L’inclusion financière des personnes non bancarisées, un challenge africain au cœur des solutions de Mobile Banking. Pour l’Ivoirien Lionel Yao, CEO de la nano banque mobile S-Cash créée en 2018, relever ce défi est autant structurel qu’il requiert un meilleur accompagnement des incubateurs en vue d’améliorer l’écosystème des fintechs.
(Cio Mag) – C’est désormais une évidence. La révolution numérique charrie des promesses de développement pour tous les secteurs d’activité. Avec des solutions de mobile money et mobile banking accessibles via Smartphone et code USSD, cette révolution est aussi en marche dans le secteur de la finance. Premier service d’inclusion financière numérique alliant la nano épargne, le nano crédit et le paiement sans numéraire, la fintech ivoirienne S-Cash veut élargir davantage la portée des services financiers à destination des personnes à faible revenu.
« La zone africaine subsaharienne a enregistré plus de 63% de la valeur transactionnelle financière mondiale s’élevant à 767 milliards USD (+ 460 trillons de FCFA). Imaginez l’inclusion financière des plus de 65% de personnes n’ayant pas encore adoptées ces solutions. Les perspectives sont donc énormes, proposer plus que du dépôt, du retrait et du transfert d’argent », déclare Lionel Yao, fondateur et CEO de S-Cash.
Longtemps, la technologie USSD a été plébiscitée par les spécialistes de la finance digitale. Aujourd’hui, des applications comportant juste une technologie QR Code se popularisent en tirant parti de l’omniprésence des téléphones mobiles. Dans le sillage de ces solutions révolutionnelles basées sur des technologies nouvelles, S-Cash s’est donnée pour mission de numériser et bancariser les personnes non bancarisées dans la zone UEMOA évaluées à plus de 100 millions aujourd’hui dont plus de 45 millions disposent d’appareils mobiles.
« Chez S-Cash nous travaillons sur toutes ces technologies nouvelles afin d’offrir le meilleur des produits et services aux populations, à cette cible non bancarisée, apte à souscrire à nos services financiers nano bancaires», explique Lionel Yao.
Diagnostic de l’écosystème des fintechs
Grâce à leurs domaines d’application variés (paiement mobile, gestion de l’épargne, assurance, crédit, conseil financier en ligne, financement participatif, etc.), les fintechs constituent une passerelle crédible vers l’inclusion financière. Pour atteindre cet objectif, elles ont besoin de l’accompagnement des Organisations d’appui à l’entrepreneuriat (OAE). L’étude de novembre 2020 de la Banque mondiale intitulée “Promouvoir l’inclusion financière en Côte d’Ivoire. Diagnostic de l’écosystème des fintechs” a répertorié une vingtaine d’incubateurs et accélérateurs actifs. Ce qui est un atout. Pourtant, l’écosystème digital ivoirien n’est pas assez dynamique. Et le pays n’est pas au même niveau que les startups nigériane, ghanéenne, sud-africaine, kenyane et égyptienne, comme peut le constater le promoteur de S-Cash.
Et d’ajouter : « En Côte d’Ivoire, sur 25 incubateurs révélés par l’étude du cabinet de consulting en finance digitale, Microsave Consulting (MSC),seul 2 ou 3 accompagnent véritablement la phase d’idéation à hauteur de 5,000$ à 50,000$ comme montant le plus élevé. Et pour la plupart, les innovations digitales en sont laissées pour contre, faute de connaissance véritable des grands cabinets choisis pour la sélection et l’accompagnement des lauréats. Ou simplement par choix, car les projets digitaux sont complexes et nécessitent assez d’autorisations et d’investissement en R&D (Recherche et Developpement) avant de passer au Go To Market, alors qu’avec les projets dans l’agriculture, il est facile de les voir démarrer juste avec 1000$ de financement ou 10,000$ comme montant le plus élevé pour la plupart. »
Des difficultés que l’Etat veut aplanir en insufflant une nouvelle dynamique dans l’écosystème des fintechs : « Je pense que le gouvernement à travers l’Agence nationale pour l’inclusion financière (APIF) sous tutelle du ministère des Finances dans sa Stratégie nationale de l’inclusion financière (SNIF 2019-2024), a eu à inviter toutes les fintechs de l’écosystème lors d’ateliers pour penser ensemble l’orientation à donner à ce secteur. Et cela n’a pas pris du temps que l’assainissement du secteur financier par la banque centrale a commencé. L’élaboration d’une loi en faveur des fintechs a été faite et la création d’un Bureau de connaissance et de suivi des fintechs (BSCF) a pris forme ».
De quoi éclaircir l’horizon des fintechs et permettre à Lionel Yao d’espérer en des lendemains meilleurs, dans la perspective de pouvoir accélérer l’inclusion financière des non bancarisés en leur faisant adopter la première nano banque mobile.