(Cio Mag) – En France, la Fédération des industriels des réseaux d’initiative publique (FIRIP) est devenue, en cinq ans d’existence, l’acteur majeur dans le déploiement du haut débit. Avec ces quelques 200 industriels, la FIRIP se positionne comme l’acteur disposant de capacités techniques et opérationnelles sur les grands chantiers de la connectivité. Pour Etienne DUGAS, président de la FIRIP, la fédération se projette désormais sur les dix prochaines années ; et pas qu’en France !
Mais d’abord, Etienne DUGAS précise les chantiers de la FIRIP pour 2018. La fédération s’attèlera cette année aux projets de Smart territoires. L’Afrique occupera, de ce fait, une place importante dans l’agenda des industriels de la FIRIP. Car, comme le rappel Etienne DUGAS, les questions de Smart cities sont désormais en bonne place dans les préoccupations des pays du continent ; et elles ont été débattues lors des ATDA 2018 en novembre 2017 à Abidjan. Ceci étant, le président de la FIRIP précise que « le passage des territoires à une démarche Smart intégrée permettra aux Etats de mieux servir les citoyens, de faire des économies et d’être toujours plus résilientes ». Pour aider, que ce soit en France ou en Afrique, à réussir cette transformation des territoires, la FIRIP annonce pour le premier trimestre 2018, la publication d’un guide qui va « faciliter cette démarche pour les collectivités », précise Etienne DUGAS.
Dans les années à venir, la fédération gardera un œil attentif sur le continent africain. Ceci pour plusieurs raisons. Premièrement, parce que déjà, certains membres de la FIRIP « sont actifs sur le marché africain depuis de nombreuses années », note le président. Deuxièmement, parce que « la pose des infrastructures en est à son démarrage (ndlr : dans les pays africains) et les modalités adoptées sont très proches du modèle français des RIP (réseau d’initiative publique) défendu par la FIRIP », martèle Etienne DUGAS. C’est pourquoi, il peut déclarer sans se tromper que le continent regorge d’énormes potentialités. Et sur le marché africain, la FIRIP compte convaincre, forte de ses expérience en France, dans le déploiement par exemple de la fibre optique : le cœur de métier des industriels de la fédération. L’expertise de la FIRIP, c’est aussi du conseil. Elle prêche sur le continent, comme le dit si bien son président, « le modèle des réseaux neutres, ouverts et activés ».
Connectivité : les alternatives de l’Afrique, vues par la FIRIP
Si l’Afrique vit sa transformation numérique avec de grands projets structurants, la connectivité est quelques fois un frein à cet élan. Certaines zones, notamment à l’intérieur des pays, sont difficiles d’accès. Les projets de connectivité engloutissent alors des sommes fabuleuses et découragent les investisseurs, publics comme privés. Mais à la FIRIP, il existe des alternatives. « Certaines zones peu denses peuvent coûter extrêmement chères à rallier. Dans ce cas, le satellite ou les réseaux hertziens tels que le THD radio constituent des solutions particulièrement adaptées. Par ailleurs, les projets de fibre optique n’en sont qu’au tout début et mettront un certain temps à être déployés massivement. Les technologies satellitaires et hertziennes constituent donc d’excellentes solutions d’attente, avec de bons voire de très bons débits. Un plan de ce type vient d’ailleurs d’être renforcé en France, et par ailleurs un nouveau satellite couvrira l’Afrique du Nord et sub-saharienne », confie Etienne DUGAS. Mais il questionne et précise : « Qui mieux que les territoires eux-mêmes pourrait décider de leur avenir numérique ? Les territoires sont les seuls à pouvoir décider de miser sur la péréquation pour réaliser un aménagement numérique complet, qui ne laisserait pas de côté les zones les moins rentables. Cette notion est extrêmement importante.» Pour le continent, la FIRIP recommande fortement le partenariat public-privé dans les grands chantiers d’aménagement numérique des territoires. C’est le seul partenariat gagnant pour l’heure. Et en Afrique, Etienne DUGAS note que des pays comme « le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et un certain nombre d’autres pays ont déjà adopté le modèle de partenariat public/privé afin de déployer et commercialiser des réseaux neutres, ouverts et activés ».
La crédibilité de l’expérience
Ce qu’avance la FIRIP d’Etienne DUGAS n’est que le résultat de la somme d’expérience accumulée ces cinq dernières années sur les grands chantiers de la connectivité en France. Sa crédibilité, la FIRIP la doit aux 200 industriels, professionnels de son réseau ; à sa capacité de rassembler en France « l’ensemble des acteurs agissant directement ou indirectement dans le cadre du développement numérique des territoires », se félicite Etienne DUGAS. Car, selon lui, « depuis dix ans, cette filière a généré en France plus de 4 milliards d’euros d’investissement, financés à parts égales entre public et privé », et les plus gros chantiers du déploiement du très haut débit sont évalués à 25 milliards d’euros. « C’est tout simplement le plus gros chantier d’infrastructure pour les 10 prochaines années », conclut Etienne DUGAS, confiant en l’avenir de la FIRIP. Parce que, la fédération a de solides bases. Avec un développement en plusieurs phases, elle est de par sa taille la plus représentative. De quoi « concentrer la filière des entreprises du numérique au service des collectivités et d’autre part tisser des liens de long terme avec la puissance publique pour être écoutée. »
Tobias Carlos