Les handipreneurs : quelle place peuvent-ils occuper en Afrique ?

Peut-on devenir un ‘handipreneur’ ? Partout, la réflexion occupe une place prépondérante dans les milieux économiques. Le continent africain n’échappe pas à la tendance.

(CIO Mag) – Selon l’organisation mondiale de la santé : 15% des habitants de cette planète sont en situation de handicap. Face à cette tendance, aucun pays ne peut s’exonérer d’une réflexion en profondeur sur l’handipreneuriat.  En Afrique du Sud, la fondation South Africa Braveries a décidé de prendre le problème à bras le corps.

«Ces trois dernières années, nous avons monté le Tholoana Enterprise Programme. Durant ces cessions, nous organisons plusieurs formations afin de leur donner les clés pour entreprendre  dans les meilleures conditions en tenant compte de leur handicap », explique Bridgit Evans  directeur du SAB. Si entreprendre n’est jamais aisé, il l’est encore moins en situation de handicap. Si les obstacles sont encore plus nombreux sur la route de ceux qu’on surnomme les ‘handipreneurs‘, leur détermination force le respect.

« L‘entrepreneuriat n’est ni la pitié, ni la charité.  Vos partenaires peuvent penser de prime abord que vous aurez des difficultés à exécuter des missions ou des tâches..», indique Sebenzile Matsebula  – handipreneure et fondatrice de Motswako Office Systems, société spécialisée dans l’informatique et la bureautique.

Le handicap: un obstacle de plus à franchir..mais pas insurmontable

L’essor du numérique permettra assurément de repenser le rôle de chaque entité dans le développement des économies mondiales. Les méthodes de reconnaissance vocale puis faciale intégrées dans des logiciels directement reliés à Internet facilitent grandement l’aventure entrepreneuriale de ceux pour qui la non émergence du numérique aurait quasiment annihilé leur volonté d’entreprendre. Mais le continent parvient là encore à faire la différence par rapport aux autres écosystèmes continentaux.

Au Ghana, Farida Bedwei en est la preuve incarnée. Bien qu’atteinte d’une paralysie cérébrale à l’âge d’un an, Farida Bedwei s’est battue pour se donner la possibilité de créer son entreprise dans le domaine des nouvelles technologies. Elle a décidé de créer sa propre plateforme de logiciel cloud nommé gKudi spécialisée dans la microfinance. Son succès entrepreneurial autant que son parcours force l’admiration sur tout le continent. A tel point que le magazine sud africain CEO l’a consacrée en 2013 au titre de « femme la plus influente du monde des affaires ». Une reconnaissance amplement méritée pour Farida Bedwei. Sa plateforme numérique de microcrédit étant aujourd’hui utilisée par près de 300 compagnies de microfinance opérant principalement sur des marchés nationaux.

Au Ghana, le CEPD mobilise les pouvoirs publics et privés

Au Ghana : si le parcours de Farida Bedwei a été rendu possible, c’est aussi parce que l’écosystème est favorable à l’entrepreneuriat et à la création d’emplois. Car si on pointe régulièrement du doigt les Etats pour leurs insuffisances en termes de politique publique concernant l’insertion des personnes en situation de handicap, certains Etats se démarquent cependant. « Au Ghana, le gouvernement voudrait développer l’emploi des personnes handicapées », raconte Alexandre Tetteh, directeur du Center for Employment of Persons with Disabilities.

Le gouvernement du Ghana jouerait un rôle essentiel pour le développement des activités de ce centre en le subventionnant car il contribue fortement à l’essor entrepreneuriat impulsé par le gouvernement ghanéen. Il faut dire que la réputation du CEPD n’est plus à démontrer au pays du royaume d’Ashanti. « Nous existons depuis 2008.  Nous accueillons 1 000 personnes par an au sein de notre structure dont 300 personnes. Ce sont des porteurs de projets essentiellement en lien avec le numérique. C’est la raison pour laquelle nous agissons en tant qu’incubateur et accélérateur de projets innovants pour ces ‘handi-preneurs’  qui veulent développer leurs activités dans le domaine du numérique », nous explique Alexandre Tetteh. En raison de son succès probant à Accra – la capitale du Ghana, la direction prévoit d’implanter plusieurs centres à travers le pays d’ici les prochaines années.

Rudy Casbi

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