Elle est la 6ème région du continent selon l’union africaine. La diaspora s’active pour financer les projets d’innovations. Parmi ces acteurs: l’association OSER l’Afrique créée en 2009 qui a bâti O’Botama, une structure implantée à Yaoundé (Cameroun) depuis l’année dernière.
(Cio Mag) – Rattachées entre les deux rives, les diasporas africaines n’ont jamais été autant sollicitées qu’aujourd’hui pour financer le développement du continent. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles sont au rendez-vous. Au Nigeria, les associations ont lancé un fonds d’investissements en lien direct avec la présidence l’année dernière pour financer les projets de co-développement. Selon Abuja, la diaspora nigériane basée aux Etats-Unis aurait envoyée 300 millions de dollars en 2017. Et sur l’ensemble des diasporas nigérianes réparties sur la planète, ce serait près de 2 milliards de dollars qui auraient été envoyés au pays. Ces fonds ont permis l’émergence de la Yabacon valley qu’on surnomme comme étant la «Sillicon Valley de l’Afrique». Bénéficiant également du retour des «repats», c’est l’ensemble de l’écosystème tech nigérian qui profite de cette manne. « A elle seule, la Yabacon Valley représente 20% du montant total des levées de fonds des startups africaines», explique un expert.
La naissance d’O’Botama, un véritable parcours
Derrière les épouvantails nigérians voire kényans, les pays francophones tentent eux aussi d’émerger entre ces géants anglophones. Et la diaspora implantée en Europe joue pleinement son rôle à l’instar de l’association OSER l’Afrique. Cette dernière a créé l’atelier d’innovation collaboratif O’Botama à Yaoundé au Cameroun. O’Botama est une de ces multiples structures qui agit également comme un centre d’expertise en entrepreneuriat abritant également un espace de coworking et un espace culturel d’innovation. Benjamin Ngongang, membre de l’association OSER L’Afrique qui gère le centre à Yaoundé, place très haut son ambition pour O’Botama. « “Botama” veut dire “naître” en lingala et la lettre O posée juste avant fait référence à OSER L’Afrique qui est à l’origine d’O’Botama. En clair: O’Botama est un nom pour désigner un «foyer» d’où naissent les entrepreneurs», détaille-t-il. Puis il poursuit: «nous incubons huit startups actuellement au sein de notre atelier d’innovation collaboratif. Elles agissent dans des secteurs aussi variés que l’e-santé ou le digital», conclut cet ancien de Deloitte.
Si le lancement d’O’Botama est une fierté pour les équipes d’Oser l’Afrique, c’est que la concrétisation de ce projet n’a pas été une mince affaire. «Les étapes préliminaires à ce projet ont été nombreuses. Au début, nous avions démarré par la mise en place de sessions de formations dédiées à l’entrepreneuriat ces six dernières années», détaille Christelle Basilua, la présidente d’OSER l’Afrique. «Ce sont près de 500 jeunes en Afrique de l’Ouest et du centre qui ont bénéficié de nos formations», explique-t-on au sein de la direction de l’association. Mais OSER l’Afrique ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin alors que la demande se fait de plus en plus croissante. C’est alors que la question du financement du projet O’Botama s’est posée. «La réussite de ces formations nous a clairement confortée dans le choix de créer une structure pérenne alors qu’une session de formation s’opère sur un temps court. C’est pourquoi nous nous sommes rapidement lancés dans la création d’O’Botama», soutient la direction d’OSER l’Afrique.
«Nous avions démarré une campagne de crownfunding. Notre objectif était d’atteindre la barre des 10 000 euros. Et en trois jours, nous avions déjà obtenu 10 % de la somme espérée», ajoute Christelle Basilua – présidente de l’association. Au final, OSER l’Afrique a réussi à lever près de 13 000 euros. «Ces fonds nous ont été utiles pour financer les travaux à l’intérieur de la villa car cela n’a pas été simple de l’aménager en un véritable espace d’incubation d’entreprises», explique Benjamin Ngongang.
O’Botama : valoriser le concept tech «made in Cameroun »
«Il nous a fallu 5 mois pour bâtir un business plan solide», se souvient Christelle Basilua, présidente de l’association. Ainsi, l’espace coworking coûte 2500 FCFA pour une journée et la réquisition de l’ensemble des espaces et bureaux peut grimper jusqu’à 100 000 FCFA pour un séminaire. Et malgré des débuts difficiles, OSER l’Afrique continue à croire ardemment à la réussite du projet O’Botama. OSER L’Afrique sait que la réussite des startups incubées définira également l’avenir d’O’Botama. « Parmi les huit projets, nous travaillons Avec Ouicare, fondé par Assom N.Emmanuel – créateur d’une plateforme qui facilite la prise en charge rapide des patients dans les hôpitaux. Outre Ouicare, nous accompagnons également Moctinet qui est une société spécialisée dans la conception et le développement de site web et applications mobiles », expliquent Christelle Basilua et Benjamin Ngongang.
Au-delà de ses opérations d’incubations, O’Botama se veut également être un véritable lieu de rencontres entre les acteurs de la culture africaine et les entrepreneurs, afin de nourrir leur créativité et inspirer de potentiels porteurs de projets. OSER L’Afrique espère ainsi reproduire le modèle O’Botama partout sur le continent. «Nous aimerions créer une structure similaire en RD Congo et en Côte d’Ivoire», indique la direction d’OSER l’Afrique. Si cette stratégie parvient à ses fins, alors OSER l’Afrique aura laissé son empreinte sur l’écosystème entrepreneurial africain.
Rudy Casbi