Ndaba Mandela est le Président de la fondation Africa Rising qui ambitionne de faire de la prochaine génération de leaders africains des acteurs du développement par la technologie, l’éducation et le développement de l’esprit entrepreneuriat. Cité parmi les « 28 men of change » par la chaîne américaine BET, Ndaba est le petit-fils de Nelson Mandela, dont il veut porter l’héritage sur le continent. Voici son entretien exclusif avec CIO Mag.
Propos recueillis par David GUEYE
Pour vous, quelle est la clé du développement africain ?
Pour parler du développement de l’Afrique, nous devons nous assurer que les bases ont été couvertes. Nous parlons donc d’éducation, de technologie, d’agriculture et nous parlons de développement personnel. Contrairement à ce qui est perçu dans les pays développés, certains Africains n’ont pas accès aux soins basics de santé ni même aux bonnes écoles. Dans notre fondation, nous essayons de nous concentrer sur l’éducation, la technologie et l’entrepreneuriat. Parce que beaucoup d’étudiants ont fini l’école sans toucher à un ordinateur. Comment vont-ils rivaliser avec d’autres dans un monde où certains pays comme le Japon et d’autres ont une avance de plus de 4 ans sur eux avec les ordinateurs ? Nous parlons de codage et de croisement pour que les jeunes comprennent que la technologie doit être utilisée pour faire face aux défis qu’ils rencontrent.
Quelle était la vision de Nelson Mandela, votre défunt grand-père, sur le développement numérique de l’Afrique ?
En allant en prison, il ne savait rien des technologies. A sa sortie, il a trouvé un nouveau monde. Il voulait que les jeunes soient à l’avant-garde et saisissent l’opportunité d’accéder à l’information et d’être capables de comprendre la technologie afin de concevoir des applications qui répondent le mieux à leurs propres besoins. Nous avons besoin de solutions africaines aux problèmes des Africains. Il est donc important que les jeunes africains comprennent la marche de la technologie.
Ils ont besoin de savoir comment le codage fonctionne. Et c’est l’une des tâches à laquelle notre fondation se dédie. Donc, il s’agit vraiment de donner l’occasion aux gens de résorber ce fossé qui existe par exemple entre la Sillicon valley, le Rwanda, l’Ouganda, le Kenya, l’Afrique du Sud. Parce que certains des défis auxquels nous sommes confrontés dans les grandes régions ne sont pas les mêmes que dans les localités. Il est important de commencer dès le bas âge à enseigner aux jeunes comment fonctionne l’ordinateur.
Comment cela a-t-il inspiré votre quotidien ?
Une chose que j’ai vue en faisant le tour du monde, est que les gens ont des connaissances très limitées en matière de technologie en Afrique. Et le peu de connaissances qu’ils ont leur viennent des médias et tous diffusent des informations négatives. J’ai donc décidé de créer une vitrine sur les choses positives qui existent également en Afrique.
Nous ne nions pas que le négatif existe mais l’Afrique renferme également des choses positives difficilement diffusées par les médias. A cet effet, nous avons pensé que le meilleur moyen d’accroître la fierté et la confiance en soi des Africains est d’investir dans l’éducation de base, la technologie et l’entreprenariat. Afin qu’ils soient à même de parler de l’Afrique avec autant de fierté et de confiance que le font les autres pour leurs contrées.
Dans le domaine du numérique, nous constatons une distance entre les pays d’Afrique anglophone et ceux de l’Afrique francophone. Comment la réduire et construire un pont entre les deux ?
Les gens devraient savoir que peu importe de quelle Afrique nous venons, nous avons tous besoin d’une même vision. Il est de notre intérêt de travailler ensemble pour atteindre nos objectifs. Lequel est de créer une Afrique indépendante et prospère. Mais aussi de faire en sorte que tout le monde ait accès à l’éducation, à la santé et à une économie qui nous fera sortir du cercle de la pauvreté.
Une fois que nous aurons reconnu que ce qui se passe au Mali, au Sénégal, en Afrique du Sud ou au Zimbabwe touche l’ensemble du continent, il ne sera plus question d’Afrique francophone ou d’Afrique anglophone. Mais simplement d’Afrique indépendamment des modes de colonisations subies, de la langue et de la culture. Si vous regardez bien, toutes nos cultures sont très similaires. Le respect des autres. Nous obtenons les connaissances des anciens ; il faut un village pour élever un enfant. Nous devons savoir que nous partageons un destin commun.
Un mot de fin pour nos lecteurs ?
En tant qu’Africains, nous devons savoir que pour parvenir à notre indépendance et à notre prospérité, il faut être unis et solidaires. Nous Africains présents sur le continent devront rester liés à ceux de la diaspora. Nous devons réaliser que l’Afrique est la dernière frontière. C’est d’ici que viendra la plus grosse croissance économique mondiale. Nous ne devrions pas permettre aux corporations multinationales d’être les seuls bénéficiaires du développement de l’Afrique. Donc, plus tôt nous nous réunirons, mieux ce sera pour l’avenir de nos enfants. J’aimerai profiter de votre média pour demander aux Africains de se lever, et je suis certains qu’ils commencent à ouvrir les yeux. Nous devons comprendre que nous sommes les seuls maîtres de notre destin actuellement. Nous n’aurons plus besoin de blâmer les colonisateurs car nous avons le pouvoir de décider comment intégrer le monde technologique et s’en servir pour notre développement.