Dans un monde de plus en plus numérisé, les fraudes électroniques représentent l’un des défis majeurs de la cybersécurité. Entre 2022 et 2023, les fraudes électroniques représentaient un défi croissant pour la cybersécurité, En Côte d’Ivoire, 28℅ des utilisateurs de services financiers numériques ont été exposés à des tentatives de fraude. Au Sénégal, 43℅ des utilisateurs de mobile ont été exposé à une tentative de fraude électronique, selon une étude globale menée par le Groupe consultatif pour aider les pauvres (CGAP) sur l’évolution de la nature et de l’ampleur des risques liés à la finance numérique pour les consommateurs.
Pour mieux comprendre comment lutter contre ce fléau grandissant, nous avons rencontré Inès Niragira, experte en transformation digitale et en sécurité des transactions électroniques, afin de discuter des solutions à mettre en place, de la responsabilité des employés et des actions à entreprendre au niveau étatique pour renforcer la sécurité numérique en Afrique. Ci-dessous la substance de l’interview!
Cio Mag : Face à la montée des menaces liées aux fraudes électroniques, quelles actions les entreprises du secteur des transactions numériques doivent-elles adopter pour renforcer leur sécurité ? Quelles politiques devraient être mises en place pour y faire face ?
Inès Niragira : L’Innovation Technologique a permis une amélioration constante des plateformes numériques, d’où la croissance considérable de la disponibilité et de l’adoption de diverses plateformes, y compris celles de paiements numériques. Cette innovation technologique est rapide et souvent en avance sur les réglementations.
Malheureusement, cela appelle à une vigilance accrue, car la même innovation technologique peut être utilisée de façon nocive, mettant ainsi en danger la sécurité des utilisateurs. Pour mieux gérer les risques de sécurité et de fraudes électroniques, il est essentiel que les acteurs clés de la transformation numérique, notamment les fournisseurs de technologies et les régulateurs, collaborent étroitement afin de garantir la sécurité des utilisateurs finaux – étant donné que ces derniers auront très probablement une compréhension limitée sur les risques liés à la cybersécurité malgré la présence de sensibilisation.
Cette politique de collaboration garantira que les parties prenantes auront une longueur d’avance dans la compréhension approfondie du contexte et des besoins des utilisateurs finaux ainsi que des menaces et des risques présentés par toute plate-forme de transactions numériques (avant son autorisation d’opérer sur un territoire quelconque) et mettront ainsi en place des mesures appropriées (à la fois des mesures de sécurité technologique et des mesures réglementaires) pour atténuer lesdits risques et menaces.
Comment sensibiliser et impliquer tous les employés d’une entreprise dans la lutte contre les fraudes électroniques, afin qu’ils adoptent une culture de la cybersécurité ?
Pour garantir que tous les employés d’une entreprise s’approprient pleinement les questions relatives aux fraudes sur les transactions électroniques, il est impératif que ladite organisation s’assure que ses employés sont passionnés par la mission, la vision et l’impact de l’entreprise sur son marché. Cet alignement sera un catalyseur de l’orientation client (customer-centricity) qui sera à la base du travail visant le meilleur intérêt des clients par les employés.
En outre, les régulateurs doivent se doter d’expertise (main d’œuvre bien formée) et mettre en place des mécanismes de conformité que les entreprises doivent respecter pour garantir que les employés sont constamment formés aux dernières mesures de sécurité en matière de cybersécurité – et que la non-conformité est sévèrement sanctionnée.
D’un point de vue étatique, pensez-vous que les pays africains sont en mesure de mettre en œuvre des initiatives efficaces pour contrer les menaces de fraudes électroniques ? Quelles stratégies devraient-ils adopter ?
En Afrique (comme ailleurs) il est impératif que la stratégie d’Innovation de la Monétique Digitale aille de pair avec une stratégie de sécurité. Cette dernière, en plus d’être mise en place et exécutée, elle doit aussi être clairement communiquée afin de promouvoir la confiance et adoption des plateformes de transaction digitales.
A long terme, quels sont les principaux risques liés à l’augmentation des fraudes électroniques, et comment ces risques pourraient-ils impacter l’économie numérique en Afrique ?
Nous connaissons, aujourd’hui, une grande croissance et diversité de prestataires de transactions numériques (les institutions financières traditionnelles, les FinTechs, Télécoms…) ce qui appelle à un besoin d’interopérabilité et étroite collaboration avec les instances de régulations en l’absence desquelles ces parties prenantes s’exposeraient à des risques de sécurité et complexités d’utilisation de leurs plateformes.