Après quatre ans passées à la tête de la très stratégique APEBI – Fédération des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring du Maroc -, Saloua Karkri-Belkeziz passe le témoin. Celle qui a mis son talent et son entregent au service de la transition digitale du Royaume a contribué à l’envol du secteur de l’Informatique et des Télécoms. Grâce à elle, l’IT est une locomotive de croissance et de développement. Tour d’horizon des différentes réalisations de cette militante convaincue.
(CIO Mag) – Des adieux à un poste qu’on a occupé pendant quatre ans, ce n’est jamais facile. A fortiori lorsque plusieurs chantiers arrivent à maturation. Pour Saloua Karkri-Belkeziz, c’est avec fierté et avec le sentiment du devoir accompli qu’elle tourne la page. Au terme de ses quatre années de mandat à la tête de l’APEBI, l’ancienne députée parlementaire de la Chambre des Représentants dresse le bilan de ses actions. Entre 2016 et fin décembre 2019, Saloua Karkri-Belkeziz a créé des synergies au sein de l’écosystème digital. Elle a notamment participé à l’accompagnement de la réflexion nationale autour du nouveau modèle de développement numérique au Maroc.
Un mandat aux résultats éloquents
En troquant le statut associatif pour celui de fédération, l’APEBI a voulu changer de paradigme et d’échelle. Une ambition qui s’est concrétisée par une augmentation substantielle de ses membres. Quelque 89 nouveaux membres ont été enregistrés au cours de la mandature de Mme Karkri-Belkeziz. Grâce au leadership de la présidente, l’APEBI a graduellement su porter la parole des grandes entreprises marocaines du numérique. L’objectif a été de renforcer la cohésion autour du triptyque intelligence, influence et appartenance. Le budget de fonctionnement de l’organisation a considérablement augmenté. En 2016, il était d’environ 200.000 euros, contre près de 700.000 en 2019. « Nous avons su dynamiser cette belle institution, qui ne cesse aujourd’hui de se moderniser », atteste, dans un document, celle qui fut la patronne de l’APEBI.
Les start-up à la hausse
« Aujourd’hui, nous pouvons nous enorgueillir d’un mandat qui a tenu ses promesses. A l’occasion des trente ans de notre fédération, nous avons amélioré notre plan de communication et notre charte graphique en adoptant un nouveau logo. Il représente la mosaïque des savoir-faire et des métiers novateurs », poursuit-elle. Au nombre des priorités de Saloua Karkri-Belkeziz, la promotion de la femme et de l’innovation, tout particulièrement au travers des start-up. La Présidente de GFI Afrique en recensait 38 en 2019, soit 17 % de start-up pilotées par des femmes parmi les membres de l’APEBI.
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Les start-up restent l’un des marqueurs forts du mandat de Mme Karkri-Belkeziz. Son premier objectif a d’ailleurs consisté à « constituer un vivier de start-up et à les fédérer autour d’un plan d’actions pour défendre leurs intérêts ». La fédération ne s’est pas arrêtée à la mise au point d’un nouveau statut pour les start-up. Elle a également lancé les premières assises de la start-up au Maroc. L’évènement s’est ensuite annualisé. Il a vocation à réfléchir aux « défis et aux moyens de promouvoir l’écosystème », atteste la présidente sortante et son vice-président général, Youssef El Alaoui. Et à instaurer un environnement juridique et financier adapté à l’inclusion économique et à la promotion des start-up au Maroc.
Faits marquants au plan national et à l’international
L’APEBI s’est en particulier positionnée sur l’élaboration de la stratégie Maroc Digital 2020. Et s’est impliquée au plus haut niveau grâce au prestige dont elle jouit auprès des autorités marocaines. La réalisation phare restera sans nul doute l’organisation de l’Africa IT Expo (AITEX), qui s’est tenu les 24 et 25 octobre à Rabat. Ce forum international professionnel a enregistré la participation de plus de 20 pays africains, en sus des acteurs venus d’autres continents. Pour les différents écosystèmes numériques du monde, la quatrième édition a été l’occasion de débattre des dernières innovations digitales et de leurs impacts socio-économiques.
Le secteur de la formation a également été investi par Saloua Karkri-Belkeziz. On lui doit des projets importants, dont deux conclus avec les gouvernements belge et allemand. En 2019, un Certificat de qualification professionnel (CQP) a été lancé, en partenariat avec l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC). Ce projet ambitieux vise à former, sur six mois en alternance, jusqu’à 5 000 diplômés Bac +3 Scientifique, dans les métiers de l’informatique. Il est programmé dans douze régions du Maroc et sur trois ans. « C’est aussi le rôle de l’APEBI de généraliser le dispositif au plan national », insiste Saloua Karkri-Belkeziz. Le pôle Offshoring a également enregistré de belles réalisations. « L’exercice 2018 a été consacré à la contractualisation des accords avec les pouvoirs publics et les partenaires, tant au niveau stratégique que régional. L’année 2019 a démarré avec des actions concrètes pour doter la structure d’animation des moyens pour agir et assurer son démarrage effectif. Une des ressources est dédiée à l’opérationnalisation du plan d’actions », soulignent Mme Karkri-Belkeziz et Youssef El Alaoui, son binôme.
Au cours du précédent mandat, l’Association marocaine de la relation client (AMRC) et l’APEBI ont mis en place une structure d’animation des écosystèmes offshoring, avec entre autre soutien l’Agence du développement du digital. « La mission est d’accompagner le plan d’action et les mesures assorties pour atteindre les objectifs du Plan d’accélération industrielle (PAI) 2014-2020. Elle coïncide avec les engagements pris lors de la signature des contrats de performance des écosystèmes offshoring », détaille le document. Sept chantiers seront déployés sur trois ans, dont la communication, la promotion, la prospection, l’accompagnement, la formation, ainsi que la certification.
Relations institutionnels établies
Des liens étroits ont été établis avec le Gouvernement marocain durant le mandat de Madame Belkeziz. Elle a d’ailleurs rencontré le Chef du Gouvernement, le 11 décembre 2019. Au cours de cette audience, il lui a été présenté un résumé d’une consultation publique sur l’IT au Maroc. Et sur ses imbrications dans les politiques publiques et les stratégies de croissances des entreprises marocaines. Ces échanges avec l’ensemble des parties prenantes ont donné lieu à un Recommendation Paper intitulé : « Le Digital, au cœur du nouveau modèle de développement du Maroc ». Ces préconisations ont été dévoilées le 04 décembre dernier à Rabat, lors d’une cérémonie de restitution, en présence du ministre du Commerce, de l’industrie, de l’économie verte et du numérique. Au plan international, l’APEBI a œuvré à l’adhésion du Maroc à l’Alliance Smart Africa. Le Royaume est le 30ème Etat à rejoindre l’Alliance. L’objectif consiste à connecter l’Afrique et à aider les pays membres à atteindre les Objectifs du développement durable en capitalisant sur les TIC.
D’autres réalisations, comme les partenariats stratégiques avec la Banque mondiale, Poste Maroc, Moroccan French Tech, l’AFD, l’ONUDI, Oxford Business Group, sont autant de marqueurs emblématiques des actions menées par Saloua Karkri-Belkeziz. Elle quitte la direction de la Fédération des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring du Maroc la tête haute et avec la satisfaction d’avoir servi l’écosystème de son pays à un tel niveau de responsabilités. C’est aussi sous son mandat que le Mpay Forum a été lancé. Ce rendez-vous annuel dédié à la finance digitale en Afrique a été organisé en partenariat avec le magazine CIO Mag. L’événement, qui est devenu un rendez-vous incontournable, met l’accent sur les paiements mobiles comme outils d’inclusion financière. Lors de la 3e édition, intitulée « Le futur du paiement sera-t-il mobile ? », le Maroc était à l’honneur. Autant de dossiers qu’elle laisse à son successeur Amine Zarouk, directeur général d’Alten DC Maroc et à son acolyte Mehdi Alaoui, Directeur général de APP Editor. Une nouvelle équipe à laquelle, elle renouvelle sa totale confiance d’autant qu’ils faisaient « partie de mon bureau et ont une bonne maîtrise des dossiers ».
Ousmane GUEYE