L’Alliance de la Biométrie et de la Blockchain pour la révolution de l’Identité Numérique en Afrique

(Cio Mag) – À l’ère des connexions numériques omniprésentes, le concept d’identité numérique se métamorphose rapidement. Les méthodes traditionnelles d’identification et d’authentification font face à une redéfinition radicale, alimentée par des développements technologiques majeurs tels que la biométrie et la blockchain. Ces avancées ouvrent la voie à de nouvelles approches pour façonner l’avenir de l’e-ID. Dans une étude intitulée « La Biométrie et la blockchain pour l’identité numérique en Afrique », le cabinet de conseil BearingPoint met en exergue l’impact et le potentiel de ces avancées dans l’avenir de l’identité numérique en Afrique.

Évolution de l’identité numérique en Afrique

L’identité numérique est en pleine mutation en Afrique, et l’une des tendances majeures de cette évolution est l’adoption croissante de la biométrie dans les registres électoraux et de population. Ce développement trouve son origine dans le besoin crucial de doter une grande partie de la population africaine d’identifications fiables, en réponse au constat alarmant fait par la Banque mondiale : la moitié des 1,1 milliard de personnes dans le monde sans preuve d’identité résident en Afrique. Cette problématique donne naissance à un marché florissant de l’identification biométrique, stimulant des investissements massifs et des avancées technologiques significatives.

Depuis 2015, l’Afrique assiste à une croissance constante du marché de l’identification biométrique, atteignant une valeur remarquable de 1,4 milliard d’euros pour le seul marché des papiers d’identité biométriques et numériques. Parmi les acteurs clés de cette évolution se trouvent des géants historiques tels que Thalès, Idemia, Veridos, Zetes et Semlex  qui ont joué un rôle prépondérant depuis les années 2000. L’Union européenne et la Banque mondiale contribuent également à cet essor en finançant des programmes de développement de plusieurs dizaines de millions d’euros.

Cependant, ce n’est pas tant la multitude d’acteurs qui redéfinit le paysage de la biométrie en Afrique, mais plutôt les avancées technologiques récentes. Ces avancées conduisent à une transformation profonde dans le marché. Parmi les technologies émergentes qui ont un impact significatif, la blockchain se distingue par ses avantages en matière de sécurité des données personnelles. Cette technologie offre une solution pour garantir la confidentialité et la vérifiabilité des informations sensibles, résolvant ainsi des problèmes majeurs liés à l’authentification et à l’identification.

Blockchain et Biométrie dans le secteur électoral

L’étude de BearingPoint démontre que l’utilisation combinée de la technologie blockchain et de la biométrie présente des solutions novatrices pour améliorer les processus électoraux. Les difficultés logistiques entravent souvent l’inscription des électeurs, notamment en raison du manque de ressources et d’infrastructures appropriées. La technologie blockchain répond à ces défis en permettant une répartition efficace des charges de traitement grâce à sa décentralisation. Cette approche réduit les coûts et optimise l’efficacité des opérations d’inscription. De plus, la technologie blockchain s’intègre aisément dans les infrastructures existantes, limitant ainsi les investissements nécessaires pour la formation et l’acquisition de matériel. Cette facilité d’intégration encourage une adoption rapide de la technologie, même dans des contextes moins favorables. Les interruptions fréquentes du réseau et de l’alimentation électrique sont répandues dans de nombreux pays. La blockchain propose des solutions pour atténuer leur impact. Lors du processus d’inscription, elle sécurise les données biométriques, même en cas de déconnexion temporaire des terminaux. Les informations peuvent être cryptées localement, puis ajoutées au registre local avant d’être propagées dans le réseau une fois la connexion rétablie.

Outre, l’authentification des électeurs est un élément clé du processus électoral. L’alliance de la biométrie et de la blockchain présente des avantages majeurs pour combattre la fraude. La répartition de la charge entre les nœuds de la blockchain et la capacité des nœuds à fonctionner de manière autonome en cas de déconnexion permettent de gérer les pics de demande et les interruptions, garantissant ainsi la disponibilité continue des services d’authentification. La blockchain élimine également les risques liés aux points de contrôle uniques, réduisant ainsi la vulnérabilité aux tentatives de fraude. Les transactions, y compris les votes, sont enregistrées de manière immuable sur la blockchain, ce qui empêche tout double vote ou contrefaçon. Les incohérences entre les données biométriques et les enregistrements de la blockchain sont automatiquement détectées, renforçant ainsi la confiance dans l’intégrité des résultats électoraux.

Blockchain et Biométrie dans l’administration

L’intégration de la technologie blockchain et de la biométrie transcende les frontières initiales pour offrir de nouvelles opportunités aux pays du monde entier. Bien au-delà de son rôle dans les processus électoraux, cette alliance novatrice propose des solutions concrètes aux défis sociétaux et administratifs qui dépassent largement le cadre électoral. La combinaison ingénieuse de la blockchain et de la biométrie ouvre la voie à une révolution dans le domaine de l’e-gouvernance.

La validation des informations devient une démarche révolutionnaire grâce à cette alliance. L’utilisation de la blockchain et de la biométrie permet de garantir l’authenticité des données soumises par les citoyens, sans divulguer ces informations sensibles à des tiers. Par exemple, les données comme le nom d’un parent peuvent être transformées en une empreinte numérique sécurisée, puis comparées à une valeur similaire stockée dans la blockchain, permettant ainsi la validation sans compromettre la confidentialité.

La préservation de l’intégrité des données constitue également un défi majeur, et c’est là que la blockchain trouve tout son sens. En enregistrant les événements de manière chronologique et sécurisée, et en utilisant des contrats intelligents pour imposer des séquences logiques, la blockchain assure que les données restent fiables et cohérentes sur le long terme. Cette structure solide réduit les risques de manipulation et renforce la confiance dans les informations enregistrées.

Blockchain et Biométrie : Défis et perspectives

L’utilisation de la biométrie dans les processus électoraux en Afrique suscite un débat passionné entre la quête de fiabilité et les défis culturels et sociaux inhérents à la région. Dans cette dynamique, deux piliers se dégagent : la fiabilité technologique et les résultats escomptés.

Les avancées technologiques ont ouvert la voie à des solutions innovantes pour renforcer la fiabilité des processus électoraux. La blockchain, en particulier, a émergé comme une réponse aux lacunes existantes. Elle offre la promesse de traçabilité, d’authenticité et de sécurité pour les données biométriques collectées. Cette technologie, en constante évolution, pourrait résoudre certains des défis les plus critiques auxquels les systèmes électoraux africains sont confrontés.

Le changement de posture des gouvernements africains est également un élément clé. Autrefois hésitants face aux coûts et aux défis de l’innovation, de plus en plus de gouvernements reconnaissent l’importance d’un processus électoral crédible. La nécessité d’accroître la fiabilité des élections devient un consensus, ce qui atténue les craintes liées aux investissements technologiques.

Cependant, l’utilisation des données biométriques va au-delà des élections. Les données collectées pour les campagnes biométriques pourraient jouer un rôle majeur dans le renforcement des systèmes de recensement. La conservation sécurisée, la fiabilité et l’accessibilité de ces données pourraient catalyser la transparence gouvernementale. Elles pourraient aussi donner naissance à des services connectés modernes, améliorant ainsi la vie des citoyens.

Il est crucial de reconnaître que les progrès technologiques ne constituent qu’une partie de la solution. Bien qu’ils offrent des possibilités précieuses, ils ne peuvent pas à eux seuls mener au développement des pays africains. Les investissements dans la formation, l’infrastructure et l’acceptation sociale sont tout aussi essentiels pour tirer pleinement parti des avantages potentiels de ces technologies.

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