5 opportunités et niches d’activités pour la FinTech ivoirienne

Malgré un environnement juridique et réglementaire peu favorable au développement de leurs activités, il existe de nombreuses opportunités pour la FinTech ivoirienne en matière d’inclusion financière et d’économie numérique.

Par Anselme AKEKO

(Cio Mag) – Qu’elles soient indépendantes, affiliées à des banques, financées par des groupes internationaux, ou implantées en Europe avec une filiale en Côte d’Ivoire, les startups de la FinTech sont actives à près de 95 % dans les paiements numériques et les solutions de transfert d’argent, révèle un rapport établi par la Banque mondiale (en collaboration avec l’Agence de promotion de l’inclusion financière de Côte d’Ivoire, novembre 2020), et dont Cio Mag a reçu copie.

Avec 37 fintechs, l’intégration des technologies dans la finance est en marche. Toutefois, la faiblesse des services financiers de deuxième génération (épargne et crédit) sur différents segments de l’économie nationale pourrait constituer des opportunités et des relais de croissance pour la FinTech.

Numériser les paiements de l’Etat

Selon le rapport susmentionné, le potentiel de flux financier à numériser est important au sein des services de l’Etat. Compte tenu de la quantité d’espèces et de chèques qui y circulent en dépit du cadre règlementaire favorable aux paiements électroniques. « Le potentiel de flux à numériser est élevé. Une partie de ces projets pourrait être confiée à des fintechs vu leur capacité à proposer des solutions beaucoup plus agiles », recommande l’équipe de la Banque mondiale.

Investir le monde agricole

Pour les spécialistes de Bretton Woods, l’agriculture représente un secteur à fort potentiel de numérisation. Avec 2,3 milliards USD de paiements annuels, le monde agricole constitue une réelle occasion car le secteur emploie 50 % de la main-d’œuvre. Malgré les initiatives lancées par des acteurs tels que Visa pour digitaliser les paiements dans le milieu, « les espèces y tiennent encore une grande place », constate la Banque mondiale. De plus, les agriculteurs vivant majoritairement en milieu rural ont massivement recours au mobile money qui représente 85 % des comptes. Une part de marché que la FinTech a la possibilité de capter en créant des offres de paiement adaptées.

Développer des produits de paiement pour le e-commerce

A en croire l’Autorité de régulation des télécommunications/TIC (ARTCI), la valeur journalière des opérations par mobile money a atteint 10 milliards FCFA (17 millions USD). Ce qui représente une plateforme pour le développement des achats en ligne et une niche de croissance pour la FinTech. Sur cette branche, l’activité de ces startups pourrait consister en des offres de produits et de services allant du paiement numérique à l’assurance et au crédit, indique le rapport. Pour illustrer son propos, il se sert de « la croissance de Alipay en Chine qui a développé tout un écosystème de fintechs autour de sa plateforme ».

Capter les flux transfrontaliers

Autre terrain à défricher, les transferts transfrontaliers figurent au premier rang des cas d’usages à offrir par les fintechs. Les estimations 2017 de la Banque mondiale dénombrent 2,3 millions de migrants en Côte d’Ivoire. Ce qui représente environ 10 % de la population globale et fait de ce pays le 2e en Afrique ayant le plus grand nombre de migrants après l’Afrique du Sud. Dans ce contexte, les flux d’envoi et de réception constituent une part de marché que les fintechs peuvent capter grâce à des offres de paiements agiles. Il suffit de constater les montants transférés de la Côte d’Ivoire vers le Burkina Faso voisin (près de 343 millions USD par an) pour se convaincre de l’importance de ce marché.

Égaliser l’inclusion financière des femmes

Une étude de la GSMA citée dans le document révèle que les hommes ont 65 % plus de chances que les femmes d’avoir un compte d’argent mobile et 85 % plus de possibilités d’être des utilisateurs actifs. Combler l’écart entre femmes/hommes dans l’accès aux services financiers est une mission que les fintechs peuvent réaliser. Notamment en encourageant l’adoption et l’utilisation de l’argent mobile chez les femmes. Une utilisation autre que les dépôts et les transferts d’espèces.

Libéraliser l’accès au canal USSD

Difficultés à mobiliser des ressources, collaborations ardues avec les banques, tickets d’investissement suffisamment bas, rapports tendus avec les opérateurs de téléphonie mobile… les freins qui amenuisent la croissance de la FinTech ivoirienne ne sont pas négligeables. Pour améliorer l’écosystème, ces startups réclament, entre autres, la libéralisation effective de l’accès au canal USSD sur lequel les opérateurs télécoms exercent un quasi-monopole ; la mise en place d’une licence de prestataire de services de paiements et l’interopérabilité des moyens de paiements électroniques. L’intention de ces startups est clairement de développer leurs partenariats avec l’ensemble des émetteurs de monnaie électronique.

Lire aussi » Côte d’Ivoire : l’INP-HB et Bizao lancent la 1ère Chaire dédiée à la FinTech africaine

Anselme AKEKO

Responsable éditorial Cio Mag Online
Correspondant en Côte d'Ivoire
Journaliste économie numérique
2e Prix du Meilleur Journaliste Fintech
Afrique francophone 2022
AMA Academy Awards.
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