Unwanted Witness, un organisme ougandais de surveillance des droits des communications numériques, dénonce la répression derrière l’accord signé entre l’Ouganda et Joint Stock Global Systems – une société russe – pour l’installation des traceurs numériques sur les motos et les voitures du pays.
(Cio mag) – En exprimant le souhait d’installer des caméras de vidéosurveillance et des systèmes de localisation numériques sur les véhicules, Yoweri Museveni, le Chef d’Etat ougandais entend lutter contre la criminalité. Mais la population ne l’entend pas de cette oreille. Car cette décision a suscité de vives réactions.
Selon Dorothy Mukasa, la dirigeante d’Unwanted Witness, les régimes répressifs usent du prétexte de la sécurité nationale pour surveiller les gens et piétiner les droits des personnes.
Elle est convaincue qu’il s’agit d’une extension du plan étatique de surveillance des populations et plus particulièrement des politiciens, des militants et des journalistes de l’opposition.
Protection des données menacée
Christ kalema activiste des droits digitaux et technologue au sein du même groupe a également rappelé que les données stockées de manière centralisée sont très attrayantes pour les acteurs malveillants.
« Il ne s’agit pas de savoir si, mais quand, elles seront violées. Si elle est mise en œuvre, la centralisation des données entraînera très probablement d’énormes violations du droit à la vie privée et des cyberattaques», a-t-il prévenu.
"Storing GPS data of Ugandans at one central point makes it liable to risks such as violation of the right to privacy & cyberattacks" – @KalemaChris, technologist @UnwantedWitness highlighted the risks associated with data centralisation of GPS vehicle data
📹 via @ntvuganda pic.twitter.com/iIuxsD8tiz
— UnwantedWitness (@UnwantedWitness) July 27, 2021
Soulignant aussi l’absence de consultations avec les parties prenantes pourtant importante, l’avocat ougandais, Allan Sempala a remarqué que ce processus de surveillance n’est ni cru ni accepté par beaucoup.
« Alors nous avons une raison de croire que ce système de suivi GPS est de mauvaise foi », a-t-il fustigé.
Pour l’organisme de défense des droits de communication numérique, ce suivi à temps plein de tous les usagers de la route, sans aucune autorisation et la connaissance de la personne quant à leur emplacement, est une interférence extrême pour la vie privée et n’est pas justifiable même avec l’excuse d’attraper des criminels.
De leurs côtés, les autorités ougandaises ont assuré aux automobilistes que la vie privée de chacun sera respectée lors de l’installation de traceurs du système de positionnement global (GPS) dans tous les véhicules publics et privés, les motos et les bateaux du pays.
« Entreprise russe douteuse »
Pour la mise en œuvre, tous ces engins devront se faire enregistrer de nouveau afin de recevoir de nouvelles plaques d’immatriculation intégrées au dispositif de suivi numérique.
« Néanmoins, je veux rassurer le public que les termes et conditions du contrat offrent au gouvernement des droits et des protections clairs si les circonstances alléguées se matérialisent », a indiqué Jim Muhezi, ministre du Cabinet pour la sécurité nationale repris par la presse locale.
Laquelle a également soulevé des dossiers qui indiquent la faillite de l’entreprise russe bénéficiaire de ce projet pour 10 ans signé vendredi dernier. Les observateurs ougandais la suspectent de vouloir se servir de ce contrat avec l’Ouganda comme bouée de sauvetage.
Par la même occasion, les députés ougandais ont demandé un audit et une enquête sur les processus d’attribution de l’accord de suivi numérique des voitures à une société russe, Joint Stock Company Global Security, pour la mise en œuvre du système de surveillance des transports.
D’après Dorothy Mukasa, « le gouvernement bafoue les lois sur les marchés publics tout en engageant une entreprise russe douteuse pour espionner », a-t-elle exprimé sur Twitter tout en rappelant l’essentialité de « la confiance » en matière de protection des données.
Aurore Bonny