Avec la hausse des activités en ligne pendant le confinement, 25,9 millions francs rwandais ont été volés de janvier à mars 2020 et 44,6 millions les trois mois d’après. Soit 72% du montant d’argent impliqué selon les statistiques du Bureau d’Investigation au Rwanda (RIB), rapporte la presse locale.
(CIO Mag) – Selon Jeannot Ruhunga, secrétaire général du RIB, la montée de ces crimes informatiques est due à l’élan vers le numérique engendré pendant la crise de la Covid-19. Tandis que les crimes de vols physiques ont diminué à cause de la restriction des déplacements imposée pour empêcher les contaminations.
Les crimes liés à l’argent mobile représentent une bonne partie des cas de cybercriminalité. À en croire certains responsables des télécommunications, une augmentation est à noter dans ce domaine. Pour y parvenir, les cybercriminels se jouent de l’envoie des faux SMS et l’appel des clients pour obtenir leurs code PIN ou toutes autres informations confidentielles permettant de détourner de l’argent mobile.
Pour contrer ces activités criminelles, le RIB et les télécoms ont opté pour la sensibilisation des populations à la cybersécurité. Ce, afin qu’elles soient aux faîtes de la manière de procéder des voleurs et aussi qu’elles apprennent à se protéger des attaques.
Le 27 juillet dernier, le RIB a arrêté six jeunes hommes coupables de vol d’argent mobile, de numéros secrets et de cartes SIM à des agents de Mobile Money. Ces individus ont expliqué leurs modes d’opérations. Ils se font par exemple passer pour des employés ou des partenaires d’entreprises de télécommunications, se lient d’amitié avec les gens sur les médias sociaux et les trompent avec divers cadeaux qu’il faut cependant récupérer avec de l’argent.
Selon la Banque centrale, les cybercriminels présumés ont volé environ 289,5 millions de francs rwandais aux institutions financières rwandaises sur 22 incidents en 2018. 208,4 millions Rwf ont été récupérés par la suite. Une baisse par rapport à l’année 2017 où 80 incidents équivalaient à 2,6 milliards de francs.
L’année dernière, Peace Uwase la directrice de la stabilité financière de la Banque nationale du Rwanda a rapporté que l’évaluation de l’état de préparation des institutions financières a permis de relever des lacunes liées au renforcement des contrôles en matière de cyber sécurité et de confidentialité des informations sur les clients.
Globalement, le pays a perdu 6 milliards de francs en cyber-fraude en 2019. Le même préjudice financier avait été enregistré en 2018 d’après le bureau d’enquête du Rwanda.
Quel arsenal de protection?
Face au fléau de la cybercriminalité, Paula Ingabire, la ministre rwandaise en charge des TIC a exhorté, l’année dernière, la mise en place des stratégies qui garantissent que toutes les parties prenantes de l’ensemble de l’écosystème travaillent ensemble pour relever certains des défis.
De ce fait, il faut noter que pour sécuriser son cyberespace, le Rwanda dispose d’une Equipe nationale d’intervention en cas d’incident de sécurité informatique (Rw-CSIRT). Mais aussi d’un Centre national de certification numérique (NDCC) pour la prévention, la réponse et la sensibilisation aux incidents de cyber sécurité dans le cyberespace public et privé.
Par ailleurs, depuis le 20 juillet 2020, le Rwanda ainsi que les autres pays du Commonwealth bénéficient des services de « Get Safe Online », une organisation à but non lucratif basée au Royaume-Uni, qui fournit des services publics d’éducation et de sensibilisation gratuits, accessibles et de haute qualité sur les risques en ligne depuis 2005. Ce, à travers une campagne de sensibilisation à l’importance de la sécurité en ligne. Elle est lancée dans le cadre du programme de cyber sécurité du Commonwealth et du Royaume-Uni.
D’après Peter Davies, l’ambassadeur mondial de Get Safe Online, le but de la campagne est de sensibiliser aux risques et aux mesures de sécurité qui protégeront les gens des risques de sécurité en ligne. Ces risques comprennent les escroqueries par hameçonnage, le vol d’identité, les ransomwares, les logiciels malveillants, les virus et autres menaces en ligne.
Aurore Bonny