Editeur de logiciels, Jalios est co-fondé par Vincent Bouthors et Olivier Dedieu en 2001. Ses métiers couvrent un périmètre fonctionnel allant de la gestion électronique de documents à la capitalisation des connaissances via l’intelligence collective, en passant par le social learning pour les entreprises. Avec un chiffre d’affaires de plus de 7 millions d’euros, l’activité est en pleine croissance grâce à sa capacité d’innovation. Pour son ouverture à l’international, Jalios s’oriente vers l’Afrique, un continent en plein essor et où est originaire une partie de ses équipes multidisciplinaires. D’où son engagement sur le Digital African Tour 2018. Entretien avec Vincent Bouthors, PDG de l’éditeur.
Aujourd’hui, quelle est la place de l’intelligence collective dans les entreprises et dans les administrations ?
Aujourd’hui, on a besoin d’être à plusieurs pour arriver à relever des défis et donc, que l’on soit dans le secteur public ou privé, on a besoin de collectif.
Le terme intelligence collective fait écho au fait que le tout est supérieur à l’ensemble des parties. On sent qu’on a besoin de partager les défis, de rêver ensemble. Cette dimension-là, elle passe par la communication. Pour arriver à mobiliser les énergies, il faut déjà arriver à communiquer. Communiquer apporte de l’agilité, mais ça ne permet pas obligatoirement d’être efficace collectivement. Donc, cet enjeu de l’intelligence collective, c’est aussi l’intelligence organisationnelle : comment s’organiser pour être efficace ensemble ?
C’est pour cela qu’on se présente comme catalyseur de l’intelligence collective, parce que ce n’est pas notre outil qui la crée à lui tout seul. L’outil en tant que support aide mais il faut des hommes et des femmes derrière.
« Chaque pays a sa culture, qui parfois favorise la collaboration ou parfois la gêne. »
Quels sont les défis à l’avenir pour l’intelligence collective, quelle serait la place de l’intelligence collective en Afrique ?
Le défi, c’est le côté humain. Nous fournissons les outils mais comment des groupes, ou des organisations peuvent se l’approprier ? C’est un vrai défi important qui ne dépend pas que de nous justement. Notre approche, c’est de dire qu’il existe différentes méthodologies, pour faire travailler les gens ensemble en partant des objectifs. Parce que l’objectif peut changer d’une entreprise à une autre, d’un organigramme à un autre. En France par exemple, il y a une culture de l’excellence qui nous vient de la révolution, qui, à certains égards, est un frein à la collaboration. Il y a aussi cette culture de la communication qui est très forte. Je pense parfois qu’il y a aussi une culture de la hiérarchie qui est encore assez prononcée en Afrique, sans en faire une généralité. Après, c’est chaque organisation, chaque entreprise qui a besoin de comprendre quel est le projet, de savoir se donner un objectif qui soit réaliste. Nous, notre outil permet, selon d’où vous venez et où vous allez, d’activer les fonctionnalités qui sont pertinentes, quel que soit le type d’organisation de l’entreprise, que le projet soit de longue durée ou de courte durée.
Dans un secteur où l’activité est très concurrentielle, quel est le positionnement de Jalios ?
De façon générale, un des éléments qui nous permet de nous démarquer, c’est de couvrir un vaste périmètre et de façon homogène. Notre principal concurrent, c’est Microsoft avec Office 365. Mais on s’intègre avec Office 365, car on a besoin d’éditer des documents Office. On a besoin de gérer des mails. Donc on a intégré ces composants-là. Par contre, on concurrence d’autres composants comme Sharepoint, Teams et Yammer. Nous proposons des espaces collaboratifs dans lequel on va aller piocher les services qui sont utiles.
Notre distinctif, une couverture fonctionnelle extrêmement large et avec cohérence et on offre une liberté supplémentaire à nos clients qui ne vont pas être pieds et mains liés à un seul fournisseur.
Plus concrètement, comment fonctionnent vos services ?
On a plusieurs modèles économiques qui coexistent. On peut être soit en mode abonnement. Il y a juste un CTOP au nom de l’utilisateur, et c’est 6 euros par utilisateurs par mois. Nos clients ont des organisations de 200 personnes à 65 milles personnes. Le cœur de cible, ça va être plutôt de 500 à 5 milles personnes. Là encore, la volumétrie, c’est quelque chose que l’on sait gérer ; pour servir des clients de très grande taille.
On fonctionne aussi par licence. L’application tourne sur le serveur du client. Il choisit ce qu’il préfère. Les deux modes sont disponibles.
« On n’a pas moins du tiers de nos effectifs qui est originaire du continent africain (…) Certains d’entre eux rêvent de retourner dans leurs pays pour contribuer à l’économie de leurs pays »
Qu’est ce qui explique votre intérêt pour l’Afrique ?
C’est une question importante. Il y a plusieurs éléments, mais peut être le premier, c’est l’aspect de cœur. On n’a pas moins du tiers de nos effectifs qui sont originaires du continent africain ; soit qui ont fait leurs études en Afrique et qui sont venus en France, ou parfois qui sont nés en France mais originaires d’Afrique, aussi bien d’Afrique du nord que de l’Afrique noire.
Le deuxième élément, le dynamisme. Le continent africain est un continent extrêmement dynamique, avec un développement énorme en ce moment. On a des gens qui connaissent les différents pays et qui rêvent de retourner dans leurs pays pour contribuer à l’économie de leurs pays, avec le professionnalisme qu’ils ont acquis dans leur métier, et en particulier en France.
Le domaine de l’informatique, c’est un domaine où il y a un besoin d’informaticiens extrêmement important. Parfois, on a des Français qui partent aux Etats-Unis et heureusement, on a des Africains qui viennent en France.
Quel est le sens de votre participation au Digital African Tour 2018, notamment au Sénégal ?
L’enjeu, c’est de se développer en Afrique. Deux domaines nous ont semblé importants, parmi les composants de notre offre. Le premier, c’est la gestion documentaire ; un marché dynamique qui correspond à un besoin réel d’un certain nombre de nos clients notamment dans les banques centrales en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Le deuxième axe qui était à l’honneur au Sénégal, c’est la partie Social learning. Il a été surtout question de l’éducation au niveau de la formation initiale, c’est-à-dire jusqu’à l’âge adulte. Mais il y a un autre volet et c’est plutôt sur ce volet qu’on se positionne, qui est celui de la formation une fois qu’on est en entreprise.
Une fois qu’une entreprise recrute des personnes, elle a besoin de les former rapidement et efficacement. C’est sur ce volet qu’on intervient. Quand on a besoin de compétence en entreprise, il y en a 10% qu’on acquiert de façon organisée, parce qu’on a suivi des formations ; 20% qu’on apprend en interrogeant ses collègues. Et il y a 70% qu’on apprend sur le tas en faisant ses expériences, via des échecs…
Donc le social learning est différent en ce sens que ce sont les collègues qui transmettent le savoir. C’est quelque chose de nouveau par rapport à l’e-learning et qui consiste à s’appuyer sur les 20%. On peut aussi par exemple, s’il s’agit d’apprendre à dévisser une pompe et à la remonter, avoir une vidéo qui montre comment on le fait. Si un expert peut l’apprendre à d’autres collègues, une vidéo permet d’apprendre seul sans qu’on ne mobilise le collègue (l’expert) à chaque fois.
A un moment donné, on va voir les différentes vidéos qu’il a faites en ligne, et par contre ce qui est important, c’est de pouvoir l’interpeller échanger sur les zones d’ombre. On entre là dans l’intelligence collective. Nous, il y a une chose qu’on a mise en place et qui s’est avéré extrêmement puissante, ce sont les guides. C’est le JGuide : une série de photos avec une petite explication à chaque étape. Comment est-ce qu’on fait une petite explication pour chaque étape ? Comment est-ce qu’on réalise une commande SAP ? Comment on détartre la machine à café ? Comment on fait une campagne marketing ? Ce sont de petits savoirs qu’on appelle le micro learning. C’est comment j’apprends quelque chose de façon simple.