînements » et surmonter les difficultés.

Autres témoignages recueillis pêle-mêle : « il arrive régulièrement qu’on dorme en salle machine », « j’ai lamentablement échoué à la piscine », « tous ceux qui viennent avec enthousiasme sont vite désillusionnés. » Devenu aujourd’hui référent du pôle innovation et entrepreneuriat à Epitech Bénin après avoir fait ce cursus, Brad Kpoahoun pense que « Epitech a été un déclic [pour lui]. La pédagogie par projets a été une innovation pour moi. Epitech a rajouté en moi, un esprit de détermination que je n’avais pas. »

Conquérir l’Afrique avec la pédagogie Epitech

Arriver à surmonter les défis a laissé place aux succès. Brad Kpoahoun le confesse : « Ouanilo nous a toujours dit qu’après avoir fait ce cursus, la vie en entreprise sera comme des vacances pour nous. » Et c’est avec aisance que la quasi-totalité des étudiants formés à Epitech Bénin sont professionnellement insérés. Non seulement ça, ils reçoivent de bons témoignages pour leurs performances au-delà du commun.

« Ces cinq années au Bénin sont le fruit d’une collaboration active et permanente avec les acteurs de l’écosystème numérique béninois et sous-régional. Nous sommes fiers d’avoir contribué à la formation de profils innovants qui mettent leurs compétences au service de la transformation numérique de l’Afrique. Nous sommes impatients de poursuivre sur cette lancée et de former davantage de talents pour les défis technologiques de demain », peut se réjouir Johanne Bruffaerts, Directrice Générale d’Epitech Bénin.

Régis Tade est le Directeur des programmes innovants et entrepreneuriat de Sèmè City. Pour lui, « ce que bâtit Sèmè City, c’est la matérialisation d’un rêve des pères de l’indépendance. Les jeunes ne reçoivent pas seulement une formation mais une éducation. Ils vivent une expérience humaine. J’ai vu la transformation de ma fille sur tous les domaines de sa vie après avoir fait le parcours Epitech et c’est impressionnant. »

Arrivé spécialement au Bénin dans le cadre de cette célébration, Jean-Fabrice Bardeche, Vice-président directeur général du groupe Ionis, n’a pas caché son admiration pour « ce qui a été fait en si peu de temps. C’est une gageure et ce qui se passe va au-delà de ce qui était espéré. Que Epitech Bénin réussisse. » « Au Bénin, poursuit le promoteur Ouanilo Medegan Fagla, il y a une telle profusion de matières grises. 5 ans, ce n’est pas encore grande chose. L’image que le Bénin dégage nous a déblayé le chemin. Beaucoup de pays veulent s’inspirer de ce que nous faisons au Bénin. »

S’installer au Bénin n’est que le point de départ d’une conquête de l’Afrique. Pour sa prochaine destination, Epitech compte s’implanter en Côte d’Ivoire avec le soutien de la GIZ. Et d’ici à 2030, Epitech Bénin voudrait atteindre plus de 50% d’étudiants bénéficiaires de prêts étudiants ou de bourses pour accéder à cette formation d’excellence.

Michaël Tchokpodo

Michaël Tchokpodo est journaliste communiquant, grand observateur des mutations relatives aux technologies numériques et au développement durable. Correspondant au Bénin pour CIO Mag.

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