La RDC, porte-drapeau de l’Afrique à Vivatech

La 5ème édition de Vivatech s’est tenue cette année en version hybride, à Paris et online, du 16 au 18 juin. L’Afrique était relativement absente de ce grand salon dédié aux nouvelles technologies et à l’innovation. La RDC, unique pays du continent représenté à cette grand-messe de la technologie, avait pourtant vu grand pour l’occasion.

“Nous sommes ici pour donner et recevoir, pour présenter au monde les solutions numériques développées par la RDC”, a d’emblée affirmé le ministre de l’Economie numérique de la RDC, Désiré Casimir Eberande Kolongele, lors de cette 5e édition de Viva Technology. A la tête d’une délégation de startups, la seule de tout le continent africain, le ministre congolais a évoqué avec fierté l’innovation dans son pays, dans des domaines aussi variés que la santé, la fintech, le transport ou encore l’éducation.

Effectivement, plusieurs startups congolaises prometteuses étaient présentes à Vivatech, comme la fintech Okapi, qui vise à résoudre la problématique des non-bancarisés et favoriser l’inclusion financière grâce au mobile money. Ou encore l’entreprise innovante belgo-congolaise d’Intelligence artificielle Fit-For-Purpose Technologies et son produit phare Halisi, une solution d’authentification biométrique pour les animaux, qui entend faciliter l’assurance, la traçabilité, le commerce et la préservation notamment. La solution, déjà implémentée auprès d’une entreprise d’agritech au Kenya, se concentre pour le moment sur les vaches, mais prévoit déjà une expansion continentale. 

Echanges et soutien 

“Il faut que ces startups puissent se faire connaître. Nous voulons qu’elles aient une visibilité internationale, bénéficient d’un cadre d’échange, développent leur carnet d’adresses mais aussi qu’elles aient accès à des programmes de soutien et de mentorat”, a souligné Désiré Casimir Eberande Kolongele.

Les deux ministres de la RDC présents à Vivatech

Également présent à l’événement, le ministre des Postes, Télécommunications et Nouvelles technologies de l’Information et de la Communication de la RDC, Augustin Kibassa Maliba, a abondé dans ce sens. “Beaucoup de startups ont un génie extraordinaire, mais elles doivent être accompagnées. Les entrepreneurs ont besoin d’une meilleure formation et de meilleurs équipements. Vivatech est une occasion rêvée de venir échanger avec les partenaires, afin de capitaliser sur cette innovation, pour que l’écosystème, en plein développement en RDC, puisse profiter de ce que les autres font”. 

Cette année encore, l’événement a réuni pendant trois jours les leaders de l’écosystème de l’innovation du monde entier. Dirigeants de grands groupes, entrepreneurs ou représentants d’institutions nationales et internationales étaient réunis à Paris ou online. Il s’agissait du premier grand salon à se tenir en partie en présentiel en France depuis plus d’un an. Mais mesures sanitaires oblige, la jauge était réduite. Au total, ce sont 5000 visiteurs qui ont arpenté les stands du Parc des expositions, à la découverte des dernières innovations.  

Taxis volants du futur de la startup chinoise Ehang, robots animaux de compagnie, avion solaire, cabines de télémédecine, solutions de visio-conférences innovantes, le futur et ses nouveaux usages se dessinent sur ses stands. Des grands noms de la tech participaient à l’événement en distanciel, comme Marc Zukerberg, le patron de Facebook ou encore Tim Cook, le PDG d’Apple. L’Asie était tout particulièrement représentée, entre la présence de startups et de grosses entreprises chinoises et l’intervention remarquée du Premier ministre indien Narendra Modi par visio-conférence. “Je crois dans le pouvoir de la science de l’innovation pour nous aider à affronter l’avenir, qu’il s’agisse des défis environnementaux ou sanitaires”, a-t-il assuré, dans ce contexte encore marqué par la pandémie de Covid-19, qui a tout particulièrement affecté l’Inde.  

L’Afrique, trop timide à Viva Technology 

Pourtant, côté Afrique, la représentation, hormis la RDC, était bien timide. L’Africa Tech a rassemblé quelques personnalités lors d’un petit déjeuner au deuxième jour de l’événement, mais sans vraiment attirer les foules. Parmi les invités, Wilfrid Lauriano do Rego, coordonnateur du Conseil présidentiel français pour l’Afrique (CPA). Celui-ci a profité de l’occasion pour annoncer un partenariat avec le fonds d’investissement Seedstars Africa Ventures et lancé un appel aux grandes entreprises pour investir dans l’innovation africaine. “Nous sommes là pour continuer à promouvoir l’entrepreneuriat de la diaspora, sous l’angle de la technologie, car celle-ci contribue à accélérer ce mouvement de création de richesse”, a précisé le coordonnateur du CPA. “L’Afrique a une présence, même si elle est timide. Compte tenu du contexte, c’est déjà une bonne chose. La RDC est un très bon représentant de l’Afrique, et de la capacité d’innovation et d’agilité dont le continent fait preuve. Sa présence est un signal très fort”, s’est-il encore réjoui.

“L’activité économique doit aujourd’hui capitaliser sur le développement technologique. Nous accusons un retard, mais nous pouvons copier sur les essais et erreurs des autres, et aller beaucoup plus vite si on s’y met à temps. Nous devons avoir un meilleur contrôle de nos ressources, par le digital”, a de son côté assuré le ministre Augustin Kibassa Maliba. L’Afrique a certes désormais compris à quel point le digital était primordial, et sa capacité d’innovation du continent n’est plus à prouver. Mais reste encore à affirmer sa présence dans ce secteur porteur. Et cela commence, peut-être, par être mieux représentée et plus visible sur la scène internationale.  

Camille Dubruelh

Camille Dubruelh

Camille Dubruelh, Journaliste, coordinatrice éditoriale Cio Mag

Journaliste multimédia depuis 2010, Camille Dubruelh s’est spécialisée sur l’actualité du continent, traitant de domaines aussi divers que la politique, l’économie ou encore la culture. Très intéressée par les nouvelles technologies, le monde des start-ups et l’impact du digital sur le processus de développement, elle a rejoint en 2019 Cio Mag, le magazine de référence sur le digital africain, où elle exerce la fonction de coordinatrice éditoriale. Au-delà de ses fonctions au sein du magazine, elle anime régulièrement des conférences, en France et en Afrique, online et en présentiel, sur la thématique de l’économie numérique, de l’innovation et du financement.

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