Dans un entretien accordé à Cio Mag, Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Economie verte et numérique marocain, dresse l’état de la situation du secteur numérique au Maroc. Le ministre, également chargé de l’économie verte, explique la démarche du Royaume en matière de sobriété numérique pour réduire l’impact environnemental du digital.
Propos recueillis par Mohamadou DIALLO
Cio Mag : Après la résilience, place à la prospective post-Covid. Comment se porte le secteur du numérique au Maroc aujourd’hui ?
Moulay Hafid Elalamy : Je suis tenté de dire qu’il ne s’est jamais porté aussi bien ! Le secteur du numérique a connu un essor singulier, dans ce contexte particulier. Nous avons connu des avancées invraisemblables, dans les différents secteurs, en intégrant et en adoptant la digitalisation comme outil incontournable. Et nous avons réalisé et implémenté plusieurs projets en un temps record.
La crise de la Covid-19 a fourni la preuve tangible que nous sommes capables d’accélérer considérablement l’essor du digital et de l’utiliser d’une manière plus efficiente, avec des résultats remarquables. A présent, nos acquis sont appelés à se consolider par le développement des opportunités qui s’offrent au secteur du digital.
CM : Lors d’une conférence, vous annonciez récemment qu’avec la crise de la Covid-19, le secteur digital avait su prendre la place qu’il méritait. Avez-vous constaté d’importants changements dans les usages ?
MHE : Le changement, qui s’est opéré au cours de cette crise, est en effet radical. En quelques semaines, les nouveaux usages, qui se sont développés, ont accéléré la transformation digitale des économies. Ce phénomène mondial a émergé sous l’effet du confinement, avec l’utilisation croissante des usages digitaux. Et notamment à travers le commerce électronique, le télétravail et l’enseignement à distance.
Comme dans le monde entier, le secteur du digital a repris de la vigueur au Maroc à travers une large panoplie de services digitaux, dont la prévention sanitaire, l’information et la sensibilisation, l’E-commerce, la protection sociale ou encore l’E-gov. L’effet catalyseur de la transformation digitale, pendant le confinement, s’est traduit par une affluence particulière, à différents niveaux. Je citerai en exemple l’E-commerce, un secteur où le leader marocain a doublé son chiffre d’affaire, en avril, par rapport au même mois, en 2019.
J’ajouterai que le digital a même été, pendant cette crise, une véritable opportunité pour certains secteurs industriels. Il a servi d’alternative aux différentes restrictions mises en place pour lutter contre cette épidémie. Les activités de ces secteurs ont été multipliées et de nombreuses entreprises ont entièrement changé leur démarche éditoriale, en recourant à un plan de gestion de crise basé principalement sur le digital.
CM : Les acteurs du numérique, APEBI et AUSIM, vous ont soumis un certain nombre de recommandations pour favoriser la relance du secteur. Comment votre ministère s’emploie-t-il à débrider l’expansion du numérique au Maroc ?
MHE : Avec les acteurs de l’écosystème du digital au Maroc, nous travaillons pour le développement du secteur dans le cadre d’une démarche participative de concertation. Il est question, pour nous, de pérenniser nos acquis et surtout, de tirer profit des nouvelles opportunités qu’offre cette période d’exception. Nous accompagnons les entreprises du digital (auto-entrepreneurs, start-up, TPME), tout en stimulant leur développement, de sorte à impulser un nouvel élan.
Notre défi est de conjuguer nos atouts digitaux et industriels, et de nous positionner sur l’échiquier mondial comme un acteur incontournable dans l’innovation et l’excellence industrielle. Nous avons toutes les chances d’y parvenir car notre écosystème digital a prouvé qu’il était capable de s’adapter, d’innover et de se réinventer. L’industrie 4.0 en est le parfait exemple. L’excellence opérationnelle, qui se met en place pour accélérer notre relance économique, résulte des technologies complexes de cette industrie : l’intelligence artificielle, la big data, la réalité augmentée, les objets connectés.
Je tiens à préciser, par la même occasion, que l’écosystème digital marocain regorge de compétences et d’entreprises capables de répondre localement aux grands défis. Le ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Economie verte et numérique poursuit son rôle de soutien, à travers toutes les mesures et les moyens nécessaires pour accompagner la reprise rapide des créations d’emplois et de nouveaux métiers.
Lire la suite de l’interview parue dans CIO Mag N°67 Novembre-Décembre 2020 disponible en version