En matière de cybersécurité, le Ghana ne masque pas son volontarisme politique. Accra n’a pas lésiné sur les moyens pour contrecarrer les menaces provenant du web.
Si le numérique est l’une des clés de l’essor économique panafricain, la protection des données concernant ses utilisateurs est ainsi devenue un enjeu majeur. Selon une enquête réalisée par Serianu, une entreprise spécialisée contre la cybercriminalité basée au Kenya : le continent africain a perdu 3,5 miliards de dollars en 2017 suite à la répétition de ces attaques. Selon cette même étude, les pays les plus durement impactés sont l’Afrique du Sud et le Nigeria qui ont enregistré des pertes mesurées respectivement à 493 et 430 millions de dollars.
«Nous sommes en pleine croissance. La couverture numérique s’agrandit sur l’ensemble du continent. Nous devons davantage former les utilisateurs sur les risques encourus et leur donner les clés pour une meilleure protection des données», explique Kenneth Adu-Amanfoh, Président de l’ACDRO (Africa Cybersecurity and Digital Rights Organisation).
Kenneth Adu-Amanfoh : l’homme clé du système de défense ghanéen
Si le Ghana résiste mieux que d’autres Etats ouest africains, il le doit à Kenneth Adu-Amanfoh. L’ancien directeur de l’agence nationale des télécommunications connaît les forces autant que les faiblesses du système de défense ghanéen. «Les agences gouvernementales, les banques et les institutions financières sont régulièrement la cible d’attaques. Mais celles-ci n’ont que très peu d’impacts car notre structure a mis sur pied un centre nationale de lutte contre la cybercriminalité», explique-t-il.
Ce système permet le blocage d’urgence de tout les systèmes d’informations et de télécommunications du Ghana, évitant ainsi la pénétration d’un agent étranger dans les serveurs de l’Etat. Selon Kenneth Adu-Amanfoh, une vingtaine d’attaques en provenance de Russie auraient ainsi pu être déjouer l’an dernier.
Si le Ghana performe dans ce secteur, c’est aussi parce que les pouvoirs publics ne sont pas insensibles aux menaces que fait peser l’utilisation du numérique. Selon l’ACRDRO, le gouvernement du Ghana pourrait débloquer entre 5 et 10 millions de dollars dans la lutte contre la cybercriminalité.
Priorité à la formation
L’ACRDRO en a fait sson cheval de bataille. Le Ghana doit proposer davantage de formations professionnalisantes en matière de cybersécurité. La mréflexion sur la mise en place de ce programme de formations nationales en incombe à cette ONG. «En partenariat avec l’enseignement supérieur, nous comptons mettre en place une formation. Nous la soumettrons d’ici quelques mois et nous espérons qu’elle soit proposée aux futurs étudiants d’ici un an après l’aval du gouverneement», détaille Kenneth Adu-Amanfoh.
Puis il ajoute : «au niveau du coût, cela ne posera pas d’obstacles majeurs. Nous avons budgétisé la création de cette formation à hauteur de 400 000 dollars par an», a-t-il chiffré. Un coût justifié par les besoins du Ghana dans ce secteur. Ainsi, selon ce dernier, le pays du royaume d’Ashanti devra former au minimum 200 étudiants par an pour continuer à lutter efficacement contre la cybercriminalité.
Rudy Casbi