En prélude aux assises de la transformation digitale (Atda), le Professeur Moussa Lô, un des intervenants a accepté d’évoquer avec Cio Mag le thème axé sur le capital humain.
Dans le processus de la transformation numérique, quelle place doit occuper le capital humain ?
La transformation numérique reste largement associée à un bouleversement des pratiques au quotidien avec des changements en interne et au niveau organisationnel. L’agilité, la collaboration et la culture de l’innovation sont des éléments essentiels pour une bonne transformation.
Les évolutions technologiques et le développement constant de nouveaux outils influent considérablement sur notre façon de travailler. Il faut souligner donc le rôle majeur que doivent jouer les ressources humaines pour que cela soit une réussite. En effet, il est primordial d’avoir une stratégie adéquate pour accompagner de manière dynamique et optimale le changement. Les femmes et les hommes impliqués dans la conduite de nos missions doivent partager les mêmes objectifs, les mêmes valeurs et une culture commune. Dans le cas de notre institution qui vit au rythme de la transformation numérique, ces trois aspects constituent une richesse inestimable. Bien entendu, on ne doit pas perdre de vue qu’il faut fondamentalement développer le travail d’équipe pour l’atteinte des résultats fixés.
Comment l’Université numérique Cheikh Hamidou KANE contribue-t-elle à relever le défi ? Comment le Sénégal peut-il rester attractif pour les profils hautement qualifiés ?
Pour réussir une transformation numérique, l’aspect humain doit être au cœur de nos préoccupations. Il est fondamental, dans la mesure où il s’agit de faire en sorte que les personnes choisies soient les acteurs clés des solutions à apporter. Dans le cas de notre organisation, nous nous attelons au quotidien, à apporter des solutions à la vision de l’Etat du Sénégal de démocratiser l’accès à l’enseignement supérieur, de donner la chance à chaque individu le souhaitant, de bénéficier d’une formation de qualité, quel que soit son lieu de résidence. Et cela passe par l’exploration de nombreuses opportunités qu’offre le numérique de nos jours.
C’est pourquoi nous accordons une attention particulière aux profils qui intègrent nos personnels, mais aussi aux formations que nous proposons à nos apprenants pour développer en eux une véritable culture numérique. Un des enjeux fondamentaux pour nous est l’intégration et l’appropriation des changements de processus dans l’organisation car à tout moment, des évolutions deviennent impératives et sans délai. C’est pourquoi l’Agilité représente une de nos sept valeurs fondamentales car nous sommes dans un environnement en perpétuelle mutation et il faut savoir s’adapter.
Sur le plan national, l’Etat du Sénégal investit déjà énormément en termes d’infrastructures technologiques et numériques pour préparer sa jeunesse notamment, aux enjeux présents et futurs en matière de transformation numérique. C’est devenu irréversible et il faut impérativement prendre le train en marche, voire anticiper sur les besoins du futur. Fort de ce constat, on peut en toute évidence affirmer que le Sénégal est un pays très attractif dans ce domaine. Les nombreux événements internationaux qu’il abrite au fil des années, l’importance accordée à ce secteur par les écoles, universités, centres de recherche ainsi que les entreprises montrent à souhait l’intérêt que peuvent avoir ces profils hautement qualifiés pour venir prendre part au développement d’un pays qui ambitionne d’être un acteur majeur de la transformation numérique et de l’innovation.
Nous avons aussi une jeunesse particulièrement familière avec la technologie et débordante d’idées. Et c’est tout heureux de voir qu’elle a pleine conscience des opportunités qu’elle offre. Voilà également une réalité qui pourrait intéresser ces profils pour venir appuyer, accompagner et aider ces jeunes talents à grandir car le numérique c’est aussi et avant tout le sens du partage.
Quels sont les vrais besoins justement en termes de profils ? À combien estimez-vous le nombre de personnes formées par l’Université numérique Cheikh Hamidou KANE ?
Il faut déjà noter qu’en tant qu’établissement d’enseignement supérieur, former des profils recherchés dans le marché du travail est un défi à relever. Mais c’est également un devoir de s’aligner sur les besoins du marché de l’emploi en constante mutation. Nous sommes donc conscients que de nouvelles compétences vont être demandées particulièrement dans les filières scientifiques et numériques. Chez nous, nous préparons déjà nos étudiants aux métiers autour de l’Intelligence artificielle et de la cybersécurité (Data scientist, Développeur IA, Ingénieur Machine Learning, Ingénieur de Recherche en IA, légal Tech, analyste menace cybersécurité, data analyst) mais également tout ce qui touche à la robotique ou encore à l’ingénierie logicielle.
A l’exception des formations dont bénéficient les étudiants orientés par l’Etat du Sénégal et les personnes inscrites en formation continue, l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane offre aussi des formations aux collectivités locales, associations, lycées etc. dans le cadre de son volet service à la communauté. Nous avons aussi un programme dédié au développement de l’employabilité des jeunes dans le numérique au Sénégal intitulé Force N (Formations Ouvertes pour le Renforcement des Compétences, de l’Emploi et de l’Entrepreneuriat dans le Numérique) qui depuis sa mise en place en 2022 avec l’accompagnement de la Fondation Mastercard, dispense des formations certifiantes et relatives aux métiers du numérique.
Nous pouvons donc estimer le nombre de personnes formées par l’institution depuis sa création jusqu’à nos jours, à environ 98 972 (diplômés de Licence, de Master et certifiés). Ce chiffre n’est pas exhaustif étant donné que nous avons actuellement plus de 60.000 étudiants inscrits en formation initiale dont plus de 24.000 bacheliers nouvellement orientés cette année.