IA : le Bénin dans le top 5 en Afrique subsaharienne

145ème au niveau mondial et 27ème en Afrique subsaharienne en 2021, selon le rapport Government AI Readiness Index de Oxford Insights, en matière d’intelligence artificielle (IA), le Bénin se hisse très rapidement, en 2023, à la 5ème place en Afrique subsaharienne. Une ascension fulgurante, preuve d’une volonté politique pour la mise en œuvre d’actions concrètes pour l’adoption de l’IA au Bénin.

(Cio Mag) – De 2021 à 2023, le Bénin s’est résolu à mettre l’IA au premier plan des technologies à promouvoir au sein de son écosystème dans les administrations publiques et privées. Ainsi, d’après les statistiques du Government AI Readiness Index de Oxford Insights, le Bénin occupait en 2021, la 145ème place mondiale et 27ème en Afrique subsaharienne.

En 2022, le pays est passé à la 9ème place en Afrique subsaharienne (108ème position mondiale) avant de faire un saut impressionnant à la 5ème place en Afrique subsaharienne (97ème place au niveau mondial) en 2023. Cette année a justement été celle au cours de laquelle, le Bénin a élaboré et adopté en conseil des ministres du 18 janvier 2023, sa stratégie nationale d’intelligence artificielle et des mégadonnées.

Composée de 4 programmes déclinables en 3 phases à mettre en œuvre sur 5 ans, avec un portefeuille de 123 actions impactant les secteurs public et privé, cette stratégie a pour ambition de répondre aux besoins du Bénin dans les domaines de l’éducation, la santé, l’agriculture, le cadre de vie, le tourisme, et sur la compréhension des cas d’utilisation applicables au contexte béninois. Pour sa mise en œuvre, 4,680 milliards de francs Cfa ont été mobilisés sur une période 5 ans afin de positionner le Bénin comme un acteur majeur de l’IA en Afrique de l’Ouest.

Dans cette veine, le Bénin a initié depuis 2022, le Salon de l’entrepreneuriat numérique et de l’intelligence artificielle (SENIA) dont la deuxième édition, celle de 2023, a porté sur le thème : « contenus locaux, nouveaux métiers et données ouvertes. » En dehors de cela, des sessions de formation sont organisées en faveur des acteurs de l’écosystème pour mieux appréhender l’utilité, la place et l’impact de l’IA au cours des prochaines années.

Les défis à relever

Tout cela a valu au Bénin, sa 5ème place en Afrique subsaharienne en matière d’IA. Baromètre pour les décideurs, le Government AI Readiness Index offre une visibilité sur la maturité de 193 pays vers l’adoption et l’intégration de l’intelligence artificielle. Cet indice est structuré autour de 39 indicateurs stratégiques, et se divise en trois piliers essentiels, chacun reflétant un aspect crucial de la capacité d’un pays à intégrer l’IA dans sa gouvernance et ses services publics.

Alors que l’Afrique subsaharienne affiche le score moyen le plus bas de toutes les régions du monde dans l’indice, signe des défis considérables dans l’adoption de l’IA par les gouvernements de la région, une évolution positive s’est manifestée au cours des 12 derniers mois dans certains pays à l’instar du Bénin. Suite à une analyse comparative au niveau international et régional, le pays affiche une force notable en matière de gouvernance. Ce qui le démarque nettement de ses challengers. Mais il lui reste du chemin à parcourir pour améliorer son secteur technologique, mieux mettre en avant la technologie et renforcer son infrastructure.

Plus important encore, le Bénin doit travailler sur l’accessibilité et la qualité des données pour entraîner efficacement les modèles d’IA.

« Création de startups en IA »

Face aux défis à relever, Mahuna Akplogan et Arnauld Adjovi, deux experts Béninois en IA ont fait des propositions. Par rapport aux recommandations stratégiques sur le pilier secteur technologique du Bénin, ils ont évoqué la maturité du secteur technologique, la capacité d’innovation et le développement du capital humain.

Sur le premier aspect, « le gouvernement devrait encourager la création de startups en IA, par des incitations fiscales et un soutien financier. Cela inclut la promotion des “AI unicorns” et des investissements dans les services TIC. Le gouvernement devrait augmenter les dépenses ciblées pour les petites et moyennes entreprises technologiques. Le pays pourrait ainsi bénéficier d’une augmentation d’investissement publics et privés, renforçant ainsi l’infrastructure technologique du pays », estiment-ils. Pour eux, le Bénin doit investir dans l’éducation et la formation dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, tout en développant l’innovation gouvernementale et en soutenant la recherche et le développement.

Sur l’amélioration du pilier données et Infrastructure, Mahuna Akplogan et Arnauld Adjovi préconisent d’investir dans l’amélioration de l’infrastructure de télécommunications, y compris l’expansion de la couverture 5G et la mise en place de centres de calcul. Selon eux, le Bénin devrait aussi encourager et accélérer les initiatives d’open data pour rendre les données plus accessibles, ce qui est crucial pour l’entraînement des modèles d’IA.

Quant au volet dédié au gouvernement, ils invitent le Bénin à pratiquer une gouvernance éthique lui permettant d’approfondir sa législation en matière d’exploitation des données par la mise en place de cadres réglementaires et de normes éthiques nationales dans le développement de l’IA. Par ailleurs, le pays doit investir dans l’infrastructure IT fondamentale, la promotion des technologies émergentes, financer la formation et l’éducation dans les domaines de l’IA et des technologies numériques.

Michaël Tchokpodo

Michaël Tchokpodo est journaliste communiquant, grand observateur des mutations relatives aux technologies numériques et au développement durable. Correspondant au Bénin pour CIO Mag.

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