Dans cette période de changement permanent, où les ruptures se succèdent à un rythme effréné, l’immense majorité des entreprises ont lancé de nombreux projets de transformation pour s’adapter à leur environnement en mouvement.
Régulièrement, je rencontre des entreprises où un ou plusieurs projets de transformation sont très en retard par rapport au timing initialement prévu, voire carrément « au point mort » !
Je vois 5 risques majeurs pour l’entreprise dans ces situations :
Enjeu
Leadership
Engagement
Réputation
Financier
Risque d’enjeu
A l’origine de chaque projet, il y a des enjeux (ce qu’il y a à gagner à le réaliser et ce qu’il y a à perdre s’il n’est pas réalisé) suffisamment importants pour que l’entreprise décide de le lancer et d’y allouer des moyens.
Le gain escompté, qu’il soit un avantage concurrentiel, un gain de productivité, de rentabilité ou encore l’accroissement du CA (voire tous cumulés) ne sera pas au rendez-vous comme espéré !
La perte potentielle anticipée à l’origine, elle, sera bien réalisée : perte de parts de marché, érosion de la rentabilité, minoration de la capacité à investir sur d’autres projets nécessaires…
Risque de leadership
La direction de l’entreprise, ayant validé le projet et les moyens associés, accepte qu’il ne soit pas mené à son terme en le laissant prendre beaucoup de retard ou au point mort et cela induit potentiellement les perceptions suivantes de ses collaborateurs, contributeurs au projet ou non :
« La direction a lancé un projet inutile ! »
« La direction est totalement laxiste en acceptant une telle dérive alors qu’elle est exigeante sur plein d’autres sujets : 2 poids, 2 mesures ! »
« La direction refuse d’admettre qu’elle s’est trompée… »
« Y-a-t-il un pilote dans l’avion ? »
Il y a donc là un sujet majeur de confiance dans la capacité de la direction à prendre les bonnes décisions voire à créer de la défiance… Cette perte de confiance s’accentue dans le cas où l’entreprise lance de nombreux projets de transformation simultanément sans veiller à communiquer régulièrement à tous les collaborateurs sur l’avancement de chacun d’entre eux et sur la cohérence globale.
Risque d’engagement
Les collaborateurs contributeurs du projet concerné
– Se retrouvent en situation d’ « échec honteux » puisque non officialisé en l’absence d’une décision de l’arrêter ou d’actions correctrices pour le mener à bien.
– Se sentent délaissés en l’absence de soutien et/ou de moyens pour réussir à mener à bien ce projet à enjeux
– Souffrent d’un manque de reconnaissance concernant le travail fourni et le temps consacré à ce projet que souvent ils ont pris sur le temps d’exercice de leur fonction principale
– Vont faire preuve de défiance et parfois même de résistance active à l‘égard de tout nouveau projet dans l’entreprise et de façon exacerbée, si en plus, ils sont à nouveau contributeurs
– Peuvent être tentés de quitter l’entreprise pour une autre qui les traitera mieux
Risque de réputation
A l’heure de l’instantanéité, des réseaux sociaux, du partage constant de l’information, tout projet initié est connu très rapidement à l’extérieur de l’entreprise, même si les détails ne sont pas toujours connus.
Vu de l’extérieur, ces projets en retard ou au point mort peuvent être perçu comme la traduction d’une entreprise
– Manquant de compétences car dans l’incapacité de mener à bien ses projets
– Manquant de vision stratégique en n’investissant pas dans les bons projets
– Vouée à disparaitre sur un marché où ses concurrents, installés ou nouveaux entrants, évoluent et font évoluer l’écosystème
Risque financier
Tout projet constitue une perte financière s’il n’est pas mené à bien, au travers
– Du temps de travail consacré par les contributeurs
– De l’absence de production sur le métier principal des contributeurs pendant le temps consacré au projet
– Des investissements éventuels avec les recours aux prestations externes ou fournitures de matériel
Il existe certainement d’autres aspects que j’ai oubliés et vous pouvez, bien sûr, compléter par vos commentaires éclairés cette liste non exhaustive.
Dans une telle situation, l’entreprise a tout intérêt à agir soit en stoppant officiellement le projet, soit en se donnant les moyens de le mener à bien pour répondre aux enjeux initiaux.
Arnaud DUBOST et toute l’équipe MANEGERE