L’appropriation du logiciel libre est la clé de succès du développement numérique de la Côte d’Ivoire. Les membres de l’Association ivoirienne pour linux et les logiciels libres (AI3L) l’ont réaffirmé, une fois de plus, au cours de la 9ème édition de la journée mondiale des logiciels libres.
Pourquoi les universités et grandes écoles, les administrations publiques et les entreprises ivoiriennes sont-elles réticentes à l’utilisation des logiciels libres ? Cette préoccupation était au cœur des échanges de la 9ème édition de la journée mondiale des logiciels libres baptisée Software Freedom Day 2014. Pour y répondre, le président de l’Association ivoirienne pour linux et les logiciels libres (AI3L), Sidik Touré, a réuni dans la matinée du samedi 27 septembre à l’Esatic, la communauté des “libristes” ainsi que des experts dans le domaine du logiciel. Parmi eux, le Dr Ibrahim Lopko, directeur général de la modernisation de l’Administration et de l’informatisation.
Les facteurs bloquants au développement du logiciel libre
Pour avoir conduit à pas de charge la transformation du système informatique de gestion des fonctionnaires et agents de l’Etat de Côte d’Ivoire, il cite plusieurs facteurs bloquants à la diffusion des logiciels libres. Notamment, le goût du risque non prononcé, les uns et les autres préférant une carrière dans les entreprises de renoms ; la paresse dans le travail, alors que l’usage du logiciel libre demande une implication véritable pour pouvoir produire du contenu ; l’explosion des logiciels libres ; et la facilité d’accès des logiciels propriétaires. Sous l’effet conjugué de ces facteurs, les professionnels de l’informatique peinent à s’approprier les logiciels afin de participer au développement d’une société ivoirienne de l’information. Aux étudiants de l’Esatic, il a conseillé d’avoir constamment à l’esprit de vouloir résoudre, via les logiciels libres, des problèmes concrets de leur environnement. « Si on a ce reflex d’améliorer notre société en résolvant des problèmes réels, ça (ndlr : l’utilisation des logiciels libres) va devenir quelque chose de naturel. C’est cette culture que nous devons développer », a-t-il argumenté.
Grandes écoles et universités : centres d’incubation
Avant lui, le directeur étude et développement d’Orange Côte d’Ivoire, Didier Kla, a félicité la Société nationale du développement informatique (SNDI) qui a « vite compris l’importance et l’utilité des logiciels libres » dont l’appropriation conduira au « vrai développement de l’Afrique». S’appuyant sur l’exemple de la Silicon Valley (Etats-unis) qui s’est développée avec le concours des grandes universités qui l’environnent, Didier Kla a expliqué que « c’est par l’école et par l’éducation qu’on peut créer. Et à travers le logiciel libre, on peut faire beaucoup de choses ». Aussi le parrain des “libristes” ivoiriens a-t-il affirmé que le Village des technologies de l’information et des biotechnologies (Vitib), zone franche ivoirienne consacrée aux entreprises du secteur des Tic, ne se développera que si de solides partenariats sont noués avec les universités et grandes écoles compétitives.
Pour sa part, Sidik Touré, le président de l’AI3L a exhorté les gouvernants, en général, et les étudiants, en particulier, à adopter les logiciels libres qui « s’imposent à eux ». Et pour cause : « Toutes les applications qui sortent aujourd’hui, dira-t-il, sont (développées) sous logiciels libres. Et un Etat qui se veut émergent a besoin d’étudiants qui s’y connaissent en développement et surtout en développement de logiciels libres ».