(CIO Mag) – OVillage est un espace de transformation sociale et d’innovation basée en Côte d’Ivoire. Cyriac Gbogou, un des fondateurs, était au séminaire du projet d’appui aux gouvernements ouverts francophones (PAGOF) à Tunis en novembre 2018. Dans un entretien accordé à notre rédaction, il revient sur la nécessité d’associer des valeurs humaines à l’innovation pour renforcer les capacités et mobiliser les écosystèmes en Afrique.
Promouvoir l’innovation grâce aux technologies open source (logiciels libres), c’est le défi que se sont lancés les fondateurs de OVillage en Côte d’Ivoire. L’histoire de cet incubateur n’est plus à raconter. Comme les milliers d’incubateurs qui fleurissent sur le continent à cette ère du numérique, OVillage a plutôt une philosophie qui constitue son ADN. Venu partager son expérience lors du séminaire du projet d’appui aux gouvernements ouverts francophones (PAGOF), Cyriac Gbogou a décrit OVillage comme un espace ouvert où « tout le monde peut venir, sans distinction d’âge, de race, de culture, encore moins sans tenir compte de compétence technique quelconque ». La seule condition, c’est d’être animé par un esprit de partage. Car à OVillage, on croit en la potentialité de chacun. Personne n’est sous-estimé dans cette maison de transformation sociale, soutient Cyriac Gbogou.
A OVillage, toutes les difficultés sont transformées en opportunités. « C’est ensemble que nous construisons les idées pour en faire des projets », souligne l’homme qui aime désormais parcourir le monde pour partager l’histoire de ce “village d’innovation” dont le succès n’était pas prédéfini. Dans le cadre de la gouvernance participative, avec le processus d’adhésion de la Côte d’Ivoire au partenariat pour le gouvernement ouvert, OVillage accompagne le comité technique mis en place pour sensibiliser et informer sur l’accessibilité de l’information.
L’innovation n’est pas que technologique
A OVillage, on y croit dur comme fer. L’innovation ne passe pas que par la technologie. Pour Cyriac Gbogou, « l’innovation est d’abord humaine, dans ce sens où c’est l’humain qui porte soit une initiative, soit une action. C’est pourquoi il est important que nous mettions l’humain au centre de tout ». Il n’y a pas d’idée sans l’humain, or toute innovation découle d’une idée qui murit. Pour traduire au mieux cette philosophie, les makers de OVillage sont allés puiser dans la culture bantou avec le mot “Ubuntu”. Un terme qui signifierait « je suis ce que je suis, grâce à ce que nous sommes ». Une manière de traduire la place qu’occupe les autres dans chaque initiative.
« C’est important de penser communauté. C’est la force de OVillage », martèle Cyriac Gbogou. C’est en fait pour OVillage, cette première transformation des mentalités qui constitue la première innovation. Amener les communautés à penser collaboratif, partage et co-construction ! Aucun projet technologique ne peut aboutir où bénéficier à des communautés s’il n’est pas coconstruit avec elles, insiste ce co-fondateur de l’incubateur OVillage.
« On doit penser à la relève. Penser à pérenniser nos initiatives par la transmission du savoir-faire », c’est le secret pour assurer la relève des innovations, indique Cyriac Gbogou. « Félicitations à tous ceux qui sont dans des espaces d’innovation en Afrique », lance-t-il ; tout en les invitant à ne point perdre de vue la nécessité de préparer la relève. « Vous construisez des vies des citoyens de demain », insiste-t-il, en s’adressant aux incubateurs du continent qui, reconnait-il, ont souvent d’énormes défis à relever en termes de ressources techniques et financières. Mais Cyriac Gbogou les invite à croire en leur folie, car souvent, « c’est cette folie qui nous fait vivre », conclut-il.
Souleyman Tobias