Dans une interview exclusive, Khalil F. Al Americani, CEO de Vodacom Congo SA (RDC) & Président du Conseil d’administration de VODACASH, filiale FinTech de Vodacom Congo SA (RDC) évoque le positionnement stratégique de l’opérateur en République Démocratique du Congo. Avec plus de 21 millions d’abonnés et un engagement fort envers le développement humain, Vodacom se distingue par ses offres personnalisées, son approche innovante en matière de cybersécurité et son rôle moteur dans l’écosystème Fintech. Découvrez comment l’entreprise s’efforce de désenclaver les zones rurales et de promouvoir la digitalisation à travers des initiatives dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de l’agriculture.
Cio Mag : Quel est le positionnement de Vodacom en République Démocratique du Congo ?
Khalil F. Al Americani : Vodacom est l’opérateur numéro un en RDC, avec plus de 21 millions d’abonnés, dont plus de 10 millions utilisent des services de monnaie électronique sous la marque M-Pesa. Présents dans le pays depuis plus de 22 ans, nous nous positionnons sur trois segments : la monnaie électronique, la data et la voix pour les clients particuliers, tout comme les entreprises. Nos offres sont adaptées tant aux consommateurs qu’aux entités gouvernementales, et nous visons à soutenir le développement humain pour bâtir un écosystème numérique à travers le pays.
Cio Mag : Qu’est-ce qui fait la singularité de Vodacom en RDC ?
K.F.A. : Nous nous distinguons par des offres personnalisées, adaptées aux besoins spécifiques de nos clients, qu’il s’agisse des particuliers dans les zones rurales, tout comme dans les zones urbaines avec un vaste portefeuille qui va des petites aux grandes entreprises, en passant par les Start-ups en pleine éclosion, les banques, les sociétés minières ou voir les institutions gouvernementales. Nous sommes leaders dans les trois segments : entreprises, particuliers et monnaies électroniques.
Nous mettons un accent particulier sur le besoin du client. C’est ainsi que nous avons lancé le programme Fresh Start, qui assure un traitement rapide des plaintes et une transparence totale de nos offres. De plus, nos centres d’appels digitalisés et automatisés renforcent l’efficacité du service client, un aspect crucial dans un pays comme la RDC, où les infrastructures posent de nombreux défis.
Nous anticipons les besoins des clients
Khalil F. Al Americani, CEO de Vodacom Congo SA (RDC) & Président du Conseil d’administration de VODACASH
Cio-Mag : Comment Vodacom aborde la monétisation de la data ?
K.F.A. : Monétiser la data tout en équilibrant l’augmentation des investissements et l’érosion des marges représente un défi majeur. Nous examinons attentivement nos coûts afin d’ajuster nos prix et d’optimiser l’efficacité de nos infrastructures. Aussi, nous anticipons les besoins des clients grâce à une analyse prédictive, qui nous permet de proposer des services personnalisés, ce qui peut augmenter la fidélité et les revenus. En parallèle, nous sommes engagés dans une optique de décarbonisation de nos opérations pour réduire les coûts énergétiques et diversifier nos sources d’énergie. Nous travaillons également en étroite collaboration avec le régulateur pour prévenir la dévalorisation du marché, en nous inspirant des régulations européennes
Cio Mag : Quelle est votre couverture réseau en RDC ?
K.F.A. : Vodacom est l’un des principaux opérateurs de télécommunications en République Démocratique du Congo (RDC) et offre une large couverture réseau, notamment dans les grandes villes et les zones rurales. La RDC présente un marché potentiellement très attractif, notamment dans le secteur des télécommunications et des services numériques. Avec une population de plus de 105 millions d’habitants et une pénétration du service GSM proche de 60 %, il y a encore une opportunité significative d’augmenter le nombre d’abonnés, surtout en tenant compte du phénomène de multisiming, qui réduit le taux d’utilisation réel à environ 50 %.
Dans ce contexte précis, nous accélérons le déploiement de notre couverture 4G et avons lancé des sites ruraux, avec plus 900 sites en fonctionnement, alimentés par énergie solaire. Fort de notre mission de « Connecter pour un meilleur futur » ; nous continuons d’améliorer notre réseau afin de désenclaver les zones isolées et augmenter la capacité face à la demande croissante de data.
Nous avons mis en place un cadre rigoureux de cybersécurité
Cio Mag : Quelles actions menez-vous en matière de cybersécurité ?
K.F.A. : Nous avons mis en place un cadre rigoureux de cybersécurité, avec des standards en évolution continue. Cela comprend des tests réguliers de nos systèmes effectués par des partenaires externes ainsi qu’une division interne spécifiquement dédiée à la cybersécurité. De plus, nous intégrons des éléments d’intelligence artificielle afin d’anticiper les éventuelles menaces.
En complément, nous avons développé une stratégie de sensibilisation continue pour nos employés, incluant des formations régulières et des simulations d’attaques (phishing, ransomware) afin de maintenir un haut niveau de vigilance au sein de nos équipes. Ce cadre global de cybersécurité repose ainsi sur une combinaison de technologies avancées, de collaborations externes et d’une culture interne de sécurité renforcée.
Cio Mag : Quelle est la maturité des entreprises en matière de Cloud en RDC et quelles offres proposez-vous ?
K.F.A. : Nous offrons des solutions de Cloud sur mesure pour chaque segment de clients, en mettant l’accent sur les cloud locaux pour assurer la disponibilité des données. Nos offres sont hybrides, intégrant des solutions locales, nationales et internationales, tout en portant une attention particulière aux solutions nationales.
Cio Mag : Vodacom dispose-t-il de datacenters ?
K.F.A. : Oui, nous avons nos propres datacenters de type 3 et collaborons avec d’autres acteurs pour augmenter la résilience de nos infrastructures.
Cio Mag : Pouvez-vous nous parler de votre clientèle entreprise ?
K.F.A. : Nous comptons 21 millions de clients particuliers et plus de 200 000 clients entrepris, principalement des institutions. Notre collaboration avec diverses industries est essentielle, et notre engagement envers les offres destinées aux entreprises joue un rôle clé dans notre modèle économique et dans le développement du pays.
Cio Mag : Comment intégrez-vous l’intelligence artificielle au sein de Vodacom ?
K.F.A. : Nous utilisons l’intelligence artificielle pour nos analyses tout en garantissant le respect de la vie privée. Notre cadre d’implémentation de l’IA place l’humain au cœur des décisions, en tenant compte des risques, tels que les biais algorithmiques.
Nous avons lancé la plateforme éducative gratuite « Voda Educ » pour promouvoir l’éducation en ligne
Cio Mag : Comment travaillez-vous avec l’écosystème Fintech en RDC ?
K.F.A. : Nous sommes des pionniers dans le secteur de la Fintech avec MPESA, comptant près de 40 000 marchands connectés à notre plateforme. Nous avons également ouvert nos API pour faciliter les intégrations et les paiements via MPESA, tout en développant nos services pour inclure des solutions de gestion de patrimoine
Cio Mag : Quelles initiatives avez-vous mises en place dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’agriculture ?
K.F.A. : Chez Vodacom, nous nous engageons à être acteur clé dans la revanche du sol sur le sous-sol en mettant la technologie au service du secteur agricole. Nous collaborons avec des partenaires tels que KADEA Académie pour développer des plateformes numériques adaptées aux besoins réels des agriculteurs, regroupés sous le label de la COPACO, l’association des agriculteurs de la RDC.
En plus de cela, nous avons lancé la plateforme éducative gratuite « Voda Educ » pour promouvoir l’éducation en ligne. Nous mettons également en place des classes numériques dans des zones reculées et développons des projets de télémédecine pour améliorer l’accès aux soins. Ces initiatives montrent notre engagement à utiliser la technologie pour soutenir le développement durable dans divers secteurs essentiels.