Avant d’être nommé directeur SAP Afrique francophone, le 1er octobre, Hicham Iraq Houssain a passé près de la moitié de sa carrière chez Microsoft. D’abord Chargé de marketing, puis Gestionnaire de portefeuille client et d’équipes pour le secteur public sur l’Afrique du nord, cet ingénieur en Systèmes d’information est revenu en tant que Sales manager, puis Country manager et Responsable country manager sur l’Afrique francophone. Fin connaisseur du secteur des TIC et de l’écosystème numérique de l’Afrique francophone, il veut mettre ses expériences et ses connaissances au profit du développement de SAP sur le continent.
CIO Mag : Votre nomination s’inscrit dans la continuité des activités de SAP. Quel est votre apport pour développer l’éditeur de logiciels dans le monde francophone ?
Hicham Iraq Houssain : SAP, qui est installée dans la région depuis 2015, dispose d’un très riche portefeuille client. Et je suis extrêmement fier du travail accompli jusqu’à présent par l’équipe. Dans un souci d’opérer une transition fluide, mon prédécesseur reste au poste sur les trois prochains mois pour continuer à ramener de la valeur à nos clients et partenaires. Pour ma part, j’apporte ma connaissance de la région dont je suis issu. J’y ai pratiquement effectué toute ma carrière. Je suis un pur produit africain et j’ai la motivation qu’il faut pour dynamiser ce territoire.
Je souhaite extraire le meilleur de SAP et accompagner nos clients dans cette transition accélérée vers le nouveau monde de la transformation digitale. J’ai une marge d’expériences dans l’animation d’un large réseau de partenaires. Jusqu’à présent, nous étions concentrés sur des clients de grande taille. Pour l’heure, l’objectif est de renforcer notre réseau pour servir le maximum de clients. SAP a pour mission de les accompagner pour disposer du meilleur système de gestion.
Les solutions SAP sont encore perçues comme orientées vers les grandes organisations.
Le constat est tout à fait vrai. SAP est perçue comme une entreprise qui s’adresse principalement aux grands clients, avec des solutions très coûteuses, qui prennent beaucoup de temps à se mettre en place. La réalité est toute autre. Aujourd’hui, 80% de nos clients à travers le monde sont des PME, mais cela ne se remarque pas sur notre région. Notre portfolio s’adresse à tout type d’entreprise, de la plus petite entreprise à la plus grande. Ma mission est de vulgariser SAP et de mieux la faire connaître.
S’agissant du portfolio, quelle gamme de produits apportez-vous aux entreprises de taille intermédiaire ?
SAP a été créée en 1972 pour pourvoir aux besoins en fourniture de solutions intégrées et optimiser les processus métiers d’une entreprise en les intégrant. C’est, à l’origine, par l’Enterprise Resource Planning (ERP) que nous sommes arrivés au niveau où nous sommes aujourd’hui. Mais, à présent, les besoins des clients et du marché ont complètement changé. Il est maintenant question d’expérience de collaborateur, de client ou d’achat. SAP a essayé de renforcer son ERP chez ses clients en mettant en place de meilleures solutions. Elles apportent de l’expérience autour de l’ERP, principalement à travers des acquisitions. Notre solution de gestion, et l’acquisition d’IRIS, la meilleure des solutions de gestion d’expériences collaborateurs, font de nous le leader mondial dans plusieurs secteurs d’activités.
Nous avons également acquis ARIBA, un des leaders mondiaux dans la gestion des contrats et des solutions financières. Autour de l’ERP, qui est notre code historique, nous avons construit toute une série de nouveaux produits. Ce sont en général des produits Cloud. Ils accélèrent la mise en place de ces expériences à différents niveaux. Nous allons également insuffler l’intelligence dans l’ERP. Cette mixité de portefeuilles nous permet d’administrer véritablement les besoins de nos différents clients. La force de SAP a toujours été la maîtrise des process métiers. Elle est aujourd’hui positionnée sur 25 secteurs d’activités ou d’industries. Nous sommes très bien installés dans certains secteurs d’activités, à l’instar d’Utilities.
Par contre, dans le secteur bancaire, nous n’avons pas cette largesse de couverture sur l’ensemble des clients de la région. C’est un secteur que nous voudrions approcher d’une manière plus forte, en exposant notre savoir-faire et ce que l’on peut proposer. Dans le secteur public également, nous avons effectué de bonnes réalisations, mais nous ne disposons pas de cette proximité. Pourtant, dans ce secteur, il y a des industries, la santé, le service aux citoyens, etc.
Un grand nombre d’entreprises est déjà implanté et a ciblé les PME. Comment comptez-vous faire face à une concurrence établie depuis plusieurs années ?
Nous sommes sur un marché assez concurrentiel, mais les clients ne sont pas toujours très bien servis. Généralement, les entreprises qui fournissent ce segment de marché l’abordent avec une approche très technologique ou fragmentée. Chez SAP, notre positionnement est totalement différent. Il se définit par une approche industrie/process métier. Nous souhaitons ramener cette expertise et la mettre en place dans notre région, et accompagner, in fine, nos 440 mille clients à travers le monde.
Dans cette période d’incertitude de Covid-19, les entreprises cherchent quelqu’un qui comprend le métier, leur permet d’entrevoir ce qu’elles peuvent faire et leur ramène la simplicité dont elles ont besoin. SAP maîtrise le process et facilite l’accès à cette nouvelle technologie. Nous avons la capacité de parler leur langage, de les accompagner, de trouver des nouveaux modèles business et des expériences sur les solutions. C’est la valeur ajoutée que nous apportons.
Comment comptez-vous asseoir votre présence dans les pays où vous intervenez et renforcer l’adhésion de vos clients ?
Nous avions l’ambition de renforcer notre développement dans la région, mais la Covid-19 a changé la donne. Nous avons un hub au Maroc et des ressources dans les différents pays. SAP est une multinationale, au vrai sens du terme, avec des ressources déjà présentes dans la région. Pour l’heure, nous nous employons à fournir les meilleures solutions et à mieux répondre aux besoins de nos clients en renforçant notre proximité. Nous devons continuer à travailler sur notre écosystème de partenaires.
Notre rôle consiste à renforcer la capacité des partenaires en nous assurant qu’ils ont toutes les compétences requises. SAP les accompagne sur des sujets précurseurs et innovants parce qu’elle dispose des ressources très pointues sur des sujets avant-gardistes. Nous ne sommes pas obligés d’être présents sur tous les territoires, mais nous avons besoin de concentrer nos ressources pour y arriver.
Selon vous, le Cloud est l’une des solutions pour une entreprise intelligente. Quelle peut être sa valeur ajoutée dans ce contexte de crise sanitaire ?
Les clients veulent d’un modèle souple. Ils ne veulent pas travailler sur des projets qui durent longtemps. Ils préfèrent un type d’investissement où l’entreprise peut investir/désinvestir, apprendre/désapprendre et être à l’écoute du marché. Cette explication permet de décrire la situation qui prévaut pour le Cloud. De notre côté, nous avons ramené la plateforme sur laquelle nous avons intégré toute la technologie de SAP. Une technologie qui apporte l’intelligence aux différentes rubriques et dans laquelle la data est vraiment recentrée. Celui qui arrivera à extraire le meilleur de la data, pour la mettre au service de son entreprise, prendra une considérable avance dans la compétition. C’est pour cela que la data est vraiment au centre de l’offre proposée à nos clients. Elle représente le facteur déterminant du changement.
Vous avez récemment organisé la Data Innovation Tour. Quels étaient les thématiques abordées ?
L’objectif était de remettre la data au centre de la transformation digitale des entreprises. C’était aussi l’occasion de dévoiler le portfolio de SAP à une diversité de clients. Nous leur avons présenté nos différentes solutions pour avoir une meilleure maîtrise de leurs données. Une des solutions que nous avons exposées, c’est le digital border. Il permet de mettre en place des tableaux de bord, en les axant sur des technologies. Cette solution s’intègre avec des solutions totalement hétérogènes. Et nous disposons d’un contenu très large. L’avantage du monde virtuel, c’est que notre contenu est toujours disponible et que tout le monde peut regarder l’offre de SAP dans le nouveau monde du pétrole, d’aujourd’hui et de demain.
SAP a-t-elle également subi la crise ?
Nous avons l’opportunité d’être dans un secteur qui permet aux entreprises de se surpasser. Pour celles qui ont transité et pour celles qui continuent à transiter, il est fondamental de s’accompagner des meilleures solutions au monde. Nous avons la chance d’être un des leaders mondiaux dans notre domaine et nos clients nous font confiance parce qu’ils savent que nous les accompagnons à mieux résister au cours de cette période. Certaines industries ont été plus touchées que d’autres, mais la croissance se poursuit dans des secteurs d’activités. C’est ce qui nous permet d’avancer sereinement sur notre lancée et de continuer à investir pour un futur meilleur.
Parue dans CIO Mag N°67 Novembre-Décembre 2020 disponible en version PDF