En octobre 2019, l’opérateur mobile Free s’est positionné au Sénégal. Outre la téléphonie mobile, le géant français compte bien s’imposer, notamment grâce à des solutions de Mobile Money. Le point avec Mamadou Mbengue, Directeur général de Free au Sénégal.
CIO Mag – Quelle est la stratégie de Free Money en matière de finance digitale ? Et quels services offrez-vous en tant qu’Etablissement émetteur de monnaie électronique ?
Mamadou MBENGUE – Le 1er octobre 2019, les Sénégalais ont découvert Free. L’opérateur a complètement bouleversé le marché des télécommunications au Sénégal avec une vision forte pour ce marché : donner à chaque Sénégalais l’accès à un nouvel univers d’usages digitaux au meilleur prix. Depuis ce lancement, Free continue de jouer un rôle prépondérant au service de la transformation digitale du pays de la Teranga. Le très récent lancement de Free Money en est une parfaite illustration. C’est d’abord et avant tout un émetteur de monnaie électronique et un acteur incontournable de la Finance digitale au Sénégal. L’ambition est de l’être également en Afrique.
Nous avons récemment investi sur ce qui se fait de mieux en termes de plate-forme de Mobile Money, afin d’offrir à nos clients et à l’ensemble des Sénégalais un service de qualité, défiant toute concurrence. Cette plate-forme, à travers ses fonctionnalités pointues, nous permet d’adresser tous les besoins de nos clients, mais également ceux de nos partenaires. Nous proposons des services de transferts d’argent et de paiements, mais aussi des solutions corporate pour les besoins de toutes les entreprises. Free money est donc un porte-monnaie électronique intelligent, une technologie de pointe et une équipe d’experts, le tout étant dédié aux clients.
Quel positionnement Free accorde-t-il au Mobile Money au Sénégal ?
Le Mobile Money fait partie intégrante de notre stratégie de développement sur le marché sénégalais. Free, en tant qu’acteur majeur au Sénégal, a mis en place un plan d’investissement global à moyen, court & long terme (produits & services financiers innovants, communication, distribution…). Ceci afin que Free Money soit davantage qu’un produit de fidélisation : qu’il soit le relai de notre croissance et un levier essentiel de notre stratégie.
Si, en France, Free est perçu comme un opérateur low-cost, ça n’est pas le cas au Sénégal. Comment gérez-vous la volatilité des abonnés ?
Au Sénégal, nos tarifs sont les plus accessibles du marché. En moins d’un an, avec l’arrivée de Free, les Sénégalais ont pu bénéficier de baisses conséquentes sur leurs tarifs de communications mobile et internet : moins 34% sur le prix de la minute de communication et moins 75% sur le prix de l’internet mobile. Nous ne nous considérons pas pour autant comme un opérateur low cost. Nous nous percevons plutôt comme un opérateur qui allie juste prix, qualité de réseau et expérience client inédite.
Pourquoi considérer la FinTech et l’E-commerce comme deux secteurs étroitement liés ? Et comment faire le lien ?
Avant tout, quelques chiffres sur l’évolution de l’E-Commerce en Afrique. L’activité de commerce électronique pourrait générer 75 milliards de dollars de revenus, d’ici à 2025, en Afrique, selon le cabinet McKinsey. La croissance fulgurante, qu’on prédit au E-commerce, résulte d’une conjonction de facteurs favorables, comme le taux de pénétration de l’Internet en Afrique, qui était de 34 % en 2019. Et pourrait atteindre 50% en 2025. Par ailleurs, 660 millions d’Africains devraient être équipés d’un Smartphone en 2020, soit plus d’un habitant sur deux.
Les deux volets majeurs du E-Commerce sont la logistique et le paiement en ligne. Les infrastructures logistiques, qui constituaient un frein au développement du E-Commerce, ont bien évolués et l’établissement de la Zone de libre-échange continentale (ZLECA) facilite les échanges commerciaux entre pays africains, dans un cadre réglementaire.
S’agissant du paiement en ligne, le faible niveau de bancarisation – et donc des moyens de paiements traditionnels – est mitigé. Le secteur des Télécoms propose en effet le Mobile Money, lequel est devenu, en Afrique, le moyen privilégié pour effectuer des transactions et des transferts d’argent. Et constitue une opportunité pour 660 millions d’abonnés mobiles en Afrique. Il existe donc une synergie entre l’E-Commerce et la FinTech. Cette dernière représente un accélérateur dans le développement du E-Commerce et un levier de croissance socio-économique pour le continent, avec la ZLECA et l’interopérabilité des services financiers.
La connectivité que nous apportons tous les jours, partout au Sénégal, et nos offres de Smartphones les moins chers du marché constitueront le socle qui va accélérer ce phénomène.
Les Application Programming Interface (API) de Free sont aujourd’hui disponibles pour les acteurs de la FinTech et pour ceux de l’E-Commerce. Quel bilan tirez-vous de cette collaboration ?
La vulgarisation des APIs auprès de la FinTech constitue un modèle économique et un axe stratégique importants pour délivrer nos services. Free, au Sénégal, l’a très vite compris en mettant à disposition de ses partenaires les APIs, ainsi que des services SMS, USSD et Mobile Money. Ceci afin de faciliter l’accès de nos services sur leurs diverses plateformes. Nous travaillons également avec les agrégateurs de paiements, lesquels s’intègrent aux sites E-Commerces et aux services digitaux, pour enrichir l’expérience des utilisateurs. Nous exposons également nos APIs Mobile Money pour favoriser l’éclosion d’un écosystème de FinTech et pour promouvoir le développement rapide des start-up, dans l’objectif de pourvoir au bien-être des populations.
Quid de la question de l’interopérabilité ?
Les acteurs de la finance digitale au Sénégal et en Afrique ont une chance inouïe de se développer à travers le projet d’interopérabilité initié par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et dont le lancement officiel est prévu pour 2021. Cette initiative permettra de fusionner l’ensemble des plateformes de la finance digitale et profitera au client final.
La stratégie de Free Sénégal s’inscrit dans la perspective d’une intégration au réseau des acteurs de la monétique. Le but étant de faciliter et de contribuer à la digitalisation des échanges financiers au Sénégal et dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).Free, à travers sa marque dédiée au Mobile Money, participe activement aux travaux des groupes thématiques pour la définition des règles de fonctionnement de l’interopérabilité. L’interopérabilité des services financiers numériques viendra compléter et enrichir les infrastructures de l’Union africaine, comme la ZLECA. Et apportera, aux populations, des services de paiement adaptés, tout en accélérant le développement de l’E-Commerce en Afrique.
Orange vient de franchir un nouveau palier en lançant sa filiale bancaire. Quelle sera votre réponse ?
Sur cette question, nous voulons être très clairs. Nous sommes partenaires du secteur bancaire. Par conséquent, nous n’ambitionnons pas d’être une banque. Cependant, l’interconnexion avec le monde bancaire nous permettra d’offrir la possibilité, aux Sénégalais peu ou pas bancarisés, de bénéficier, à travers leur Kalpé, de tous les avantages qu’offre un compte bancaire.
Quel est l’impact de la Covid-19 sur les transactions et plus globalement sur votre activité ?
Free, au Sénégal, s’est mobilisé dès les premières heures de l’arrivée de ce virus sur notre territoire pour soutenir les autorités publiques et sanitaires dans la lutte contre la Covid-19. Face à cette crise sans précédent, notre mission est encore plus cruciale. Elle consiste à fournir, aux consommateurs, les moyens de disposer des services essentiels de télécommunication, comme de Mobile Money C’est la raison pour laquelle, nous avons, depuis le mois de mars, pensé aux consommateurs, en leur permettant d’avoir accès à nos services à des prix défiant toute concurrence.
A l’heure de la digitalisation des transactions, et dans un contexte de pandémie, le sans contact est devenu une norme. Free Money est une des réponses mises à disposition des Sénégalais. Le service rendu est accessible à toutes et à tous et les tarifs sont compétitifs. Toutefois, force est de reconnaître que cette crise sanitaire – et la crise économique qui l’accompagne – n’épargne aucun secteur d’activité.
Propos recueillis par Mohamadou Diallo