La start-up mania ne devrait pas occulter la perspective d’un échec probable. L’échec permet aussi de rebondir ou de se recycler. Aider l’entrepreneur à se relancer devrait être valorisé pour faire émerger d’autres compétences et de nouvelles catégories de leaders.
Par Mohamadou DIALLO
(CIO Mag) – Alors que le salon parisien VivaTech vient de fermer ses portes en mettant en lumière une centaine de start-up africaines venues présenter leurs meilleures applications pour changer la vie des populations, d’autres forums démarrent comme l’EDD, european Development Day à Bruxelles. Loin d’être un effet de mode, l’engouement autour des start-up est devenu une vraie tendance qui bouleverse la vie de nos sociétés. Certes l’ensemble des dynamiques visant à leur promotion reste salutaire mais il gagnerait aussi à créer d’autres opportunités de rencontres de sorte à offrir une seconde chance aux dirigeants qui n’ont pas réussi lors des premières tentatives.
Ces types de rencontres seront toutes aussi bénéfiques que d’accompagner les start-up pour leur apprendre à pitcher devant un pool d’investisseurs pour lever des fonds. Contrairement au modèle anglo-saxon où l’échec n’est pas considéré comme une fatalité, la culture de l’entrepreneuriat commence, à peine, à émerger en Afrique. On recense quelque 400 incubateurs sur le continent. Ces derniers connaissent aujourd’hui, des fortunes diverses. Si certains d’entre eux connaissent des sorts enviables, d’autres finissent par disparaître, en peu de temps, en emportant avec eux, un capital expérience qui n’est répertorié dans aucune archive. Il en est de même pour les start-up.
Echouer, c’est avoir l’opportunité de recommencer
Il existe très peu de programmes d’appui aux jeunes pousses en Afrique francophone. Par conséquent, le taux d’échec est sensiblement plus élevé. En revanche, préparer ces jeunes entrepreneurs en herbe à rebondir après un échec pourrait les aider à valoriser et à recycler leur compétence dans d’autres activités annexes. C’est probablement dans ce vivier que l’on viendra puiser les talents de demain pour faire face à la pénurie de compétences liés aux besoins futurs du marché numérique, où 85% des emplois en 2030 n’existent même pas encore aujourd’hui. La force d’un écosystème d’innovation vient de sa capacité à en tirer le meilleur parti et aux entrepreneurs de savoir gérer les transitions associées.
Entre reprendre une nouvelle activité et recycler ses compétences, des séances de coaching encadrées pourraient aider à mieux orienter ces jeunes personnes à se refaire une nouvelle santé. Quelqu’un qui n’a pas cette fibre entrepreneuriale lui permettant de monter en puissance ou de maintenir son activité peut tout aussi avoir d’autres prédispositions pour accompagner d’autres start-up, créées par d’autres, en tant que CTO, CDO ou même business developer. C’est certainement l’agrégation de l’ensemble des talents venus d’environnements différents et de trajectoires variées (parfois autodidactes) qui permet de repousser les limites de l’innovation.
C’est en agissant sur ces mécanismes de valorisation du capital humain que l’on pourra créer des pratiques vertueuses pour générer des externalités positives avec le digital. L’échec ne doit pas être considéré comme une fatalité. Même les plus grands ont essuyé des échecs avant de réussir. Pour s’en convaincre, il suffit de revisiter la trajectoire de certains qui ont réussi à surmonter les échecs comme ce fut le cas par exemple de Jack Ma. C’est l’emblématique fondateur du géant chinois de l’eCommerce Alibaba. Sa capitalisation boursière dépasse aujourd’hui celle de Facebook et d’Amazon. Mais avant d’en arriver là, il raconte avoir été « cancre à l’école, mauvais en maths. Il fut refusé à l’école de police, recalé dix fois à l’entrée de Harvard, et même pas sélectionné par les premiers KFC en Chine pour servir du poulet frit ». A force de conviction et de travail, on peut y arriver. « Échouer, c’est avoir l’opportunité de recommencer de manière plus intelligente », prophétisait Henry Ford.