Les participants du sommet Emerging Valley se sont réunis pendant deux jours, online et en présentiel à Marseille (France), les 7 et 8 avril, pour évoquer l’écosystème digital du continent africain, la coopération dans le secteur de la tech et l’investissement dans les startup. Ces échanges entre acteurs de haut niveau des deux continents veulent contribuer à “réinventer les relations entre l’Afrique et l’Europe“. Reportage.
(CIO Mag) – “Les relations entre les deux continents passent par la jeunesse et l’entrepreneuriat”. C’est avec ces mots que Samir Abdelkrim, fondateur d’Emerging Valley, a ouvert l’événement mercredi 7 avril. Quelque 200 speakers venus de 45 pays sont réunis virtuellement pendant deux jours pour dialoguer autour de la “destinée commune Europe-Afrique”. Au menu des échanges : l’investissement dans un contexte Covid, le soutien des Etats à l’écosystème, l’essor des secteurs clés comme la E-santé, la résilience et les bonnes pratiques.
Plus concrètement, il s’agit de réfléchir à la coopération des écosystèmes tech des deux continents, et notamment l’investissement dans la jeunesse, l’entrepreneuriat et les startups dans ce contexte de pandémie et de crise économique mondiale.
“La coopération et l’innovation sont les ingrédients indispensables de notre capacité de résistance. Nous devons créer un monde commun. Et pour cela, nous avons beaucoup à apprendre de l’Afrique”, a développé Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement (AFD). Ce dernier a rappelé qu’il était essentiel de “mettre la technologie dans les mains des plus fragiles” mais aussi de trouver des solutions, car “99% des startup rencontrent des difficultés de financement”, a-t-il rappelé.
Pour une coopération renforcée UA – UE
“L’innovation est une opportunité de changer le regard que se portent les deux continents. Mais le manque de financement freine le potentiel des entrepreneurs”, a abondé le ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères français, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, Franck Riester.
Lors de cette cérémonie d’ouverture, la coopération entre l’Union européenne et l’Union africaine était à l’ordre du jour. Il a notamment été question du projet européen d’appui à la coopération numérique D4D Hub, mené conjointement avec l’Union africaine. Il s’agit d’une “plateforme pour créer des projets et mettre en contact les entrepreneurs”, a détaillé Hambani Masheleni, chef du département des Sciences et technologies à la Commission de l’Union africaine. “L’innovation va permettre de réinventer le partenariat entre l’Europe et l’Afrique, autour de la digitalisation. C’est une nouvelle norme qui va permettre de créer des opportunités, et réduire les inégalités”, a-t-il assuré.
Mais au-delà des organisations supranationales et des bailleurs de fonds régionaux et internationaux, les Etats africains doivent eux-mêmes s’engager pour créer un écosystème favorable. Papa Amadou Sarr, ministre délégué général à l’Entreprenariat rapide des femmes et des jeunes au Sénégal, a donné l’exemple de son pays, qui fait aujourd’hui figure de modèle dans la sous-région. En effet, le Sénégal s’est doté d’un “Start-up Act”, copié sur le modèle tunisien, et mise sur les entreprises innovantes pour développer l’économie. “Nous voulons faire contribuer le numérique à hauteur de 10% du PIB sénégalais”, a rappelé le ministre. “Le numérique et l’innovation sont des leviers de croissance multisectoriels”. Ainsi, un fonds de trois milliards FCFA est dédié aux startup du pays, agissant dans plusieurs domaines comme l’agritech ou la blockchain.
Pour tous les acteurs réunis autour de la table virtuelle, l’investissement dans la tech représente un enjeu majeur : celui de la création d’emplois dans un continent soumis à l’explosion démographique et la réduction des inégalités, en faveur des femmes, des jeunes et des zones géographiques moins développées.
Mais Fatoumata Bâ, fondatrice du fonds d’investissement à impact Janngo, a rappelé qu’au delà d’une mission de service publique pour les agences de développement et les Etats, l’investissement vers l’innovation africaine répond à des motivations stratégiques ou commerciales. “Il faut comprendre que l’Afrique est un relai de croissance et un marché porteur”, a plaidé l’investisseuse. “Les startup africaines sont la porte d’entrée vers le continent”, a-t-elle rappelé, en direction des investisseurs privés.
Camille Dubruelh