Immobilier : la startup ivoirienne ImmoLink annonce son expansion en Afrique de l’Ouest et Centrale pour faciliter l’adoption du digital par les acteurs locaux

ImmoLink, la plateforme ivoirienne d’intermédiation immobilière, annonce son expansion en Afrique de l’Ouest et Centrale. Cette initiative vise à combler un besoin criant en matière de digitalisation du secteur immobilier sur le continent, facilitant ainsi la connexion entre acteurs de la chaîne de valeur des transactions immobilières. Françoise Amon Koutoua, fondatrice et CEO d’ImmoLink, partage les ambitions et les défis de cette expansion dans une interview avec CIO Mag.

(CIO Mag) – « ImmoLink se porte bien », affirme Françoise Amon Koutoua. Lancée en juillet 2023, la plateforme a rapidement fait ses preuves en Côte d’Ivoire. Elle a réussi à référencer des centaines de biens immobiliers à travers le pays, couvrant les ventes, les locations longue durée et les logements meublés pour de courtes durées.

En Côte d’Ivoire, ImmoLink observe une forte demande pour les maisons et villas à vendre et à louer, particulièrement dans le nord d’Abidjan. Les appartements à vendre sont également très recherchés dans toute la ville. Une dynamique est également perceptible pour les bureaux à louer dans le quartier Zone 4 de la commune de Marcory à Abidjan. Les terrains, en revanche, sont davantage recherchés à l’intérieur du pays, avec des requêtes fréquentes pour Grand Bassam et San Pedro. Globalement, Abidjan concentre la majorité des recherches immobilières, une tendance anticipée par ImmoLink dès le lancement de la plateforme.

Cependant, l’adoption du digital par les agents immobiliers n’est pas sans heurts. Françoise souligne que « le digital fait encore son petit chemin car tous les agents ne sont pas forcément à l’aise avec la technologie et peuvent rencontrer des difficultés à se connecter à l’interface ». Pour pallier cela, l’équipe propose régulièrement des formations gratuites et individualisées sur l’utilisation de la plateforme. Cette approche réactive et flexible, bien que non prévue initialement, est devenue un élément clé pour le succès de l’activité.

Expansion régionale

Aujourd’hui, ImmoLink étend ses activités à plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Bénin, Togo, Mali, Niger, Burkina Faso, Guinée) et du Centre (Congo, Cameroun, Gabon). Françoise Amon Koutoua explique cette démarche par l’identification d’un besoin fondamental : « Un besoin réel pour les professionnels africains de l’immobilier de se connecter avec les bonnes personnes qui ont besoin de leurs services, et qui vont les rechercher en ligne. »

Le digital est encore sous-exploité sur le continent africain, et cette expansion reflète la mission d’ImmoLink de « faciliter son adoption par les agents immobiliers locaux, mais aussi favoriser leur connexion avec des acquéreurs potentiels ». Françoise souligne que l’objectif est de fournir des « leads qualifiés par des moyens autre que le traditionnel réseau fermé ou le bouche-à-oreille ».

Un marché régional en pleine ébullition

L’Afrique de l’Ouest et Centrale présente un potentiel de croissance immobilier considérable. Selon Sablux Immobilier, le taux d’urbanisation en Afrique de l’Ouest devrait tripler d’ici 2050, générant une demande massive en logements et infrastructures. La Direction générale du Trésor français anticipe un doublement de la population de la sous-région à l’horizon 2050, avec une augmentation notable de la population urbaine. Les grandes métropoles comme Abidjan et Dakar sont déjà des pôles d’attraction majeurs, dynamisés par l’activité économique et l’investissement.

Le marché immobilier en Afrique centrale n’est pas en reste, affichant également un potentiel de croissance important, soutenu par une forte croissance démographique et des besoins en logements insatisfaits. Le Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale (GABAC) évalue le déficit à plusieurs millions de logements dans certains pays, soulignant l’ampleur des besoins à couvrir.

Défis de l’intermédiation immobilière digitale en Afrique

Malgré ce potentiel, l’intermédiation immobilière digitale en Afrique est confrontée à plusieurs défis majeurs. Sur le plan technique et pratique, la formation au digital reste primordiale. « Certains agents rencontrent quelques difficultés à utiliser la plateforme et avoir les bons réflexes car ils ne sont simplement pas habitués », explique Françoise Amon Koutoua. Ajoutant que cela nécessite un vrai travail d’éducation et de formation derrière la plateforme. Actuellement, les agents exploitent la plateforme à seulement 40% de ses capacités, se limitant principalement à la publication d’annonces. L’objectif d’ImmoLink est d’augmenter ce pourcentage d’ici cinq ans.

Du côté des acheteurs, le problème de la confiance et de la fiabilité des agents immobiliers persiste. Pour y remédier, ImmoLink a mis en place des mesures de rassurance : les profils des agents vérifiés sont signalés par un “sticker « compte vérifié »”, et un annuaire de notaires est disponible sur la plateforme pour permettre aux utilisateurs de vérifier les informations. L’objectif premier est de « mettre en relation toutes les parties, et leur rappeler les bons réflexes à avoir, comme dans tous les domaines ».

Leviers de croissance

Pour la startup-peuse, les principaux leviers de croissance dans ces nouveaux marchés sont « purement digitaux », représentant « plus de 90% » de leur stratégie. Elle interprète cela comme un « défi et un laboratoire » pour tester l’impact du digital dans un business entièrement numérique. Le reste de la stratégie repose sur le relationnel. ImmoLink a également lancé un blog, ImmoLink Info, qui aborde les défis et enjeux de l’immobilier sur le continent, et continuera à développer des contenus utiles.

Pour Françoise Amon Koutoua, le principal défi de cette expansion régionale reste « la formation / l’adoption du digital pour ce secteur de l’immobilier qui reste encore très traditionnel sur notre continent ». Une formation adéquate, dit-elle, permettra aux agents de « tirer pleinement profit des fonctionnalités innovantes tant pour leur prospection que pour leur visibilité en ligne ».

Perspectives d’avenir

Le modèle économique d’ImmoLink reste inchangé par rapport à son lancement en Côte d’Ivoire. Il repose sur les annonces payantes, les systèmes d’upsells pour booster les annonces et le contenu sponsorisé. Pour l’instant, les annonces payantes ne sont pas encore actives, permettant aux agents immobiliers de publier gratuitement toutes leurs annonces, à l’exception des boosters et de la publicité directe.

Pour l’horizon 2030, la priorité d’ImmoLink est d’accroître le nombre de ses utilisateurs, tant du côté des agents immobiliers que des acquéreurs, locataires et investisseurs. Avec l’ajout à court terme de nouvelles fonctionnalités telles que les visites virtuelles en 3D, et d’autres modules Cela permettra de positionner la plateforme comme un « acteur majeur et principal de l’intermédiation digitale immobilière africaine, avec toutes les perspectives d’expansion qui pourront en découler, mais toujours au sein de l’écosystème des acteurs de l’immobilier, qu’ils soient directs ou indirects ».

Lire aussi « Côte d’Ivoire : ImmoLink, la startup qui veut digitaliser l’intermédiation sur le marché de l’immobilier

Anselme AKEKO

Responsable éditorial Cio Mag
Correspondant en Côte d'Ivoire
Journaliste économie numérique
2e Prix du Meilleur Journaliste Fintech
Afrique francophone 2022
AMA Academy Awards.
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