C’est l’Objectif 7 de développement durable : énergies propres et d’un coût abordable. Fixé pour 2030, cet objectif est loin d’être atteint, comme le souligne un rapport conjoint de plusieurs organisations publié par la Banque mondiale. Entre autres auteurs, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA). Et pourtant, souligne ce rapport, « les opportunités existent en matière d’énergies renouvelables. » Sur le continent, plusieurs initiatives sont mises en place pour accroître le taux d’accès à l’énergie, avec une tendance encouragée pour les énergies propres, notamment dans les zones difficiles d’accès. Au Nigéria (Afrique de l’Ouest), D-Olivette est une illustration de cet engagement pour la promotion des énergies vertes.
D-Olivette fait partie des finalistes Afrique du prix les Margaret ‘’Championing Women’’ Damiloloa Aminat Adeyemi, Co-fondatrice et CFO de l’entreprise. Cette dernière met au point des systèmes de biotechnologie autonomes et hybrides qui favorisent l’accès à l’énergie propre et durable au Nigéria. Les technologies de D-Olivette permettent de transformer des déchets agricoles en énergies propres, avec des bio-tank. Avec elles, les grandes fermes d’élevage, D-Olivette transforment les déchets animaliers en bio-carburant pouvant répondre aux besoins des fermes en électricité. Pour 2022, l’entreprise assure avoir desservi 10 mille foyers et fermes coupés du réseau classique d’électricité ; et transformé 10 mille tonnes de déchets organiques en énergie propre. Présente sur le marché nigérian et béninois, elle vise d’ici 2030 5% des 100 millions de clients potentiels sur ces deux marchés.
« Actuellement, environ 23 000 femmes rurales et petits exploitants agricoles utilisent notre technologie quotidiennement pour la cuisine propre, l’électrification et la production d’aliments pour animaux et d’engrais organiques », confie Damiloloa Aminat Adeyemi. Avec son dispositif de biosystème hybride pour les maisons, les fermes et les communautés non desservies par les réseaux locaux, D-Olivette permet de générer jusqu’à 10.000m3 de biogaz et environ 50kg de biolisier.
Amer constat
Selon le rapport publié par la Banque mondiale en juin 2023, élaboré par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), la Division de statistique (Nations Unies), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur les ODD, « 675 millions de personnes vivent sans électricité et 2,3 milliards de personnes dépendent de combustibles nocifs pour cuisiner. » Dans les cibles de D-Olivette, les ménages occupent une place importante, du fait du même constat. Le projet est d’ailleurs motivé par les mêmes faits constatés, en 2017 par de jeunes chercheurs dans une communauté nigériane. Difficile d’accès, la communauté dépendait donc du bois de chauffe pour leur cuisine et les agriculteurs eux, se contentaient du diesel pour faire leurs activités. Selon des données de l’OMS, « plus de 100 000 femmes et enfants ruraux du Nigeria meurent chaque année à cause de la pollution causée par les poêles à bois. » Au nombre de ces victimes, une proche parente d’un des fondateurs de D-Olivette. Comme le témoigne Madame Adeyemi : « D-Olivette accorde une importance majeure aux objectifs de développement durable (ODD). Cette entreprise sociale a été créée après le décès de la mère de mon co-fondateur. Elle était une femme qui travaillait comme transformatrice de manioc. Ce métier génère une quantité incroyable de pollution et de déchets environnementaux, et nécessite beaucoup de bois de chauffage. Elle est décédée dans des conditions difficiles, et il était nécessaire d’aider d’autres femmes africaines à vivre une vie meilleure. »
A cette catastrophe sanitaire s’ajoute le dégât environnemental causé par la déforestation. C’est pourquoi « D-Olivette s’articule autour des ODD 2, 5 et 7», ajoute la cofondatrice.
La technologie comme alliée
Chez D-Olivette, « l’intégration des nouvelles technologies dans nos activités nous permet d’optimiser notre manière de fonctionner et d’interagir avec notre environnement et parties prenantes », témoigne la CFO de l’entreprise. Intelligence artificielle, blockchain sont utilisées pour automatiser les solutions comme « l’Assistive-AI et la Blockchain avec plus de 10 000 ensembles de données plus les langues autochtones africaines. » En effet, D-Olivette dispose d’un chatbot d’assistance clientèle doté d’IA qui accompagne les utilisateurs en anglais, yoruba, haoussa et Ibo « pour une optimisation de l’utilisation » des solutions de l’entreprise.
« Par exemple, notre IA peut guider les clients dans la meilleure décision concernant la meilleure façon de générer davantage de biogaz, de compléments alimentaires pour animaux ou d’engrais organiques à partir de tout type de déchets organiques. Cela optimise grandement la prospection, améliore fortement l’expérience client et améliore la productivité », rassure Damiloloa Aminat Adeyemi.
L’ambition de D-Olivette pour fin 2024, c’est de desservir plus de 50.000 clients. L’entreprise discute avec Integra Capital S.A. en Argentine, « et nous sommes optimistes quant à une expansion dans cette région », ont annoncé les responsables. Ils peuvent compter également sur des programmes d’accélération comme « la JFD qui œuvre pour la promotion de la tech particulièrement auprès des femmes pour qu’elles n’hésitent pas à s’y investir. »