Cette problématique a fait l’objet d’un regard croisé entre experts, jeudi 02 juin, dans un panel intitulé : « Quel sera le business model du Métaverse ? Comment se rémunérer ? », à l’occasion de la deuxième journée du « Africa Metaverse Summit », premier sommet dédié à ce secteur sur le continent. Une initiative de 3D Net Info, en partenariat avec Cio Mag.
(Cio Mag) – Avant de chercher à connaître comment monétiser sa présence numérique sur le Métaverse, il convient de comprendre ce qu’il est et comment il fonctionne. Lors de cette table-ronde portant sur le business model du Métaverse, le premier tour de table des panélistes était consacré à ces questions. Petit cours d’histoire : « Le mot Métaverse a été inventé en 1992 par un auteur de science-fiction », informe Philip Nadeau de DigiHub Shawinigan, un organisme à but non lucratif qui fournit un espace de formation, de travail et de démarrage pour les entrepreneurs dans la ville québécoise (Canada).
Dans le contexte actuel, il présente le Métaverse comme « est un espace virtuel partagé et hyperréaliste qui comprend des actifs mobiliers et immobiliers enregistrés dans une blockckain. Chaque actif pouvant être vendu avec une cryptomonnaie. » Vu sous cet angle, c’est clairement « le monde du futur » que laisse entrevoir le Métaverse, selon Vicentia Asilevi de Tezos Africa, pour qui « tout ce que nous connaissons dans le monde actuel pourrait être répliqué ». En tant que tel, le Métaverse est un monde virtuel, une version futuriste d’internet où des espaces virtuels sont accessibles via des interactions. C’est donc une forme de transposition de la vie réelle dans un cycle virtuel où toutes les activités peuvent se mener.
« Le Métaverse est une opportunité et une chance pour le marché africain de créer de la valeur. Les NFT, les cryptomonnaies et les technologies nouvelles représentent des facilités pour le marché africain d’être plus représentatif sur le marché global, et de pouvoir changer l’argent fiduciaire en argent mobile. Le business model est de décentraliser les finances africaines », partage Ismael Ould de Wynd, France.
Un potentiel économique énorme
Dans cet univers nouveau, se développent virtuellement de nombreux secteurs, comme l’éducation, le sport, la culture, les affaires, etc. Des services qui peuvent être vendus en ligne avec des cryptomonnaies, elles-mêmes fondées sur la technologie de la blockchain. Le Métaverse est tout aussi supporté par la blockchain pour sécuriser les transactions et les paiements via les cryptomonnaies.
Selon le groupe financier américain, Bloomberg, le potentiel du marché du Métaverse pourrait atteindre 800 milliards de dollars d’ici 2024, voire même 2 000 milliards en 2030. Mais comment ? Le Métaverse fournira une plateforme à toutes les activités possibles qui y seront menées et généreront de l’argent. De la même façon que l’on s’habille, on assiste à un match de football ou un concert, on achète un terrain dans la vraie vie, nous pouvons le faire dans le Metaverse, rappelle Vincentia Asilevi.
Carine Dikambi, directrice de Binance Afrique francophone, abonde dans son sens. Et revient sur les possibilités de revenus générés par le Métaverse, notamment pour les créateurs. « Avec son concept de peer to peer, le Métaverse redonne la liberté à l’utilisateur finale. Il peut participer sans barrière d’entrée, assure-t-elle. Ainsi, les NFT permettent aux créateurs de mettre à disposition du monde entier, leurs œuvres, sans intermédiaires. C’est une façon d’avoir accès à l’économie mondiale à travers son smartphone ! », se réjouit-elle.
Un point de vue partagé par Ismaël Ould, puisque, selon lui, « le Métaverse permet le développement du E-commerce sans la supply chain, celle-là même qui pose problème en Afrique ». Même si l’expert rappelle les dangers des spéculations autour des cryptomonnaies et des NFT. Dans ce cas, explique-t-il, le parieur doit avoir conscience qu’il peut perdre son argent et ne doit pas investir ce qu’il n’est pas prêt à perdre.Selon Nelly Chatue-Diop, fondatrice de la FinTech Ejara, ce rôle est dévolu aux régulateurs locaux pour déceler les failles et les problèmes liés aux cryptomonnaies, en vue de les régler. Intervenant sur ce sujet, Philippe Nadeau appelle de son côté à ne pas confondre régulation et interdiction des cryptomonnaies. Car, dit-il : « autant les gouvernements peuvent réguler la finance traditionnelle, autant ce sera encore plus compliqué avec la finance décentralisée. »
Pour ce dernier, « ce qui fera le succès d’un Métaverse, c’est son interopérabilité et sa masse critique d’utilisateurs. Il faudra que chacun puisse s’exprimer dans son univers et donner la possibilité de pouvoir passer de son univers à un autre avec ses objets. C’est ce qui va permettre de générer des revenus ». Si le Métaverse représente l’avenir du monde, d’après Carine Dikambi et Vicentia Asilevi, c’est encore plus vrai pour l’Afrique. Un continent qui doit encore pourtant s’arrimer sur plusieurs aspects dont la formation, l’information et les infrastructures numériques de pointe.
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