La 7e édition du Forum National de la gouvernance d’internet (IGF.CM) a démarré ce mercredi 24 avril 2019 à Douala au Cameroun. Placé sous le thème : « Transformation digitale : opportunités et menaces », ce forum connait la participation d’un parterre de chefs d’entreprises et d’experts du numérique.
(cio Mag) – Afin de discuter des problématiques nationales liées à la gouvernance de la toile, l’espace d’échange IGF.cm, Forum National de la gouvernance d’internet s’est ouvert une nouvelle fois cette année.
Le feu vert des travaux qui s’étaleront jusqu’au 26 avril 2019 a été donné par le Gouverneur du Littoral représenté par Aboubakar Njikam, l’inspecteur général des services régionaux ; Fritz Ntonè Ntonè, le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala et Ebot Ebot Enaw directeur général de l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication (ANTIC), institution organisatrice de ce rendez-vous annuel.
Dans son discours d’ouverture, Ntonè Ntonè a remercié la cellule organisatrice d’avoir choisi la ville de Douala pour cet évènement. Un choix qui selon lui est justifié par l’importance du rôle joué par la ville dans l’économie nationale. Pour lui cette réunion-débat est un « moment riche » qui revêt une importance capitale car elle témoigne le passage au digital dans la gestion des entreprises et le développement social et elle encourage une économie dynamique et performante. « Douala est cette métropole, plaque tournante de l’Afrique centrale et centre d’impulsion de la nation », a-t-il déclaré.
Son allocution a aussi été l’occasion pour lui de faire une annonce importante. En effet après la création de la Société d’économie mixte (SEM) qui encourage les startups, il sera créé une seconde structure orientée vers les études. Elle s’appellera « La société d’études de Douala ». L’Economie numérique se positionne d’ailleurs dans la liste des programmes de ce projet. Car pour Ntonè Ntonè « une ville qui ne se digitalise pas à notre époque est appelée à mourir ».
Pour parvenir à réaliser le volet digital du projet, le délégué gouvernemental compte sur l’accompagnement de l’ANTIC. Laquelle s’emploie auprès des institutions publiques dans la maîtrise et la sécurisation de leurs outils informatiques. Il a d’ailleurs regretté à cet effet que « du point de vue matériel, sécurisation et utilisation, la ville de Douala a encore beaucoup à faire ».
Pour sa part, Ebot Ebot Enaw a détaillé l’objectif principal de cette conférence. Il s’agit de « promouvoir un usage de l’internet en général et des réseaux sociaux en particulier ». Ce, face à la menace représentée par la propagation des fake news et la fuite des documents confidentiels des services publics. « Nous devons encourager un usage sain d’internet pour en tirer le meilleur parti », a-t-il déclaré
Le message du gouverneur transmis par son représentant a par la suite laissé savoir la position du gouvernement sur la gestion du numérique. « Nous avons le devoir et l’obligation de mettre en place des moyens d’intégrer internet dans la vie des populations en leur garantissant une sécurité maximale », a-t-il affirmé.
Focus sur les Fakes news
La seconde partie de cette première journée de débats a été meublée par des expositions des experts nationaux du numérique et un jeu de question réponse avec le public. Le tout modéré par Delphine Nana Mekounte présidente de CEFEPROD.
Les spécialistes des TICs présents, notamment Hond Jean Tobie, sécrétaire général du CNC (conseil national de la communication) ; Mounir Nji Amine, expert en cyber sécurité ; Jean Pierre Boep, consultant en transformation digitale et Mbono Mbono Assako Aline, experte en droit international des affaires se sont longuement exprimés sur les Fakes News, la montée des discours haineux et dangereux, l’exploitation des données sensibles issues des Big data via les techniques d’OSINT ainsi que sur l’éducation aux médias.
Ce dernier volet est le thème sur lequel le professeur Hond premier exposant s’est étalé. Il importe pour lui de favoriser l’éducation aux médias. Car étant facteur de la liberté d’expression. A travers elle, il sera question de faire comprendre les enjeux de la communication de masse, l’impact des médias sur la société, la vérification de la fiabilité des informations et la sensibilisation de l’enfance et des couches vulnérables. Il a émis une série de recommandations à l’endroit de l’ANTIC. Lesquelles pourraient selon lui contribuer à lutter contre la nébuleuse des fausses informations. Ente autres, la vulgarisation du système de Fact checking, la littératie médiatique depuis le primaire, le renforcement de la disponibilité des équipements digitaux et la sensibilisation sur les usages responsables des réseaux sociaux. « D’où que vienne la fausse info il faut la combattre » a-t-il déclaré.
Quid de la réglementation
Cependant pour combattre ce phénomène, Jean-Pierre Boep trouve la réponse pénale « totalement inefficace ». Pour lui : « il faudrait que les institutions comprennent qu’elles doivent être également présentes sur ces réseaux pour faire de la veille et apporter un contre message aux fakes news ». Il trouve également que la sanction ne pourrait-venir des propriétaires des réseaux sociaux car ces fausses nouvelles sont « basées sur des enjeux économiques ». Elles constituent « un marché organisé et destiné à produire de l’intox rentable », a-t-il accusé. Par ailleurs, Mounir Nji a proposé l’opensource comme élément clé de vérification efficace des fausses informations.
Dans un même élan, Mbono Assako Aline également chargée de la division des affaires juridiques à l’ANTIC a souligné « le manque d’une loi sur les données à caractère personnelles » au Cameroun. Interrogée sur l’exploitation des données personnelles à travers le Big data, elle a précisé que les réseaux sociaux auxquels les camerounais adhérents répondent à des règlementations des pays dont ils sont originaires. Elle a cependant rappelé que le pays à travers l’ANTIC a disposé à cet effet, des Data centers pour le rapatriement des données.
Les débats se poursuivront avec le deuxième jour du forum. Il ouvrira les discussions autour de la gouvernance et l’inclusion numériques en abordant la place de la jeunesse mais aussi la transformation digitale au sein de l’administration publique, le développement des infrastructures numériques et des lois qui encadrent la digitalisation. Mais il sera également question de l’évolution sociale et des dérives d’internet.
Le troisième et dernier jour baptisé la Journée du « .cm » permettra de découvrir l’importance d’avoir un nom de domaine et la procédure qui le permet.
Rappelons que l’IGF.cm est l’une des recommandations phares formulées à l’issue du forum sur la gouvernance de l’internet en Afrique centrale (FGI-AC) organisé par l’ANTIC, pour le compte du Cameroun.
Aurore BONNY, Cameroun