4 ans après l’octroi des licences Mvno, la montagne a accouché d’une souris. Entre deux opérateurs qui n’ont jamais démarré, un autre qui rencontre toutes les difficultés du monde, en moins d’une année d’existence, ça ne vole pas haut pour les Mvno au Sénégal.
(Cio Mag) – Dans sa volonté de favoriser l’inclusion numérique, l’Etat du Sénégal avait décidé d’ouvrir le marché des télécommunications aux MVNO (Mobile virtual network operator). En juin 2017, à l’issue d’un appel d’offre, Sirius Télécom, Origines SA et You Mobile ont été sélectionnés. Les attentes sont énormes. Selon les observateurs les plus avertis, l’arrivée de ces opérateurs virtuels allaient au moins diversifier l’offre avec des tarifs encore plus compétitifs. Que nenni.
Il aura fallu attendre trois ans avant qu’un seul démarre ses activités. Il s’agit de Sirius Télécom sous le nom de PROMOBILE. Quid des autres ? Selon un responsable de l’Autorité de régulation des télécommunications et des Postes (Artp), que ça soit Origines SA et You Mobile, détenus respectivement par Elhadji patron de la 2STV et Youssou Ndour, personne n’est passé à la caisse pour l’achat de la licence. Si Sirius avait décaissé 300 millions FCFA pour le sésame, là où Youssou Ndour devait casquer 400 millions FCFA avec comme partenaire la Sonatel. Elhadji Ndiaye, quant à lui, devait décaisser 300 millions FCFA. « Malgré tout, les licences n’ont toujours pas été retirées », dit-il.
Un modèle qui interroge
Plus prompt, Mbackiou Faye a lancé, en septembre 2020, son produit sous le label, Promobile avec des ambitions de titan. « Promobile compte jouer un grand rôle sur le marché du paiement mobile et de la Fintech. Cette convention qui ouvre à Promobile les infrastructures réseaux de Sonatel, est l’occasion pour nous de contribuer de manière active au développement du secteur des télécommunications et des services associés, pour le bien-être des populations sur l’étendue du territoire national », avait déclaré Mbackiou Faye, lors du lancement. Avant le premier anniversaire, les bisbilles commencent. Entre baisse et arriérées de salaires, vague de départ, licenciements, Promobile vit des heures difficiles.
Selon Bachir Sall, expert en télécommunications, c’est dans le format de la convention entre les Mvno et les opérateurs qu’il y a problème. « Dès lors que l’Etat a laissé les Mvno négocier avec les opérateurs, il y a eu problème. Ensuite, on ne doit pas leur demander de payer la licence, mais juste une autorisation, puisqu’ils ne bénéficient d’aucune infrastructure. En payant des centaines de millions, dans un contexte marqué par une forte concurrence entre les opérateurs, c’est difficile pour eux de tirer profit. L’Etat ne devrait pas aussi laisser les Mvno sous la pression des opérateurs », a-t-il analysé. Selon lui, il ne faut même pas rêver, dans un environnement aussi concurrentiel, « aucun opérateur ne faciliterait la tâche à un Mvno qui est venu presque comme un concurrent ».
Oumar Fédior