Fort d’une solide expérience dans le secteur des technologies de l’information et de la communication, Tonny Bao a rejoint Huawei en 2004. En avril 2023, il est nommé Président en charge des affaires publiques monde et Vice-président de Huawei.
Huawei réitère son engagement en faveur d’une transformation numérique inclusive et durable lors de l’Africa CEO Forum qui s’est déroulé à Abidjan les 5 et 6 juin 2023. À l’occasion de cet événement incontournable pour les décideurs du continent, Huawei a organisé un panel sur le thème : « Libérer le numérique pour une Afrique durable et inclusive », afin d’encourager le dialogue entre les architectes d’une Afrique numérique résiliente, souveraine et prospère, avec la participation de Son Excellence Monsieur Amadou Coulibaly, ministre de la Communication et de l’Économie Numérique et Porte-Parole du Gouvernement de la République de Côte d’Ivoire.
Huawei touche trois milliards de personnes dans le monde. Mais il s’agit principalement de résidents urbains qui ont les moyens et un accès facile à l’infrastructure appropriée. De quelle manière les réformes des politiques publiques en Afrique peuvent-elles contribuer à élargir le réseau d’accès ?
Tonny Bao : Les politiques publiques sont effectivement des moteurs indispensables pour favoriser l’inclusion numérique et ainsi réduire la fracture entre les populations vivant en zones rurales et celles des grandes métropoles.
Une fois les objectifs fixés dans le cadre d’une planification claire et progressive, c’est à ce moment que les entreprises telles que Huawei interviennent pour accompagner la réalisation de ces ambitions. Le projet national égyptien, par exemple, baptisé “vie décente”, place le numérique et l’accès à l’Internet haut débit au centre de la solution pour parvenir aux objectifs que sont l’amélioration de la qualité de vie d’environ 4 500 villages, soit 50 millions de citoyens. Cette initiative présidentielle est un exemple de projets parmi de nombreux autres que Huawei soutient et accompagne en mettant à disposition des produits et services innovants.
Nous poursuivons un objectif commun avec les autorités : agréger les villes et les villages au sein d’un réseau unifié, tout en garantissant un égal accès à un Internet haut débit afin de favoriser l’intégration économique des territoires et ainsi libérer le potentiel économique des zones isolées.
Apporter la connectivité des zones rurales se traduit également par la sensibilisation et le renforcement des compétences numériques des populations et en particulier des jeunes. Huawei investit en continue pour la formation des talents numériques, ils sont, je le crois fermement, les ambassadeurs du développement de l’économie numérique.
À la fin de l’année 2022, nous avons établi un partenariat avec plus de 700 universités et écoles supérieures de TIC de premier plan dans 32 pays de la région Afrique pour mettre en place la Huawei ICT Academy afin de favoriser le transfert de compétences et de connaissances en matière de Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) envers la jeunesse africaine. Plus de 160 000 étudiants ont bénéficié du programme jusqu’à présent. Nous espérons que dans un avenir proche, ces étudiants deviendront les piliers de la construction d’une économie numérique pérenne en Afrique.
De quelle manière le contexte réglementaire du continent favorise-t-il ou ralentit-il l’accès et le déploiement des réseaux ? Quels sont les domaines dans lesquels vous progressez et ceux dans lesquels vous avez des difficultés ?
T. B : C’est un sujet fondamental que vous soulevez. Le Regulatory Tracker de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) est une ressource précieuse pour les acteurs de l’écosystème devant s’informer régulièrement des changements majeurs et des dynamiques qui sous-tendent le secteur des TIC depuis 2007. Les analystes de l’UIT sont en mesure de prédire les niveaux d’investissement, l’utilisation de la couverture réseau et l’impact économique dans les différents pays.
Huawei s’adapte toujours aux politiques publiques.
En fonction du niveau de maturité du marché, des politiques incitatives, de l’environnement concurrentiel, nous nous adaptons et proposons des solutions innovantes en fonction de la réalité de chaque pays et au scénario envisagé.
Plusieurs indicateurs des contextes réglementaires nationaux peuvent orienter les décisions d’investissement et ainsi accélérer le déploiement des réseaux, par exemple, la création d’un régulateur des TIC indépendant et autonome avec un champ d’intervention et d’action large ; l’adoption de meilleures pratiques réglementaires ; la rationalisation des processus bureaucratique etc.
Nous savons que la couverture réseau à distance n’est pas facile à mettre en place. Pouvez-vous nous expliquer comment Huawei encourage le développement de ce processus à travers l’utilisation des technologies ?
T. B : Il est vrai qu’établir des connexions, à savoir les réseaux fixes et de fibres optiques sont difficiles à déployer dans certaines régions reculées. La mission de Huawei est claire : nous nous engageons à mettre le numérique à la portée de chaque personne, de chaque foyer et de chaque organisation afin de créer un monde intelligent et entièrement connecté. Dans le but de promouvoir une inclusion numérique totale, nous avons élaboré un programme baptisé TECH4ALL et avons déjà réalisé de nombreux progrès en la matière depuis que nous sommes implantés en Afrique, c’est-à-dire plus de 20 ans.
En Afrique, nous collaborons avec environ 200 autres opérateurs partenaires avec qui nous poursuivons le même objectif : apporter la connectivité à plus d’1 milliard de personnes. Pour répondre à cet enjeu, nous avons déjà réussi à mettre en place plus de 250 000 fibres optiques, qui ont permis de connecter plus de 30 millions de ménages au haut débit et à l’économie digitale sur le continent.
Nous savons que les connexions fixes, telles que les réseaux fixes et les réseaux de fibre optique sont extrêmement compliqués à déployer dans les régions éloignées. Quelques personnes affirment que nous utilisons des satellites de communication, mais ceux-ci sont très chers, et leur portée est limitée. De ce fait, nous avons décidé de développer nous-mêmes notre propre technologie nous permettant de communiquer plus facilement avec le spectre d’opérateurs souhaité.
Dans ce contexte, Huawei a développé la solution RuralStar pour répondre spécifiquement aux défis des territoires ruraux en matière de connectivité et ainsi mieux s’adapter aux scénarios de déploiement du réseau dans les zones rurales. Celle-ci connaît aujourd’hui un immense succès avec plus de 70 pays qui l’utilisent, et un développement qui ne cesse de croître.
En Afrique, plus de 5 000 villages ont déployé notre solution qui permet quotidiennement à 20 millions de personnes de se connecter à Internet.
Cette innovation permet de construire un nœud en moins de sept jours, réduisant ainsi les coûts et le temps de mise en place jusqu’à 70%. Par rapport aux sites traditionnels, notre solution permet de réduire considérablement le poids de 90%. Nous avons repensé la structure du site en remplaçant les grandes tours par des poteaux bas, voire même de simples poteaux en bois, capables de supporter le déploiement de RuralStar. Cette approche novatrice permet de réaliser des économies considérables et réduit fortement le temps nécessaire au déploiement de la solution.
De plus, sa capacité de consommation est de 100 watts – soit autant d’énergie que cinq ampoules. La solution RuralStar n’a besoin que de 4 à 6 panneaux solaires pour permettre à toute la station de fonctionner toute une journée – ce qui nous permet de passer facilement du réseau électrique ou de machines à essence à l’énergie solaire.