A l’occasion de la journée mondiale de la femme, mardi 8 mars 2017, CIO MAG a décidé de mettre à l’honneur les femmes de l’écosystème numérique africain : ministres en charge de l’économie numérique, dirigeantes de grandes entreprises et entrepreneuses innovantes. Voici le portrait de Habsatou Nadja Kalkaba.
(CIO Mag) – Cette camerounaise est lauréate du programme « Techwomen 2016 Seed Grant Award » du département d’Etat américain. Cadre de Camtel (la Cameroon Télécommunications, opérateur historique des télécommunications au Cameroun), elle œuvre pour la réinsertion des enfants victimes de la secte islamiste Boko Haram qui sème la panique dans la partie Extrême-Nord du Cameroun. Son bureau est logé au huitième étage de l’immeuble Camtel à Yaoundé. Fille du colonel kalkaba Malboum, président de la confédération africaine d’athlétisme et président du comité national olympique.
« Give them hope ». C’est le projet qui l’a portée au sommet de la Silicon Valley. Habsatou Nadja Kalkaba s’est distinguée aux côtés de quatre autres Camerounaises au concours « Techwomen 2016 Seed Grant Award », un programme du département d’Etat américain qui récompense les femmes dans le domaine des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques. Sur les 2300 candidats issus de plusieurs pays du monde, ce projet porté par l’équipe du Cameroun s’est distingué parmi les cinq meilleurs. La comparaison est vite faite avec la CAN 2017, puisque le projet du Cameroun a laissé sur le carreau des sérieux prétendants comme l’Egypte et le Nigeria. « Nous avons mis les autres dans la sauce », s’exclame-t-elle, pour reprendre l’expression à la mode au pays de Paul Biya.
Pendant 5 semaines, la jeune cadre de la Camtel a été moulée en immersion dans les locaux de Symantec, la maison mère de l’antivirus Norton aux États-Unis. Elle en ressort avec un projet professionnel bien affiné, à savoir “Comment mettre en place un Project management office (PMO)”. Grâce aux 2 500 dollars de financement que l’équipe a reçu pour ce prix, Habsatou a démarré en décembre dernier le projet dont l’objectif est de soutenir les enfants qui ont vu leur éducation perturbée à cause des exactions de Boko Haram dans l’Extrême-Nord. Des jeunes âgés entre 15 et 25 ans, victimes de la barbarie de la secte, sont recensés en vue de leur établir des actes de naissance avec la collaboration des autorités locales. Deux jeunes filles bénéficiaires du projet sont déjà en formation dans un centre informatique de la région. La finalité étant de faciliter la réinsertion de cette tranche de la population afin de leur faire oublier le traumatisme de la crise.
Le personnel de la Cameroon télécommuncations (Camtel) est habitué à voir défiler tous les jours la silhouette de cette jeune femme, drapée dans son traditionnel pagne, qui emprunte l’ascenseur de l’immeuble de la poste centrale avant de s’engouffrer dans son bureau du huitième étage. Mariée et mère de quatre enfants, Habsatou Nadja Kalkaba est en effet rompue dans la pure tradition musulmane qui impose une tenue et un certain respect pour son interlocuteur. Une apparence qui cache pourtant mal le modernisme qui bouillonne en elle. Après des études secondaires au Lycée général Leclerc sanctionnées par un baccalauréat série C, Habsatou décroche une licence professionnelle en Informatique, ensuite un master en Management des projets. A 36 ans, elle a eu le temps de gravir les échelons à la Camtel pour se hisser au poste de chef de cellule de la planification à la direction de la planification et des projets.
Issue d’une famille de dix enfants, Habsatou Nadja Kalkaba est mariée et mère de quatre enfants, d’ailleurs à la voir, on ne peut croire qu’elle a eu quatre maternités. A 36 ans, elle est rompue dans la pure tradition musulmane qui impose une tenue et un respect pour son interlocuteur. Sur son profil Linkedn, apparaît la phrase : « I am passionnate about hiping people ». C’est dire que l’aide aux nécessiteux lui tient vraiment à cœur. Elle est très engagée dans les activités sociales. Elle a fondée « la Oummah de demain », un centre dont le but est de former les enfants sur comment être de bons musulmans et de bons citoyens. Elle milite, par ailleurs, au sein de la Cameroon Muslim women (camwa) au poste de directrice du département de la formation.
En un mot, Habsatou Nadja Kalkaba avec son calme olympien, est pondérée ; elle est très peu bavarde et dès qu’on la voit, on a l’impression qu’elle est timide. Dans sa tête, elle sait ce qu’elle vaut et ce quelle recherche pour le bien de l’humanité.
Jean-Claude NOUBISSIE