Lors des Assises de la Transformation Digitale en Afrique (ATDA), organisées les 20 et 21 novembre à Abidjan, Redda Ben Geloune, figure incontournable du débat sur le numérique et la transformation technologique, a livré une intervention marquante. Avec une analyse lucide et sans concessions, il a appelé à une réflexion sur les enjeux de la singularité technologique et la place de l’Afrique dans cette dynamique mondiale.
Un moment charnière pour le continent
Dans son discours, Redda Ben Geloune a mis en lumière l’accélération exponentielle des technologies à travers le monde. « Nous avons atteint un point de rupture, un moment où la convergence des innovations redéfinit les équilibres économiques et technologiques », a-t-il souligné. Cette convergence, décrite dans la théorie de la singularité, implique que toutes les technologies convergent vers une transformation profonde et rapide.
Cependant, pour Redda Ben Geloune, l’urgence réside dans la capacité de l’Afrique à s’inscrire dans ce mouvement. Avec une population jeune, représentant 20 % de la démographie mondiale, et une moyenne d’âge de 20 ans, le continent dispose d’un potentiel unique. Pourtant, sa contribution économique globale reste anémique, à seulement 3 % du PIB mondial.
Des écarts d’investissements qui interpellent
Les chiffres présentés par Redda Ben Geloune ont frappé l’auditoire. Les États-Unis consacrent 67,2 milliards de dollars annuels à l’intelligence artificielle, soit l’équivalent du PIB de la Côte d’Ivoire. L’ensemble du continent africain, quant à lui, n’investit que 3 milliards dans les technologies avancées. « Cela signifie que les États-Unis investissent 450 fois plus que l’Afrique. Cet écart est vertigineux et pose la question de notre positionnement stratégique », a-t-il déclaré.
M. Ben Geloune a également rappelé que d’autres puissances, telles que la Chine, la Corée du Sud et l’Inde, injectent des milliards dans des secteurs clés comme les semi-conducteurs, les infrastructures numériques et les startups technologiques. L’Afrique, en revanche, reste à la traîne, risquant de perdre encore plus de terrain dans les décennies à venir.
Trois scénarios pour l’avenir de l’Afrique
Redda Ben Geloune a esquissé trois trajectoires possibles pour le continent :
Le statu quo : Si l’Afrique continue sur sa lancée actuelle, il lui faudra 127 ans pour atteindre une contribution significative de 15 % au PIB mondial.
L’inaction : une absence de mesures concrètes entraînerait une baisse de la part de l’Afrique dans l’économie mondiale, passant de 3 % aujourd’hui à moins de 1 %.
Une action décisive dès maintenant : avec une stratégie ambitieuse et des investissements massifs, l’Afrique pourrait combler son retard et atteindre 15 % du PIB mondial d’ici 2040.
Les clés de la transformation : souveraineté, partenariats et investissements
Pour relever ce défi, Redda Ben Geloune a insisté sur trois axes majeurs :
- Investir dans les infrastructures technologiques pour accompagner le développement de l’intelligence artificielle et des secteurs numériques.
- Garantir une souveraineté des données : les données étant le socle de l’intelligence artificielle, leur gestion doit être pensée au niveau national.
- Créer des partenariats stratégiques : collaborer avec des entreprises locales et internationales ayant une vision claire et une volonté de développement durable de l’écosystème technologique africain.
Une opportunité à saisir
« Nous sommes à un moment critique. Ce que nous faisons aujourd’hui déterminera l’avenir de l’Afrique, mais aussi celui de l’Europe et des autres régions », a-t-il conclu.
Pour Redda Ben Geloune, l’ATDA a été l’occasion de rappeler que l’Afrique, riche de sa jeunesse et de son potentiel, peut et doit jouer un rôle central dans l’économie mondiale. Mais cela nécessite des actions concrètes, immédiates et coordonnées. « L’heure n’est plus aux discours. Nous devons agir. »
Un message fort qui résonne au-delà d’Abidjan, alors que le continent cherche sa place dans la révolution technologique en cours.
Synthèse réalisée par Amina Eltamali, spécialiste en IA générative – Mind AI