Quel avenir pour le cloud ? Un expert nous répond

N+ONE Datacenters, l’un des fleurons marocains du marché des centres de données en Afrique, a récemment organisé un événement majeur en collaboration avec Google Cloud, portant sur l’avenir de la transformation cloud. Cette rencontre a réuni un panel d’experts, ainsi que des entreprises IT. Parmi les intervenants figurait Hassan Hamade, Senior Cloud Architect chez Google Cloud, avec qui nous avons eu l’opportunité d’explorer divers aspects de l’écosystème du cloud.

Cio Mag : Pourquoi est-il important aujourd’hui pour les entreprises d’immigrer vers le cloud ?

Hassan Hamade : De nombreuses entreprises trouvent des motivations convaincantes pour migrer vers le cloud, mais l’innovation est le principal catalyseur. Le cloud offre la possibilité d’accéder à des technologies de pointe plus rapidement, grâce aux grands centres d’ingénierie des fournisseurs de cloud, ce qui autrement prendrait des années à développer en interne. De plus, il permet aux entreprises de réduire leurs coûts opérationnels tout en améliorant leur agilité.

Comment voyez-vous l’évolution du cloud dans les prochaines années ?

Le cloud est sans aucun doute là pour rester et il traverse actuellement une phase de maturité. Tout comme d’autres technologies, le cloud passe par ce qu’on appelle cycle d’adoption “hypecycle”. Actuellement, il entre dans une phase adolescente, ce qui signifie que les entreprises comprennent qu’elles n’adopteront pas le cloud pour tous leurs besoins.

À l’avenir, je prévois un paysage informatique assez diversifié, où les ressources seront réparties entre des systèmes en local et d’autres hébergés dans le cloud.

Je pense que la concurrence s’intensifiera entre les fournisseurs de services cloud, mais elle se consolidera autour des trois principaux acteurs d’aujourd’hui : Google, Amazon et Microsoft. Les parts de marché de ces acteurs devraient s’équilibrer au fil des années.

Il convient de noter que l’entrée sur ce marché est difficile pour les nouveaux venus, car il est compliqué d’atteindre une masse critique nécessaire pour établir un modèle commercial durable. Par conséquent, je pense que ce seront principalement ces trois acteurs majeurs, ainsi qu’un certain nombre de fournisseurs cloud plus spécialisés, qui domineront le marché, que ce soit par industrie ou par géographie.

Quelles sont les principales catégories de services cloud et comment diffèrent-elles ?

Les principales offres aujourd’hui se différencient en fonction du niveau d’hébergement. Au niveau classique, on parle d’IaaS, où vous obtenez l’infrastructure sous-jacente. À l’autre extrémité de l’échelle, il y a des offres de plus haut niveau, comme les applications finies que vous consommez via un navigateur, connues sous le nom de SaaS. Entre les deux, il existe diverses architectures et modèles, regroupés sous le terme générique de PaaS, qui peuvent inclure des conteneurs, des plates-formes applicatives, etc.

Je ne pense pas qu’il y aura des changements majeurs à cet égard dans les années à venir. Cependant, nous assistons à de nombreux nouveaux services sur le marché, en particulier dans le domaine de l’apprentissage automatique et de l’intelligence artificielle. Ceux-ci peuvent être considérés comme des composants applicatifs, plutôt que des SaaS complets ou des applications autonomes. Par exemple, si vous avez déjà déployé un site sur une infrastructure et que vous souhaitez lui ajouter une nouvelle génération d’assistant virtuel, vous pourriez simplement ajouter un module d’IA génératif, tel qu’un assistant virtuel, à l’infrastructure que vous utilisez chez votre fournisseur de cloud.

La sécurité des données est une préoccupation majeure pour de nombreuses entreprises dans le cloud. Pouvez-vous expliquer les dernières avancées de Google Cloud en matière de sécurité et de conformité ?

Nous apportons des réponses à plusieurs niveaux à cette problématique. Nous offrons des points de contrôle de sécurisation et de prévention tout au long de la couche, de l’infrastructure hardware jusqu’à l’application. Cette approche est intégrée de manière organique dans notre propre datacenter, mais nous la développons également pour résoudre les problématiques plus larges liées à la souveraineté et à la législation réglementaire.

Une tendance émergente consiste à renforcer les outils traditionnels de détection des risques en y intégrant des moteurs d’IA, afin de fournir un assistant virtuel qui nous accompagne dans la gestion de la sécurité.

Vous pouvez imaginer cela comme ayant un expert en sécurité des systèmes d’information en permanence à vos côtés, proposé par l’un de nos grands intégrateurs ou partenaires spécialisés dans la sécurité, plutôt que de devoir recourir à une personne physique. Nous vous offrons ainsi un compagnon virtuel pour vous guider à travers les complexités de la configuration de la sécurité, directement au sein de la plateforme cloud.

En outre, nous travaillons sur les couches basses, y compris la duplication de notre infrastructure en partenariat avec des acteurs locaux, ainsi que les couches hautes pour injecter de la sécurité dans le développement de l’administration de la plateforme cloud avec des moteurs intelligents à base de l’IA.

Quelle est la différence entre un cloud public, privé et hybride ?

Le cloud public représente un concept de décloisonnement des systèmes d’information, où l’on utilise des applications, qu’elles soient intégralement ou partiellement hébergées en dehors de nos propres locaux, c’est-à-dire en dehors de nos datacenters, sur des infrastructures gérées et maintenues par des tiers. En revanche, le cloud privé se situe à l’opposé de cette approche.

Ce que l’on désigne aujourd’hui sous le terme de cloud privé est essentiellement constitué de datacenters fortement automatisés.

Enfin, le cloud hybride est une fusion des deux précédents modèles. Dans ce cas, si un système d’information comprend 300 applications, modules et services, 60% de ces éléments sont hébergés sur des infrastructures de cloud public, tandis que les 40% restants sont conservés en interne.

Comment le cloud computing facilite-t-il la mise en place de la transformation numérique au sein des entreprises ?

La transformation numérique des entreprises nécessite la mise en œuvre de nouveaux processus et technologies. En d’autres termes, pour moderniser les applications, améliorer l’expérience client et mettre à jour les systèmes de collecte de données, il sera essentiel de créer de nouvelles plateformes numériques qui requièrent une infrastructure. Plutôt que de construire entièrement une infrastructure depuis zéro, il est bien plus efficace d’utiliser l’infrastructure disponible sur les clouds publics pour développer rapidement de nouveaux services. Le cloud computing joue un rôle crucial en réduisant considérablement le délai de mise sur le marché, en accélérant le processus d’approvisionnement, etc. Il permet ainsi une digitalisation plus rapide et immédiate des entreprises.

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