Seulement 8 % des leaders de l’industrie financière africaine évoquent une intégration effective de l’intelligence africaine (IA), souligne la 3e édition du Baromètre de l’industrie financière africaine dévoilée mardi 13 février 2024 par l’Africa financial industry summit (AFIS) et le cabinet Deloitte.
(Cio Mag) – Le Baromètre de l’industrie financière africaine 2024 résulte d’une enquête menée au cours du deuxième semestre 2023 auprès des banques, compagnies d’assurances, institutions de microfinance, bourses, gestionnaires de fonds et régulateurs africains. Cette enquête a permis de recueillir des informations pertinentes sur la situation actuelle de l’industrie financière, notamment en matière d’intégration d’IA, de cybercriminalité, crypto-actifs & finance décentralisée (DeFi), monnaies numériques des banques centrales, d’attractivité et d’opportunités panafricaines.
Technologies de l’information – Les institutions financières africaines confirment leur appétence pour le digital, l’expérience client et la valorisation du capital humain, avec plus de 60% des répondants ayant démarré des travaux de migration vers le cloud (plus de 33% des répondants ont finalisé leur migration), et de mise en place d’outils CRM, de plateformes de travail collaboratif et d’e-learning. D’après les prévisions du baromètre, la maturité digitale des leaders africains devrait s’accentuer sous l’impulsion de l’open banking/insuring qui demeurent les catalyseurs clés de la transformation numérique. Par contre, l’industrie financière se montre particulièrement prudente quant aux usages de l’intelligence artificielle (IA). Seulement 8% des leaders évoquent en effet une IA en cours d’intégration ou déjà mise en œuvre. Plus de 50 % des répondants envisagent une intégration à court terme ou une intégration en cours avec un faible niveau d’achèvement.
Cybercriminalité – Les leaders de l’industrie financière africaines considèrent la cybercriminalité comme l’une de leurs principales préoccupations (59 %) au même titre que l’instabilité politique/sociale et le risque sécuritaire (60 %). Ces managers restent également vigilants quant au resserrement de la politique de change des banques centrales (54 %), et aux contraintes réglementaires considérées comme des menaces élevées par plus de 50% des répondants (contre 39 % l’an dernier).
Crypto-actifs & finance décentralisée – L’édition 2023 du Baromètre de l’industrie financière africaine note une méfiance des institutions financières africaines vis-à-vis des crypto-actifs et de la finance décentralisée à cause de l’instabilité du marché des cryptomonnaies. En effet, ces institutions ne sont que 30 % à considérer les crypto-actifs comme des opportunités, contre 63 % l’an dernier. Enfin, il est à noter que 40 % des répondants n’ont pas d’opinion sur la question concernant les opportunités que les crypto-actifs et la finance décentralisée (DeFi) apportent à leurs entreprises.
Monnaies numériques – Il ressort également de ce baromètre que les monnaies numériques sont considérées comme des vecteurs d’inclusion financière et de réduction des usages illicites. De fait, les monnaies numériques des banques centrales africaines ou Central bank digital currency (CBDC) sont favorablement perçues par les répondants en raison de leur impact significatif ou modéré sur l’inclusion financière, la réduction de l’utilisation illicite de la monnaie et l’accès aux systèmes financiers (au moins 60% des répondants). De plus en plus d’acteurs estiment par ailleurs que les monnaies numériques auront également un impact significatif sur la résilience et la souveraineté de la région (24 % vs 10 % l’an dernier).
Attractivité – D’après l’enquête, la perception de l’attractivité de l’industrie financière africaine vis-à-vis des partenaires et investisseurs internationaux a été fortement impactée par les perturbations économiques et politiques de la région, 48 % seulement des répondants la jugeant plus attractive, contre 61 % lors du dernier baromètre.
Intégration financière – 60 % des institutions interrogées déclarent être optimistes quant à la mise en œuvre des initiatives d’intégration financière africaines, et conscientes de leurs impacts sur le secteur financier. Le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) ressort, par ailleurs, comme l’initiative la plus impactante, avec 72 % des répondants qui considèrent qu’elle sera, au minimum, un accélérateur de l’intégration régionale, ce qui montre l’attention portée sur les moyens de paiement.
Optimisme sur les perspectives macroéconomiques à court terme – Malgré l’accroissement des incertitudes macroéconomiques et des tensions sur les marchés financiers et dans le secteur bancaire international, 95 % des leaders de l’industrie financière sont optimistes quant aux perspectives économiques à l’horizon 2027. En réponse à l’inflation persistante, au potentiel resserrement de la politique de taux et au durcissement de la réglementation, ils continuent de porter une attention particulière à leur gestion Actif-Passif (ALM), à la gestion des risques (cybercriminalité et sécuritaire notamment) et du capital. Ceci notamment grâce à la mise en œuvre de mesures spécifiques et pragmatiques (approche de distribution plus sélective, création de fonds de garantie et amélioration de la génération interne de capital), au détriment dans certains cas du financement de l’économie réelle.
Le Baromètre de l’industrie financière africaine 2024 propose également une analyse en termes de gouvernance, gestion des risques et cadre réglementaire.
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