« Il faut démystifier la mobilité estudiantine vers le nord, c’est possible de réussir en Afrique », Isidore Gnatan KINI

(Cio Mag) – Isidore Gnatan KINI, est le Président Directeur Fondateur de U-AUBEN, Université Aube Nouvelle  (ISIG International). L’un des pionniers de l’enseignement professionnel privé au Burkina Faso. KINI a effectué fin janvier 2019 à  Dakar au Sénégal, une visite  au cours de laquelle, il a rencontré certains acteurs de la formation et de l’enseignement notamment Microsoft .M KINI lance la première université africaine « Académie des métiers et de l’innovation ; Une manière de repenser toute la structure de l’éducation en Afrique et de l’adapter aux réalités de nos économies.

Les formations dans l’énergie, la qualité de l’eau , la mécanique, la sécurité informatique entre autres évoquées pour avoir les ressources humaines nécessaires pouvant accompagner le développement et l’industrialisation de l’Afrique . Les objectifs de M. Kini à travers la mise en place de l’académie des métiers et de l’innovation, c’est de créer des passerelles entre le monde universitaire et les industriels concernés par le déploiement de solutions innovantes pour l’Afrique « Un étudiant, un emploi, une entreprise », dixit M.KINI.

Il a fait appel pour ce projet aux compétences de Madame Jennifer Juvénal, Avocate internationale spécialisée dans la structuration et mise en œuvre de projets en Afrique.

Entretien à Dakar  réalisé par Joe Marone

Cio Mag : Monsieur KINI, que justifie votre présence à Dakar au Sénégal ?

Isidore Gnatan KINI : Merci beaucoup .Ma présence ici à Dakar se situe à deux niveaux d’objectifs essentiels. Je rencontre d’abord Microsoft, comme on le sait, c’est une institution qui s’intéresse à l’enseignement supérieur .Je suis venu aussi rencontrer un partenaire qui vient de Paris pour que nous puissions mettre ensemble nos idées parce que nous avons un grand projet d’académie des métiers et de l’innovation que vous voulons lancer à Ouagadougou comme étant un centre régional et qui a des ambitions.

Quand vous parlez de l’académie des métiers et de l’innovation, mais quelle est sa différence avec ce qui se passe déjà sur le terrain ; En terme plus clair, quelle sera la méthode de cette académie pour repenser l’enseignement supérieur africain ?

C’est vrai l’enseignement supérieur que ça soit le secteur public ou privé, chaque structure forme et  vise l’excellence. Beaucoup d’acteurs vont au conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur le « cames » pour faire homologuer leurs diplômes .A ce jour, nous avons 39 diplômes homologués cames, 20 docteurs formés mais sommes convaincus que tous les établissements vont arriver à un moment donné, à homologuer leurs diplômes .Donc quelle est la différence avec nous ? Nous sommes préoccupés par le devenir de nos étudiants diplômés, par exemple au niveau du Burkina et de la sous région, beaucoup de nos diplômés occupent des postes stratégiques.

Aujourd’hui le problème du chômage est une réalité qui préoccupe tous les gouvernements et au Burkina nous avons aussi ces soucis là .Maintenant qu’est ce qu’on peut faire ? Il faut deux approches .D’abord mettre en place une académie où nous allons identifier des corps de métier garantissant à presque cent pour cent l’employabilité. Quand vous prenez l’exemple du bâtiment, vous serez surpris, j’ai fait venir des techniciens sénégalais pour la finition de mon immeuble à Bobo Dioulasso. Dans le domaine du bâtiment au niveau de la finition, plomberie sanitaire, électricité-bâtiment, nous avons des problèmes. Au niveau de la mécanique auto, même constat. Il y a vraiment beaucoup de choses à faire dans plusieurs secteurs dans la sous région. L’autre préoccupation de l’académie .Vous avez  des étudiants même bien formés n’ont pas confiance en eux, ils ont peur .Il faut alors les défier en leur disant que vous avez une formation de qualité, ayez confiance en vous.

En faisant quoi concrètement ?

Il faut dire à l’étudiant que tu as la matière première, donc vous avez peur de quoi ? Tu es capable d’entreprendre. L’initiative doit venir de l’étudiant lui-même .S’il pense qu’il ne pourra pas réussir, qu’il a besoin que son oncle l’accompagne, nous demandons à l’étudiant de se remettre en cause en cherchant à s’épanouir. Il doit faire de telle sorte qu’à partir de la licence que le parent ne paye plus les frais de scolarité. Nous mettons donc en place des outils d’accompagnement pouvant aider l’étudiant à entreprendre. Notre objectif c’est permettre à chacun d’avoir un projet personnel. Ça c’est important. Au bout de trois ans l’étudiant audacieux est prêt à entreprendre.

Vous voulez faire des étudiants des créateurs d’entreprise, qui gèrent leur propre business ?

C’est le rôle d’ailleurs du centre des carrières et de l’innovation qui a pour devise un étudiant, un emploi, une entreprise et j’ai bien dit entreprendre avec ou sans argent.

Comment est-ce possible ?   

La qualité de votre projet va rassurer le bailleur et qui va vous accompagner .Ça c’est un discours que nous tenons avec les étudiants pour vraiment les défier.

Quel discours tenez vous à ceux pensent que les étudiants même ayant un diplôme n’ont pas été formés aux techniques de recherche d’emploi ?

Justement, une de nos préoccupations, c’est encadrer ces étudiants dans les techniques de rédaction de CV, dans l’interview pour défendre leur candidature. Nous organisons souvent des forums auxquels des entreprises sont invitées pour voir comment les étudiants lors des séances de simulation se comportent. On simule un entretien d’embauche, si l’étudiant est mal habillé par exemple, on le rectifie .La formation académique ne prend pas souvent en compte ces techniques.

Il faut relever ce défi. L’autre point, c’est l’importance de l’anglais. La maitrise de cette langue peut faire la différence. C’est pourquoi nous jugeons nécessaire de devenir une université bilingue. Déjà, il y a le centre américain de langue qui peut aider les étudiants dans leur carrière .Cette année les étudiants en ingénierie et en finance comptabilité ont l’obligation de devenir bilingue. A partir de la deuxième année, des professeurs viendront des Etats-Unis, du Ghana ou du Sénégal pour enseigner en anglais.

L’académie des métiers et de l’innovation vous dites, à quel secteur faites vous allusion ?   

Il y a d’abord tout ce qui est métier en rapport avec l’électricité depuis la haute tension, la mécanique auto, le bâtiment, la sécurité informatique, la médecine, la qualité de l’eau, ce sont d’ailleurs des métiers qui intéressent les jeunes sénégalais. Avec surtout la qualité des partenaires qui  vont participer au déroulement des enseignants, nous pouvons dire que la vocation sous régionale est une réalité.

En Afrique, beaucoup de jeunes rêvent d’aller en Europe pour faire un cursus académique ou se former, faites vous partie de ceux qui pensent qu’il faut rester dans le continent pour se former ?

Le rêve d’aller au nord pour se former, pour nous c’est un complexe qui ne se justifie pas. Aujourd’hui nous avons la capacité de mobiliser la diaspora africaine pour intervenir dans l’enseignement ou de faire venir des experts occidentaux dans les centres de formation. Il n’est plus nécessaire de faire le déplacement non seulement, ces jeunes resteront chez nous avec moins de risque, mais ils ne vont plus traverser la méditerranée et une fois formés, auront plus de chance de trouver un emploi. Ma conviction est qu’il faut démystifier la mobilité estudiantine vers le nord parce que c’est possible d’avoir les mêmes compétences chez nous en Afrique.

Cio Mag: Monsieur Isidore Gnatan KINI, vous êtes le Président Directeur Fondateur de U-AUBEN, Université Aube Nouvelle  (ISIG International), ciomag vous remercie.

Isidore Gnatan KINI : Merci beaucoup pour l’occasion qui me permet de m’adresser à la jeunesse africaine, aux jeunes sénégalais en particulier et à tous vos lecteurs.

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