Cameroun – Minette Libom Li Likeng : « Les crypto-monnaies peuvent transformer notre continent en un marché numérique »

  • 11 juin 2018
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« Les crypto-monnaies peuvent résoudre nos problèmes de développement en Afrique et nous permettre à transformer notre continent en un marché numérique »

Revenue du 4e sommet Transform  Africa à Kigali au Rwanda, où près de 4000 délégués  venus d’Afrique et du monde ont pris part, sous la présidence de Paul Kagame, chef de l’État rwandais et par ailleurs président du conseil  d’administration de Smart Africa, le ministre des Postes et Télécommunications du Cameroun a accepté de répondre aux questions de Jocelyne Ndouyou-Mouliom. Selon Minette Libom Li Likeng, l’éducation et la communication restent des leviers incontournables pour parvenir à un développement harmonieux de l’économie numérique en Afrique.

Madame le ministre, vous venez de prendre part à la 4e édition du sommet Transform Africa. Que peut-on retenir concrètement de ces échanges ?

Après la signature le 20 mars 2018, de l’accord prévoyant la mise en place d’une zone de libre-échange continentale, le Sommet Transform Africa a été un cadre d’échanges d’expérience et de vision, dans l’optique de discuter des moyens pratiques de faire progresser l’engagement des États à transformer l’Afrique en un marché numérique continental unique, où la technologie est exploitée pour tirer pleinement profit de la la Zone de libre-échange continental, la libre circulation des personnes, des biens et des services ainsi que des autres efforts d’intégration. De manière concrète, le processus de transformation numérique de la société est irréversible. Tous les  acteurs ont leur rôle à jouer dans le développement de l’économie numérique.  L’éducation et la communication restent des leviers incontournables pour parvenir à un développement harmonieux de l’économie numérique en Afrique.

Quels bénéfices le Cameroun peut-il tirer d’une telle rencontre ?

En plus du Sommet Transform Africa, la rencontre de Kigali a permis au Cameroun de prendre part à la première édition du Forum économique Transform Africa, plateforme pour les hauts fonctionnaires des gouvernements africains d’engager, initier et conclure des accords avec les dirigeants d’entreprises. Les bénéfices sont donc nombreux. Le Cameroun a participé pour première fois, au Conseil d’Administration de l’initiative Smart Africa, présidée par Paul Kagame, président de la République du Rwanda. Rencontre qui a permis à notre pays de mieux comprendre les enjeux de l’initiative. Cette rencontre a également permis de sensibiliser les homologues présents de la sous-région Afrique centrale et autres hautes personnalités, de l’organisation  à Yaoundé par l’Union internationale des télécommunications (UIT), de la première édition de la conférence sous-régionale sur le développement de l’économie numérique pour les pays d’Afrique centrale.

Au cours de ce sommet vous avez pris la parole pour parler de la monnaie cryptographique. Quelle en est la situation au Cameroun ?

Le thème de notre intervention interrogeait sur la possibilité d’une crypto-monnaie unique pour l’Afrique et s’inscrire en droite ligne du projet de création d’une monnaie africaine unique, adopté par l’Organisation de l’unité africaine (OUA) dés sa création en 1963. Selon le bulletin de la Cemac paru en fin 2017, 98 millions de transactions de paiement mobile ont été effectuées pour une valeur estimée à 1631 milliards de FCFA dont 39% des transactions réalisées au Cameroun pour un taux de pénétration de la téléphonie mobile de 80%. En Afrique, les monnaies virtuelles ne cessent de se développer et de se sécuriser avec comme avantages, la capacité de la crypto-monnaie à limiter l’inflation et la rapidité de transferts. Les banques et les pays s’alignent sur cette nouvelle tendance : c’est le cas aujourd’hui de la Tunisie, de l’Afrique du sud, de l’Ouganda, l’Afrique de l’ouest (Bceao), Zimbabwe, Kenya, Tanzanie, Nigeria. Le Cameroun  n’en est pas en reste avec sa nouvelle crypto-monnaie nommée « Fricacoin » créé par l’entreprise Paykap. De manière générale, les crypto-monnaies à travers la technologie « Blockchain » peuvent résoudre les problèmes de développement dans notre pays, grâce à l’amélioration des  instruments existants et le développement de nouveaux outils efficaces, aussi bien en matière de finance que de gestion publique. Cependant, l’État doit s’entourer de toutes les garanties nécessaires pour accompagner les différentes transformations  avec sérénité et éviter tout débordement dans l’adoption et l’usage des crypto-monnaies.

Retranscription de J.-C. Noubissé
jcnoubissie17@gmail.com
Sources: JNM/CT

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