Avec 180 ha de terrain supplémentaires entièrement viabilisés, le Village des technologies de l’information et de la biotechnologie (VITIB) de Grand-Bassam passe, cette année, à la vitesse supérieure. Parmi les projets innovants, le lancement d’un programme de pépinière dédié aux startups et aux très petites entreprises TIC. Les détails du projet avec Etienne Kouadio Doh, Chief Operating Officer.
Propos recueillis par Anselme AKEKO
CIO Mag : En quoi consiste l’incubation des startups au VITIB et comment ce projet évolue-t-il ?
Etienne Kouadio Doh : Depuis l’année dernière, nous avons sélectionné cinq projets d’un degré d’innovation très élevé que nous avons accompagnés avec des experts locaux. Essentiellement, notre mission a consisté à permettre à ces jeunes d’avoir des partenaires techniques et financiers. Ils ont pu également nouer des partenariats avec des opérateurs aussi bien locaux qu’internationaux, et avec des bailleurs de fonds. Cela a permis à ces jeunes d’avoir les ressources techniques et le financement dont ils ont besoin mais aussi le bagage intellectuel managérial. Pour faire d’eux des hommes d’affaires aguerris, des managers expérimentés. Et surtout les préparer à affronter la concurrence qui est forte dans le secteur du numérique. Ensuite, notre ministère de tutelle (Communication, Economie numérique et de la Poste, Ndlr) a pris le relais en créant depuis cette année la Fondation Smart Up pour la Jeunesse Numérique. Cette fondation accompagne les jeunes ivoiriens porteurs de projets.
« Le VITIB s’est positionné à un stade un peu plus élevé que l’incubation. »
Dès lors, comment le VITIB se positionne sur ce pan d’activité ?
Le VITIB s’est positionné à un stade un peu plus élevé que l’incubation. Nous allons offrir à ces jeunes la capacité de pouvoir lancer leur business de façon smart. Lorsqu’ils sortiront des programmes d’incubation, ils n’auront pas les moyens de louer des locaux en ville. Ainsi, nous lançons cette année un programme de pépinière d’entreprises auquel nous dédions tout un bâtiment. Il sera doté d’une capacité d’accueil de 40 à 50 startups et très petites entreprises, qui vont fonctionner en environnement d’affaires. D’ici la rentrée, ce bâtiment sera entièrement aménagé, et en fin d’année, nous allons l’ouvrir aux jeunes qui vont y louer des bureaux et recevoir des clients.
«C’est ce service Pépinière qui manque aujourd’hui en Côte d’Ivoire et que nous mettons sur place pour créer la transition entre les startups et les grandes entreprises.»
Que fait le VITIB de particulier dans ce projet ?
Ce que le VITIB fait de particulier, c’est d’offrir un cadre propice avec des loyers modérés et des services tout en un : un bureau, la connexion internet, l’électricité, l’eau, le téléphone, des salles de réunions et un secrétariat partagés. Mais tout ceci avec une seule facture. Ils auront également droit à un accompagnement pour trouver des rendez-vous à l’intérieur comme à l’extérieur. C’est ce service Pépinière qui manque aujourd’hui en Côte d’Ivoire et que nous mettons sur place pour créer la transition entre les startups et les grandes entreprises. Parce que ces startups doivent être demain des champions régionaux et internationaux. Cette phase de transition, nous l’assurons avec l’avantage aussi de la zone franche. Ces entreprises vont évoluer avec des avantages fiscaux et douaniers. Ainsi, une startup qui a besoin d’importer un équipement pour faire de la recherche, va pouvoir évoluer dans un environnement hors taxe. Ça va faciliter l’accès à la technologie internationale et mettre cette technologie à la disposition de la population.
Comment intégrer ce programme ?
D’ici juin, nous lançons les premières intentions de réservation, avec notre premier partenaire dans ce projet, le GOTIC (Groupement des opérateurs des TIC, Ndlr). Si nous avons encore de la capacité d’encadrement, nous pourrons l’offrir aux autres. Beaucoup se sont déjà manifestés pour occuper cet espace-là. Mais nous voulons prendre le temps de bien faire l’accompagnement. Donc, nous travaillons sur la plateforme d’accueil.
Parlons de la levée de fonds visant à financer les 5 premières startups incubées au VITIB. Quel en a été le résultat ?
Nous avons eu des retours satisfaisants de Business angels d’Amérique, du Canada et d’Europe. Aujourd’hui, ces cinq startups sont toutes en projet de négociation. Lifi-Led Côte d’Ivoire a déjà levé des fonds. Les autres sont accompagnées par la Fondation. Le processus est donc en cours, et nous sommes convaincus qu’ils auront les financements nécessaires. C’est vraiment une source de satisfaction parce que, à partir de ce projet et la visibilité offerte, tous les continents s’intéressent aujourd’hui à ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Nos jeunes sont mêmes sollicités à participer à un concours mondial dont les vainqueurs seront connus en septembre à Istanbul, à travers l’IASP : l’Association des parcs technologiques du monde, qui bénéficie aujourd’hui d’un fonds européen pour financer des startups. La Côte d’Ivoire a droit à quatre places de participation, et on espère qu’à ce sommet on pourra montrer les startups ivoiriennes qui vont bénéficier de ce fonds.
Aujourd’hui, combien comptez-vous d’entreprises IT au VITIB?
A ce jour, nous avons sur notre site 29 entreprises spécialisées dans les TIC. Des sociétés d’assemblage d’ordinateurs, d’assemblage d’armoires électriques, des datacenters. Nous avons également des sociétés de développement d’applications, des sociétés spécialisées dans l’archivage électronique, dans la formation, ainsi que des opérateurs télécoms qui sont actionnaires du VITIB. Orange y a construit son plus gros datacenter d’Afrique de l’Ouest. Moov a son partenaire Prestige Telecom au VITIB. MTN a ses installations au VITIB. Voici un peu l’écosystème numérique présent sur ce site. Il est situé à 15 kilomètres de l’aéroport, à 30 minutes du port. Vu la saturation d’Abidjan et le hub que représente cette ville pour la sous-région, le VITIB est l’endroit idéal pour s’y installer et faire du business. Ce sont les premiers installés qui vont tirer profit de l’essor de la sous-région.
« La zone franche sera inscrite parmi les chantiers qui mettent la Côte d’Ivoire sur le chemin de l’émergence. »
Quelles sont les perspectives de développement du VITIB à l’horizon 2020?
En fin d’année, le VITIB aura 180 hectares de terrain supplémentaires entièrement viabilisés. Soit, trois fois la capacité actuelle. L’an dernier, nous avons lancé toutes les études structurantes, pour conduire le VITIB à bon port sur les cinq à dix prochaines années. Ces études vont aboutir cette année. Les études de normes architecturales ont été validées. Le plan d’urbanisme général sera validé cette année. Parallèlement à ces études, nous avons lancé une étude de compétitivité nationale et internationale. Pour voir comment le VITIB se positionne par rapport au territoire national, et par rapport aux autres zones franches ; même mieux, par rapport aux zones franches internationales les plus avancées comme Dubaï et Casanearshore au Maroc. Cette étude va dégager les arguments forts que le VITIB devra mettre en avant pour la promotion, et les faiblesses sur lesquelles nous devrons travailler pour pouvoir attirer davantage d’investisseurs. Tout sera bouclé par la mise à jour du business plan du VITIB, qui va livrer véritablement les données chiffrées. Ce business plan actualisé va présenter les projections financières et permettre aussi au VITIB de conclure des partenariats privés-privés. Pour répondre exactement aux sollicitations des entreprises et démarrer le projet de zone résidentielle qui sera une réponse à l’hébergement de tous ceux qui vont travailler sur la zone de 180 hectares. D’ici 2020, nous avons foi que tous ces projets prendront forme et que la zone franche sera inscrite parmi les chantiers qui mettent la Côte d’Ivoire sur le chemin de l’émergence.