Gabon : la cybersécurité au cœur de l’élection présidentielle 2023

  • Par CIO MAG
  • 15 mars 2023
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Une tribune de Didier Simba, président du CESIA

D’après le baromètre de la cybersécurité en Afrique, publié chaque année par le CESIA – Club d’Experts de la sécurité de l’information en Afrique-, c’est encore une (1) entreprise et/ou organisme étatique sur 2 qui est victime d’une cyberattaque en 2022. Les professionnels de la cybersécurité en Afrique soulignent les dangers en ligne et notamment la négligence des réseaux sociaux dans la lutte contre la désinformation. Alors qu’approchent les élections présidentielles 2023 au Gabon, la cybersécurité doit entrer dans les débats, et interpeler les futurs électeurs, les candidats et la commission en charge de l’organisation de ces élections.

La diffusion de fausses informations, ou « fake news », relèvent, en partie, d’ingérences numériques étrangères et de cybercriminels qui cherchent à manipuler les opinions, à encourager à la violence, à la haine ou encore à déstabiliser la vie démocratique. En parallèle, le recours aux cyberattaques est également constaté pour des fins similaires : sabotage des systèmes numérique, déni de service, espionnage, etc.

De ce fait, les défis à relever pour les élections présidentielles de 2023 sont clairs : comment garantir son bon déroulement et comment se prémunir des fuites de données personnelles et de la propagation de « fake news » afin de garantir une élection « apaisée » telle que souhaité par le chef de l’État.

La désinformation ou « fake news » : la menace la plus importante

Les dernières élections américaines de 2020 ont démontré que la diffusion de fausses informations en ligne n’est pas à prendre à la légère. En effet, une minorité d’électeurs avait ainsi été convaincue que le scrutin était frauduleux, et s’était emparée du Capitole pour tenter de bloquer la certification des résultats du vote et la victoire de Joe Biden.

Selon une étude sur les médias en France, 63 % des Français déclaraient avoir été exposés à des fake news plus d’une fois par mois en 2020.

En 2016, le Gabon a battu le record en matière de désinformation favorisée par le taux de pénétration d’Internet et les réseaux sociaux mais aussi le « deepfakes ». Cette dernière pratique, permet aux cybercriminels de modifier des fichiers audio ou vidéo grâce à l’intelligence artificielle pour transformer par exemple un discours. Il est donc possible d’utiliser l’image d’une personne publique pour passer des messages qui impacteraient la sécurité nationale ou la stabilité du pays.

Ces attaques devraient se multiplier car des outils gratuits et faciles d’utilisation sont désormais disponibles en ligne.

En outre, il devient de plus en plus difficile de juger de la véracité ou non d’un fichier du fait des innovations techniques. D’autre part, la viralité des réseaux sociaux et les nouvelles activités « d’influenceurs » devraient faciliter, accélérer et agrandir cette menace.

Il est donc primordial de considérer les effets potentiels de ce phénomène sur l’opinion publique, la polarisation politique et, finalement, le processus démocratique durant les élections présidentielles 2023 dans notre pays le Gabon.

La protection de la commission en charge d’organiser les élections.

Afin de garantir la fiabilité du processus électorale au Gabon, la cybersécurité doit être une préoccupation pour tous les acteurs impliqués dans l’élection présidentielle. Tout d’abord, la sensibilisation aux dangers en ligne est primordiale. Afin d’assurer des connaissances et bonnes pratiques en matière de sécurité, durant une élection présidentielle, des formations doivent être mises en place pour toutes les parties prenantes. Pour une protection optimale, l’authentification à double facteur doit être activée pour protéger les comptes des candidats, et des membres de son équipe, sur les réseaux sociaux. Par conséquent, un budget consacré au numérique est fortement conseillé pour les équipes électorales. Des experts informatiques seront en effet à même de déterminer les meilleures mesures à déployer (chiffrement, authentification forte) et outils de communications sécurisées (courriel, messagerie instantanée), pour assurer au mieux la protection des données. Des stratégies de prévention et de réponse aux cyberattaques sont par ailleurs nécessaires pour réagir rapidement et efficacement en cas d’intrusion.

D’autres menaces non négligeables : le sabotage des systèmes numérique ou l’espionnage

Le conflit que nous vivons actuellement entre l’Ukraine et la Russie nous a démontré que la déstabilisation d’un pays ne se fait pas que par les armes. Il s’est déplacé sur l’espace numérique.

Le sabotage numérique :

Qui s’apparente à une « panne informatique » consiste à rendre inopérant tout ou partie d’un système informatique. Pour y parvenir, les moyens d’attaques sont d’autant plus nombreux que les organisations ne sont pas toujours préparées à faire face à des actes de malveillance. Les conséquences peuvent être catastrophique à l’échelle d’un pays : impact sur l’image d’un candidat et donc remise en question de la crédibilité de l’élection, un impact financier non négligeable si le dispositif ciblé devrait être reconstruit, etc.

L’espionnage :

D’après le “Baromètre de la cybersécurité en Afrique” publié par le CESIA – Club d’Experts de la sécurité de l’information en Afrique-, en 2022, une (1) entreprise/organisme de l’état sur deux (2) a été la cible d’une cyberattaque. Au nombre de ces attaques de plus en plus sophistiquées, l’espionnage est privilégié pour les organismes étatiques.

Il s’agit d’infiltrer un système informatique avec pour objectif de maintenir discrètement son accès le plus longtemps possible afin de capter l’information stratégique en temps voulu. En période électorale au Gabon, les conséquences sont une fois de plus catastrophique en cas d’espionnages d’un candidat ou du pouvoir en place.

Dans la très grande majorité des cas, le point de départ d’une cyberattaque serait un lien à cliquer reçu par courriel ou en message (SMS, WhatsApp, etc.), on parle de « phishing » ou « hameçonnage ». Il suffit alors de cliquer pour permettre au cybercriminel de déployer son dispositif : Un programme de sensibilisation efficace pour toute les parties prenantes à la prochaine élection présidentielle au Gabon serait un bon point de départ.

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