(CIO Mag) – Elles étaient nombreuses, jeudi, les organisations des entrepreneurs du Net, des professionnels des médias et des droits de l’homme à faire face à la presse pour alerter sur la dérive que pourrait constituer un blocage des OTT, acronyme de Over-the-top désignant les services Voix, SMS et VoD fournis par Viber, Whatsapp, Skype ou autre. Article 19, l’Association des professionnels de la presse en ligne, l’Association des usagers des Technologies de l’Information et de la Communication, World Wibe Web, Access Now, Africtivistes, Social Netlink, la RADHO, entre autres, ont dit toute leur inquiétude suite à l’adoption en conseil des ministres début juin 2018 du projet de loi portant nouveau code des communications électroniques et qui doit bientôt passer à l’Assemblée nationale.
Pour ces hommes et femmes attachés à la neutralité du Net, ce serait la catastrophe pour les usagers de l’Internet si jamais l’article 27 du texte passait. Lequel article donne, à en croire les organisateurs de la rencontre, une large marge d’appréciation à l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) ainsi qu’aux opérateurs pour restreindre ou non l’accès à des applications comme WhatsApp, Skype, Viber, Youtube…très prisés des Sénégalais et notamment des jeunes et des entrepreneurs digitaux. De l’avis du formateur au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de Dakar, Mountaga Cissé, l’article mis en cause est si subtile qu’il donne la possibilité aux opérateurs de téléphonie de bloquer ou ralentir les OTT en invoquant comme argument la nécessité de gestion du réseau.
“En 2014, vous ne pouviez pas passer un appel audio via WhatsApp. Vous ne pouviez envoyer que du SMS. Si, par exemple, au Sénégal, d’ici quelques mois, on vous dit que vous ne pouvez plus envoyer de l’audio, mais seulement du texte. Qui sait écrire ? Le taux d’analphabétisme est là. On le connait”, explique Monsieur Cissé selon qui il suffirait à l’opérateur de soutenir que “son chiffre d’affaire est en train de tomber” et on s’en arrête là. De son côté, Ibrahima Lissa Faye, président de l’Appel, a attiré l’attention du public sur les nouveaux métiers liés au numérique tel que celui des Youtubeurs et qui pourrait disparaitre du fait de la rupture de la neutralité du Net. “Tous ces gens-là aujourd’hui risquent de se retrouver en chômage”, alerte le patron du site PressAfrik.
Par ailleurs, tout un plan d’actions a été mis au point pour sensibiliser les populations et même la communauté internationale, ont fait savoir les différents acteurs. Il s’agira dans un premier temps d’aller à la rencontre des parlementaires à qui des correspondances seront envoyées pour les amener à amender l’article 27 du nouveau code des communications électroniques qui devrait faire l’objet d’un examen à l’Assemblée nationale après son appréciation par le conseil des ministres le 06 juin dernier, explique Ndiaga Gueye, président de l’Association des usagers des TIC qui souligne que le Sénégal devrait suivre l’exemple de pays qui ont inscrit dans leur constitution la neutralité du Net pour mieux la verrouiller.
Elimane, Dakar