Eutelsat a des objectifs précis pour faciliter la connectivité en Afrique. Désormais, dans toutes les zones du continent africain, même les plus reculées, il sera possible d’être connecté à Internet avec son mobile, sa tablette, ou son ordinateur portable grâce au satellite. Une révolution qu’Eutelsat est en passe de gagner dans des pays qui souffrent encore de disparités dans l’accès à la connectivité. Nous avons rencontré Jean-Claude Tshipama, Congolais de la RDC, qui dirige Broadband in Africa. Au sein de l’opérateur de satellites Eutelsat, cette entité regroupe les activités Internet haut débit développées sur le continent africain, commercialisées sous la marque Konnect Africa.
Qu’est-ce qui motive votre envie de vous lancer dans le satellite et de rejoindre le groupe Eutelsat ?
Je crois fermement que l’Afrique a un potentiel énorme. Internet est la clé de voûte du développement de ce continent et les opportunités qui y sont liées sont conséquentes.
J’ai compris rapidement que la connectivité est ce qui manque à notre continent. J’ai travaillé au lancement de la téléphonie mobile il y a quelques années et je suis donc heureux de voir que ce marché est devenu florissant, et apporte désormais des réponses concrètes à un problème majeur.
Néanmoins le problème de la disparité d’accès à Internet est aujourd’hui très présent sur le continent africain. Tant que l’accès à Internet ne se généralise pas, l’Afrique fait face à une problématique d’ordre économique. Nous avons tous besoin d’une solution fiable et performante pour accéder à Internet. La fibre ne peut être la seule technologie déployée, car ses limites sont évidentes à l’échelle de notre continent. Cette infrastructure est insuffisante et coûteuse à développer. Notre mission consiste donc à apporter une solution concrète à ces problèmes : nous envisageons avec Konnect Africa de révolutionner l’Afrique autrement.
Qu’est-ce qu’il faudrait faire concrètement ?
En Afrique, si on parle de la fibre, tout est à construire, il faut creuser et cela coûte cher. Or les capitaux nécessaires à cet investissement ne sont pas infinis. D’autres solutions existent et permettent l’accès de tous à Internet.
Les opérateurs de téléphonie mobile l’ont d’ailleurs saisi. Ils ont fait des efforts pour déployer la 3G et la 4G là où c’est possible. Mais leur modèle économique connaît certaines limites. On ne peut pas installer, sans contraintes, n’importe où sur un territoire, une BTS (Base Transceiver Station), parce qu’elle nécessite de pouvoir desservir 10 à 20 voire 50 mille clients potentiels, ce qui est possible pour une ville donnée, mais ne peut pas s’appliquer au cas d’une zone reculée. L’investissement n’est alors pas rentable. C’est exactement dans ce type de situation que Konnect Africa est amené à jouer un rôle avec sa solution satellitaire.
“En 2020, nous entrerons dans une nouvelle phase de développement avec le lancement de notre propre satellite Konnect”
Et quelle est cette solution satellite ?
Le principe de la connectivité par satellite est d’apporter depuis une orbite située à 36 000 km au-dessus du sol une couverture en bande Ka composée de plusieurs faisceaux, qui permet de déployer des services d’accès à Internet équivalents en tout point de cette zone, qu’il s’agisse de villes, de villages, ou de régions très isolées. Nous couvrons déjà neuf pays, dans lesquels nous avons noué des partenariats avec des distributeurs de services. Vont s’ajouter dans les mois à venir neuf autres pays, dont le Rwanda, la RDC, le Burundi, la Côte d’Ivoire, le Sénégal… En 2020, nous entrerons dans une nouvelle phase de développement avec le lancement de notre propre satellite Konnect, et serons en mesure de couvrir pratiquement toute l’Afrique, à raison de 85 voire 95 % de la totalité du continent.
A qui s’adresse cette offre de connexion ?
Nous nous adressons aux entreprises qui sont principalement situées en-dehors des villes, étant donné que dans les grandes villes comme Abidjan par exemple, Internet est déjà disponible car de grands opérateurs s’y sont installés. Mais dès que vous sortez des grandes villes, si vous allez à Yamoussoukro ou à Daloa, vous commencez à rencontrer des difficultés pour accéder à Internet. Or il y a de nombreuses entreprises qui sont actives dans les zones semi-urbaines ou rurales, dans plusieurs secteurs d’activités, comme dans l’agriculture par exemple : thé, plantations de cacao, etc. Si vous vous dirigez vers d’autres régions d’Afrique, les entreprises minières font face à des difficultés similaires. En général, les petits exploitants miniers, qui se trouvent dans toutes les régions du centre du Congo par exemple, n’ont pas accès à Internet. Ils constituent typiquement notre cœur de cible. L’offre que nous leur apportons est complémentaire à celle de la fibre optique et des opérateurs de téléphonie mobile.
Parmi nos clients potentiels, on compte aussi les hôtels, les agences bancaires, certains petits restaurants qui s’installent dans les milieux ruraux… Dans tous ces endroits-là, nous faisons tout pour être présents et répondre aux besoins de ces différents profils d’entreprises.
Nous cherchons également à apporter une solution aux particuliers qui souhaitent disposer d’une connexion Internet chez eux et pouvoir la partager entre les membres de leur famille.
Enfin, pour les zones les plus isolées, nous avons conçu une solution adaptée et légère, « SmartWifi » qui est une solution d’accès partagé via un point de réception unique. Les résidents situés jusqu’à quatre pâtés de maisons de ce point peuvent accéder simultanément à Internet.
Comment vous situez-vous en termes d’offre ?
Un client peut adapter ses dépenses selon ses besoins. En fonction des données qu’il souhaite consommer, il peut payer seulement quelques dizaines de centimes. Nous pouvons atteindre des villages où il n’y a que 10 personnes, parce que la couverture d’un satellite est vaste et assure un service de même qualité dans toutes les zones que celui-ci couvre.
En termes de prix, la solution que nous proposons est abordable. Jusqu’à récemment, l’accès à Internet se faisait souvent via de la bande Ku qui nécessitait pour la recevoir de grosses antennes de 2,20 à 2,40 mètres. Le satellite a longtemps eu l’image d’une technologie chère, notamment en raison de ce type d’installation. Aujourd’hui, la donne a changé, les antennes sont plus petites, les kits de réception plus faciles à mettre en place, et moins coûteux. Chez Eutelsat, par le biais des services déployés par Konnect Africa, nous amenons la révolution technologique à tous, en faisant en sorte qu’Internet soit moins cher et accessible pour tous.
En termes de chiffres d’affaires, quels sont vos objectifs précis ?
Nous avons une mission et nous y croyons. Notre ambition est de desservir les populations, d’amener une solution là où les gens en ont besoin. Nous allons nous appuyer sur les partenaires locaux de distribution pour rendre nos offres internet le plus disponible possible. Nous allons également nous appuyer sur l’histoire et l’expertise d’Eutelsat, sur le fait que nous avons déjà su apporter Internet dans d’autres régions du monde, ainsi que sur notre flotte de satellites actuelle et le futur satellite qui couvrira l’Afrique. Nous avons tous ces atouts à mettre au service de l’écosystème africain.