(CIO Mag) – La proximité des postiers avec la population, surtout dans les endroits difficiles d’accès, en a fait des acteurs au cœur de l’économie nationale. En sillonnant les villages pour ramener du courrier, des mandats, des colis et paquets, « ils ont joué ce rôle de supers représentants de l’administration tunisienne ». Rôle que le secrétaire d’Etat tunisien à l’Economie Numérique, Habib Debbabi (photo), ne veut pas voir disparaître, bien au contraire. « Ce modèle-là doit se transformer, et l’économie numérique est là pour l’aider à se transformer et continuer à jouer ce rôle. »
Lundi 26 mars, le lancement de la deuxième édition du Forum postal africain qui se tient à Tunis a permis à M. Habib Debbabi de s’adresser aux participants de la Rencontre d’Affaires des institutions postales africaines organisée par Business France. Il a aussi expliqué l’importance des services postaux dans la Tunisie postrévolutionnaire, et « comment la poste et les postiers auront une chance au cœur » de ce pays qui a décidé d’asseoir son modèle économique sur l’économie numérique.
La Tunisie, qui a fêté il y a sept jours 62 ans d’indépendance, a vécu selon Habib Debbabi « sur un modèle classique issu de la deuxième guerre mondiale, avec ses entraves et ses points positifs ». Aujourd’hui, elle éprouve le besoin d’écrire un nouveau modèle économique nécessaire à la démocratie et la stabilité politique.
Libérer les initiatives
« Si on veut réussir cette refonte économique, il faut réussir deux choses : il faut réussir à mettre l’économie numérique au cœur de ce modèle (…) ; il faut réussir à libérer les énergies, libérer les initiatives à tous les niveaux : les initiatives personnelles, les initiatives d’entreprises, les initiatives du capital, les initiatives de la coopération, etc., pour pouvoir construire un modèle économique durable, un modèle économique qui peut supporter la démocratie », a argumenté le secrétaire d’Etat tunisien à l’Economie Numérique.
En place depuis août 2016, le Gouvernement d’Union Nationale a pris des initiatives structurées autour de deux grands axes. Le premier axe concerne la réalisation d’infrastructures capables de supporter le modèle économique en construction. Et le second, la mise en place d’un cadre juridique à la dimension des ambitions de la Tunisie postrévolutionnaire.
Selon Habib Debbabi, le Gouvernement a investi 200 millions de dinars dans la construction d’infrastructures solides et la transformation de l’administration tunisienne. « Cet investissement a été la première pierre à mettre en place ; et je peux énumérer quelques projets : 45 millions pour mettre en place le réseau de l’administration ; 25 millions pour mettre en place le réseau de la justice (…) Tous ces projets-là sont déjà lancés », a déclaré le secrétaire d’Etat. Il a ensuite évoqué le projet relatif à l’installation d’un opérateur spécialisé en infrastructures, avec l’obligation pour ce dernier d’investir 50 millions de dinars dans la construction d’infrastructures.
Projet e-Com Africa
« Mais on a beau avoir des infrastructures, il faut avoir des services », a poursuivi Habib Debbabi. Ajoutant : « Je pense que vous êtes tous intéressés à faire partie du projet e-Com Africa qui fait de la Tunisie une plateforme du commerce électronique qui va lier toutes les autres plateformes africaines, les plateformes vers l’Europe et les plateformes vers les Etats-Unis. » Aux dires du secrétaire d’Etat, cette plateforme de services se situera au-dessus des infrastructures « pour permettre de transformer les théories économiques digitales en une réalité qui touche les entreprises, les petites entreprises, afin de faciliter les exportations, le transfert de biens, des objets et colis entre pays ».
La Tunisie, la start-up nation africaine
Concernant le cadre juridique nécessaire à une transformation digitale réussie, il vise, selon Habib Debbabi, à libérer les énergies qui sommeillent encore dans le peuple. « Ça tombe bien puisqu’aujourd’hui même (lundi 26 mars, Ndlr), on va discuter au parlement du fameux Start-up Act qui est une autre façon de libérer cette énergie qui est à l’intérieur de nos enfants afin qu’ils puissent créer de la richesse dans ce pays et transformer la Tunisie en une plateforme de startups régionales », a-t-il révélé.
La Tunisie fait partie des points identifiés par l’Union postale universelle pour être les hubs du commerce électronique en Afrique. L’ambition du Gouvernement tunisien est donc de faire de ce pays une plateforme de commerce électronique, mais aussi de renforcer sa place en tant que pôle de compétences numériques.
Infrastructure, commerce électronique et cadre juridique. Voici les trois axes sur lesquels la Tunisie va s’appuyer pour transformer son modèle économique et se hisser « au même niveau que les économies qui sont aujourd’hui à la tête des économies du monde ».
Après l’édition 2017, c’est la deuxième fois que la Tunisie accueille le Forum postal africain. La rencontre de cette année se déroule sur deux jours, et permettra aux postiers de tisser les liens entre les compétences tunisiennes, européennes et africaines dans l’optique de faire de la théorie de coopération Nord-Sud et Sud-Sud, une réalité.
Anselme AKEKO avec l’équipe de CIO Mag à Tunis